Coronavirus La Suisse entière en état d'urgence

ATS / pab

16.3.2020 - 18:55

Toute la Suisse est en état d'urgence à cause du coronavirus. Seuls les commerces de première nécessité pourront rester ouverts. Le Conseil fédéral a décrété lundi l'état de situation extraordinaire, prenant ainsi seul les commandes de la crise.

Les règles seront désormais identiques dans tous les cantons. Toutes les manifestations publiques ou privées sont interdites dès lundi à minuit. Tous les magasins, restaurants, bars et établissements de divertissements et de loisirs sont fermés jusqu’au 19 avril, à l’exception notamment des magasins d’alimentation et des établissements de santé.

Doivent également fermer leurs portes les établissements dont les prestations impliquent un contact rapproché avec les clients, comme les salons de coiffure et autres centres esthétiques.

Les magasins d’alimentation, les cantines d’entreprises, les services de petite restauration à l’emporter et de livraison de repas ainsi que les pharmacies restent ouverts, de même que les stations-service, les gares, les banques, les offices de poste, les hôtels, les administrations publiques et les services du domaine social.

Jusqu'à 8000 militaires

Le Conseil fédéral estime que les autorités civiles vont avoir nettement plus besoin de l’armée ces prochains jours et semaines. Il prévoit de mettre jusqu’à 8000 militaires au service du système de santé, de la logistique et de la sécurité jusqu'à fin juin.

S’agissant du soutien aux services de santé, les 3000 militaires disponibles vont immédiatement être mis à disposition. L’ampleur du recours à l’armée dépendra de l’évolution de la situation et des demandes des autorités compétentes. Les troupes en service régulier seront les premières à être mobilisées.

«Une mobilisation de l'armée inédite»

Le nombre de patients à soigner va augmenter et les autres secteurs au service de la population seront surchargés, a expliqué la ministre de la défense Voila Ahmerd. «Une mobilisation de l'armée de cette ampleur est inédite depuis la Deuxième guerre mondiale.»

L’armée doit en premier lieu soutenir le système de santé par des soins, la surveillance des patients, le transport sanitaire et la logistique hospitalière, a relevé Mme Amherd.

Il est également prévu que l’armée se charge, si nécessaire, de différentes tâches logistiques supplémentaires, notamment en transportant et en montant des infrastructures improvisées.

Les 3000 militaires disponibles vont immédiatement être mis à disposition, notamment au Tessin. L’ampleur du recours à l’armée dépendra de l’évolution de la situation et des demandes.

Police déchargée

L'armée pourra aussi décharger les corps de police cantonaux dans le domaine de la sécurité, apporter un soutien renforcé au niveau de la protection des ambassades, mais aussi aux frontières et dans les aéroports.

Comme à la frontière italienne, les contrôles seront rétablis aux frontières avec l'Allemagne, la France et l'Autriche. La mesure «vise à protéger notre système de santé et assurer qu'il soit à la disposition de la population suisse», a expliqué la ministre de la justice Karin Keller-Sutter.

L'entrée sur sol helvétique ne sera autorisée que pour les Suisses, les personnes disposant d'un permis de séjour et celles voyageant pour le travail. Le transit et le transport de marchandises restent autorisés.

Frontières

Les frontières ne seront pas totalement fermées. Notamment les ressortissants suisses, les frontaliers et tous ceux qui disposent d'un permis de travail valable pourront continuer à entrer en Suisse. Le transit pur restera aussi possible.

Dans cette optique, les douanes secondaires sont fermées à toutes les frontières, de manière à canaliser le trafic sur les douanes principales. La mesure vise à protéger la population suisse et à préserver les capacités du système suisse de santé.

Les personnes vulnérables doivent travailler à la maison

Les personnes particulièrement à risque doivent travailler à domicile, a indiqué lundi le ministre de la santé Alain Berset. Si c'est impossible, elles doivent être mises en congé.

Le versement de leur salaire sera maintenu, a précisé M. Berset. L'employeur pourra alors demander un certificat médical.

