Partage de savoir-faire La Suisse accusée de blocage à l'OMS sur les médicaments

sn, ats

23.4.2021 - 12:16

La Suisse est accusée par Public Eye de bloquer une référence à un outil de partage de savoir-faire et de propriété intellectuelle sur les médicaments face au coronavirus dans un projet de résolution à l'OMS. Berne s'oppose déjà aux exceptions sur les brevets à l'OMC.

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L'ambassadeur suisse auprès de l'OMC Didier Chambovey a affirmé à plusieurs reprises qu'il ne fallait pas dissuader les entreprises pharmaceutiques d'investir dans la recherche de nouveaux médicaments. (archives)
L'ambassadeur suisse auprès de l'OMC Didier Chambovey a affirmé à plusieurs reprises qu'il ne fallait pas dissuader les entreprises pharmaceutiques d'investir dans la recherche de nouveaux médicaments. (archives)
KEYSTONE

Les membres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) négocient actuellement un projet de résolution lancé fin 2020 par dix pays africains pour favoriser l'accès au savoir-faire pharmaceutique et aux droits de production décentralisée de médicaments face à la pandémie.

Ceux-ci mentionnaient notamment une initiative lancée en mai 2020 par le Costa Rica pour un partage volontaire de brevets, soutenue par 40 pays dont aucun où les entreprises pharmaceutiques sont importantes.

Or, selon des documents de travail révélés vendredi en ligne par Public Eye sur le projet de résolution, Berne, d'abord accompagnée par d'autres acteurs comme les Etats-Unis, est désormais la seule à être réservée face à un consensus sur cette référence.

«Cet entêtement prouve à quel point la Suisse officielle défend les intérêts des géants pharmaceutiques» pour garder le contrôle sur la production de médicaments, affirme l'ONG sur cette résolution qui devra être approuvée lors de l'Assemblée mondiale de la santé en mai à Genève.

L'ONG voit une contradiction dans la position suisse. Berne s'est dit favorable à des mécanismes de partage volontaire, une approche précisément prévue par l'initiative du Costa Rica.

Division toujours à l'OMC

En 2019, des dizaines d'ONG, dont Médecins Sans Frontières (MSF), avaient déjà ciblé l'attitude suisse sur les médicaments à l'Assemblée mondiale de la santé. Berne avait réussi à diminuer l'effet d'un projet de résolution sur la transparence du marché pharmaceutique.

Face au coronavirus, la Suisse fait partie des acteurs qui s'opposent toujours à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à des exceptions aux brevets sur les médicaments et technologies, réclamée par de nombreux pays et des ONG comme MSF. Une nouvelle réunion cette semaine n'a pas permis de réduire les obstacles à un consensus, selon une source proche des discussions commerciales à Genève.

La directrice générale de l'organisation Ngozi Okonjo-Iweala cherche elle à obtenir une voie intermédiaire. L'ambassadeur suisse auprès de l'OMC Didier Chambovey a affirmé à plusieurs reprises qu'il ne fallait pas dissuader les entreprises pharmaceutiques d'investir dans la recherche de nouveaux médicaments. La Suisse préfère, comme d'autres Etats, des licences volontaires attribuées par les groupes pharmaceutiques eux-mêmes.