Iran La Suisse et plus de 50 pays parlent de «détérioration»

sn, ats

18.3.2024 - 12:21

Un groupe de 54 pays, dont la Suisse, dénonce la «détérioration» de la situation des droits humains en Iran. Lundi à Genève, ils ont demandé aux autorités de «mettre un terme à l'impunité» et de renoncer à une loi qui durcirait les peines liées au voile islamique.

La Suisse de l'ambassadeur à l'ONU à Genève Jürg Lauber et plus de 50 pays demandent à l'Iran de renoncer à appliquer un durcissement des peines pour les femmes qui refuseraient de porter ou porteraient mal le voile islamique (archives).
La Suisse de l'ambassadeur à l'ONU à Genève Jürg Lauber et plus de 50 pays demandent à l'Iran de renoncer à appliquer un durcissement des peines pour les femmes qui refuseraient de porter ou porteraient mal le voile islamique (archives).
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Keystone-SDA, sn, ats

Dans une déclaration conjointe au Conseil des droits de l'homme, dix jours après un rapport accablant contre Téhéran, ces Etats se disent toujours «préoccupés par la situation des droits des femmes». Le projet de loi prévoit un emprisonnement jusqu'à dix ans, de même qu'à des coups de fouet, des restrictions de déplacement, des amendes ou encore des interdictions d'Internet.

De même, ces dizaines d'Etat, dont la plupart des pays européens et les Etats-Unis, demandent de mettre un terme aux discriminations contre les femmes et de ne plus persécuter les dissidents ou les défenseurs des droits humains. En dehors de cette déclaration, la Suisse a aussi relayé sa préoccupation à titre personnel devant le Conseil.

Elle est «particulièrement inquiète du peu de considération des autorités iraniennes» par rapport aux discriminations contre les femmes, a affirmé l'ambassadeur suisse à l'ONU à Genève Jürg Lauber. Il est grand temps que l'Iran prenne des mesures concrètes", a-t-il ajouté.

Plusieurs centaines de manifestants tués

Dans son rapport publié il y a dix jours, la commission d'enquête internationale indépendante sur l'Iran avait conclu que les autorités iraniennes avaient perpétré des actes équivalant à des crimes contre l'humanité dans la répression des manifestations en 2022. Ses trois enquêtrices, qui ne s'expriment pas au nom de l'ONU, ont ciblé des meurtres, des emprisonnements, des actes de torture, des viols et d'autres formes de violences sexuelles, des persécutions, des disparitions forcées et d'autres actes inhumains.

Elles dénonçaient une «persécution de genre» et des violences largement répandues contre les femmes. Et la commission avait également conclu que le décès de la jeune Mahsa Amini, détenue dans un commissariat pour avoir mal porté le voile islamique, est «illégal» et lié à la violence physique perpétrée par des représentants étatiques. Cet incident avait provoqué une vague importante de manifestations contre le régime.

Selon des sources considérées comme crédibles par la commission, près de 560 personnes ont été tuées par le recours disproportionné à la force par les autorités pour réprimer ces protestations. Au moins neuf ont été exécutées après avoir été condamnées à la peine capitale pour leur participation à ces rassemblements.

Rapport à nouveau rejeté par l'Iran

L'Iran a à nouveau rejeté le rapport devant le Conseil. Celui-ci répond à la volonté des Etats occidentaux, accusés de soutenir des «terroristes», et relaie des erreurs, a affirmé un représentant gouvernemental.

Plus largement, l'année dernière, plus de 830 personnes ont été confrontées à la même sentence. Un chiffre «affligeant», selon M. Lauber qui réitère la demande suisse de mettre un terme à l'application de ces peines.

De leur côté, les opposants du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI) ont affirmé lundi à Keystone-ATS que les «crimes contre l'humanité ont été systématiquement institutionnalisés depuis des décennies» contre les Iraniens. Malgré les efforts des autorités, la communauté internationale surveille désormais ces atrocités, selon eux. Et d'appeler à ce que le Conseil de sécurité de l'ONU se saisisse de cette affaire.