Stratégie La Suisse renforce la cohérence de sa politique face à la Chine

ro, ats

19.3.2021 - 15:23

ro, ats

La Suisse doit adopter une politique cohérente vis-à-vis de la Chine, alors que les deux pays ont de profondes divergences de valeurs. Le Conseil fédéral a présenté vendredi sa stratégie sur la Chine pour la période 2021-2024.

Ignazio Cassis avait reçu son homologue chinois Wang Yi en octobre 2019 à Berne (archives).
Ignazio Cassis avait reçu son homologue chinois Wang Yi en octobre 2019 à Berne (archives).
ATS

Cette stratégie repose sur trois principes. Sur le plan bilatéral, la Suisse entend poursuivre une politique indépendante. Elle considère la Chine comme un pays prioritaire et veut défendre ses intérêts et ses valeurs, a souligné le ministre des affaires étrangères Ignazio Cassis devant la presse à Berne.

Sur le plan multilatéral, Berne souhaite poursuivre l'intégration de la Chine dans l'ordre international libéral. «Des défis globaux demandent des solutions globales. Il ne doit pas y avoir de place pour des organisations régionales et des systèmes de valeurs concurrents», a insisté le Tessinois.

La stratégie vise enfin à poser les bases d'une approche «équilibrée, cohérente et coordonnée» envers la Chine. A cet égard, le Conseil fédéral encourage les échanges avec le Parlement, les cantons, les milieux scientifiques, le secteur privé et la société civile.

Cette stratégie n'a rien de révolutionnaire, mais inscrit noir sur blanc les principes clés pour la Confédération, a encore relevé Ignazio Cassis.

Droits humains

Interrogé par les journalistes, il a souligné que la Suisse va continuer d'évoquer systématiquement la question des droits humains dans tous ses échanges avec la Chine. «Le respect des droits fondamentaux doit faire partie intégrante de nos relations», a-t-il plaidé.

Grâce à cette stratégie, cette question ne sera plus uniquement une prérogative du Département des affaires étrangères, mais doit devenir «un thème transversal», une «boussole» permettant à tous les partenaires suisses de parler d'une même voix.

Dans son rapport, le Conseil fédéral est critique sur la situation des droits de l'homme en Chine. Les tendances autoritaires se sont accrues ces dernières années, tout comme la répression des dissidents et la persécution des minorités, écrit-il. Pékin souhaite introduire dans le débat international ses propres idées ainsi que de nouvelles notions de manière à pouvoir réinterpréter les droits de l’homme selon sa conception.

Le chef de la diplomatie helvétique entend poursuivre le dialogue sur les droits de l'homme entamé il y a plus de 30 ans. Ce dialogue est certes devenu plus difficile ces dernières années, «mais mieux vaut un dialogue difficile que pas de dialogue du tout», a-t-il souligné.

Moderniser l'accord de libre-échange

La stratégie demande également un engagement de la Chine à la maîtrise des armements et pour un espace numérique respectueux du droit international. En matière de durabilité, le Conseil fédéral veut apporter son soutien à la Chine par l'expertise des technologies innovantes contre le changement climatique.

Sur le plan économique, le Conseil fédéral veut moderniser l'accord de libre-échange signé en 2013 avec son troisième partenaire commercial. Il souhaite notamment améliorer l’accès au marché dans le domaine du trafic de marchandises et pour les prestataires de services suisses (établissements financiers y compris), ainsi qu'optimiser les procédures douanières

Une analyse approfondie de l'importance pour la Suisse de l'accord sur les investissements conclus entre la Chine et l'UE devrait être menée.

Le contrôle des investissements chinois en Suisse ne fait pas partie de la stratégie. Le Secrétariat d'Etat à l'économie (seco) devrait toutefois présenter durant le deuxième semestre au Conseil fédéral des mesures visant à mettre en oeuvre une motion adoptée par les Chambres il y a une année pour mieux contrôler les rachats stratégiques d'entreprises suisses par des fonds étrangers.