Le ministre de la santé a par ailleurs précisé la liste des établissements devant rester ouverts, à l'instar des crèches. Celles-ci ne pourront fermer que si une alternative est possible. A l'inverse, les parcs, zoos et les marchés seront interdits.

L'approvisionnement en médicaments est assurée

L'approvisionnement en médicaments et autres produits est assurée, a ajouté M. Berset. Il n'est pas nécessaire de faire des réserves. Les mesures prévues sont efficaces et il est important de garder la tête froide. La population n'en doit pas moins absolument respecter les mesures d'hygiène de l'Office fédéral de la santé publique. "Garder ses distances peut sauver des vies".

Toute la Suisse est en état d'urgence à cause du coronavirus à partir de lundi à minuit. Seuls les commerces de première nécessité et les établissements de santé pourront rester ouverts. Le Conseil fédéral a décrété l'état de situation extraordinaire, prenant ainsi seul les commandes de la crise.

Cantons précurseurs

Une série de cantons avaient déjà durci leurs mesures de protection. Le Tessin a bouclé samedi tous les restaurants, bars et magasins, à l'exception des épiceries et pharmacies. Il a été suivi dimanche par le Jura, Neuchâtel, Bâle-Campagne et les Grisons et lundi par le Valais, Genève et Vaud.

Comme dans les pays voisins, le dispositif des autorités suisses va crescendo. Jusqu'à lundi, la Confédération a agi dans le cadre d'une "situation particulière" selon la loi sur les épidémies qui lui permet d'ordonner des mesures en concertation avec les cantons.

Vendredi, le gouvernement a annoncé la fermeture de toutes les écoles, l'interdiction des rassemblements de plus de 100 personnes (et même 50 dans les restaurants et discothèques) et la fermeture partielle de la frontière tessinoise avec l'Italie. Une semaine avant, il avait interdit les manifestations de plus de 1000 personnes.

La Suisse est particulièrement frappée par l'épidémie. Plus de 2200 personnes ont été contaminées dans le pays et une vingtaine de personnes sont décédées. Par million d'habitants, la Suisse est le deuxième pays le plus touché du monde après l'Italie.

Extension des tests aux personnes à symptômes plus faibles

Nouveau changement de stratégie dans les tests pour déterminer une infection au coronavirus. Ceux-ci vont être progressivement étendus aux personnes présentant des symptômes plus faibles, a indiqué Daniel Koch, responsable de division à l'OFSP.

Au début de l'épidémie, des tests étaient réalisés sur les personnes revenant de zones affectées et présentant des symptômes, parfois peu forts.

Quand il a été clair que le virus se propageait sur sol helvétique, seules les personnes avec des symptômes graves et nécessitant une hospitalisation ont été testées, indique Daniel Koch, responsable de la division des maladies transmissibles de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP).

2000 tests réalisés par jour

Maintenant que la Suisse dispose de tests en quantité, les personnes présentant peu de symptômes peuvent de nouveau être testées. Quelque 2000 tests sont actuellement réalisés par jour, a précisé M. Koch. Le ministre de la santé Alain Berset a quant à lui souligné que la Suisse testait plutôt plus que les autres pays.

Interrogé sur le port du masque, Daniel Koch a par ailleurs rappelé qu'il n'a que peu d'effets. Ils ne doivent pas être utilisés dans l'espace public, a-t-il répété. Seuls les malades et les professionnels de la santé doivent en porter.

Le trafic public sera réduit

Tout rassemblement public ou privé est interdit. Les 26 cantons vont devoir s'aligner, a confirmé Alain Berset. Le trafic public sera réduit, a ajouté la présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga. Les trains seront arrêtés aux frontières. Mais ni les crèches, ni les places de jeu ne seront fermées.

Quant aux indépendants, aux PME, aux milieux de la culture et aux travailleurs touchés par les mesures, le Conseil fédéral a débloqué 10 milliards de francs, a rappelé Mme Sommaruga."Nous sommes conscients qu'il faut une aide rapide et concrète". Il existe des instruments, certains sont déjà connus et seront mis en place, a-t-elle rassuré.

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