Criminalité La Suisse, une base arrière de choix pour la mafia

ro, ats

11.1.2021 - 12:29

La Suisse est un point de repli et de liaison idéal pour les mafias italiennes, selon l'Office fédéral de la police (fedpol). Elle constitue «une plateforme logistique idéale pour les mafieux».

D'après fedpol, les mafieux basés en Suisse réinvestissent notamment les recettes de leurs crimes – commis principalement en Italie – dans l'immobilier, la restauration ou» d'autres petites affaires».
D'après fedpol, les mafieux basés en Suisse réinvestissent notamment les recettes de leurs crimes – commis principalement en Italie – dans l'immobilier, la restauration ou» d'autres petites affaires».
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Dans son rapport annuel, publié en avril dernier, fedpol disait avoir connaissance d'une centaine de membres des mafias italiennes basés en Suisse, majoritairement de la 'Ndrangheta, mais aussi de Cosa Nostra et de la Camorra. Mais ils pourraient être plus nombreux.

Des experts italiens estiment qu'il y a une vingtaine de cellules mafieuses comptant 400 membres en Suisse. Un chiffre confirmé en juillet par fedpol, mais qui pourrait même être en deçà de la réalité.

Dans tout le pays

L'office craint qu'ils ne soient présents un peu partout dans le pays, pas seulement dans les régions limitrophes de l'Italie, comme le Tessin, le Valais ou les Grisons, mais dans toute la Suisse.

Une cellule de la 'Ndrangheta avait par exemple été détectée à Frauenfeld (TG) et neuf membres arrêtés en 2016. En 2018, un Italien, résidant à Longeau (BE), avait été condamné par le Tribunal pénal fédéral à trois ans et huit mois de réclusion. Il a été reconnu coupable de participation et de soutien à une organisation criminelle, en l'occurrence la 'Ndrangheta. Le Tribunal fédéral a toutefois partiellement admis le recours du sexagénaire.

Blanchiment d'argent

Selon fedpol, les mafieux basés en Suisse sévissent dans le trafic de drogue et d'armes, utilisent aussi la place financière suisse pour blanchir de l'argent et réinvestissent les recettes de leurs crimes – commis principalement en Italie – dans l'immobilier, la restauration ou» d'autres petites affaires».

La journaliste indépendante Madeleine Rossi, qui a consacré un rapport d'une centaine de pages au phénomène, évoque deux raisons principales à la présence des mafieux en Suisse: blanchir de l'argent, mais aussi se faire oublier.

Certaines personnes en cavale arrivent même à obtenir un permis B, comme ce fut le cas des deux mafieux arrêtés en Haut-Valais en 2016. «Ces personnes restent très discrètes, elles vivent comme tout le monde», expliquait ainsi Madeleine Rossi dans une interview au Temps en 2019. Elles ne sont pas chez elles et savent qu'elles risquent plus gros qu'en Italie. Par ailleurs, si elles attirent l'attention, elles sont punies par la maison mère, explique la journaliste.

Mesures administratives

Toujours selon fedpol, quinze interdictions d'entrées sur le territoire suisse ont actuellement été prononcées à l'encontre d'individus, dont la majorité sont déjà condamnés en Italie pour association de type mafieux. Cette mesure peut également être ordonnée sans qu'il n'y ait eu de précédente condamnation.

La Confédération peut également expulser des membres présumés de la mafia qui représentent une menace pour la sécurité intérieure. En 2019, fedpol a ainsi ordonné pour la première des expulsions contre des suspects mafieux.

Selon l'office, de telles mesures administratives ne peuvent pas à elles seules éradiquer les mafias en Suisse, mais elles peuvent leur rendre la vie moins confortable et limiter leur expansion.

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