Propriétaires, locataires, cantons...Fin de la valeur locative: des conséquences pour tout le monde
Sven Ziegler
29.9.2025
Après 91 ans, c'est fini: les citoyens suisses ont clairement rejeté la valeur locative. Mais cette décision soulève de nouvelles questions, tant pour les propriétaires que pour les locataires.
La valeur locative des logements en propriété est supprimée.
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Sven Ziegler
29.09.2025, 07:32
29.09.2025, 10:51
Sven Ziegler
Après 91 ans, la valeur locative appartient à l'histoire. 57,7 % des électeurs suisses ont dit oui à son abolition. Une décision qui surprend, car la majorité de la population est locataire.
Les Suisses acceptent par 57,7% l'abolition de la valeur locative
La fin de la valeur locative est actée. Le peuple et les cantons ont accepté par 57,7% l'introduction d'un nouvel impôt cantonal sur les résidences secondaires. Cela implique l'abolition de la valeur locative pour les propriétaires de leur maison.
28.09.2025
Pourquoi la réforme s'est-elle néanmoins imposée, quels camps politiques se sont mobilisés avec succès et quelles conséquences cela aura-t-il pour les propriétaires, les locataires et les cantons?
Qui a voté pour l'abolition - et pourquoi ?
Le oui à l'abolition est venu en premier lieu de la campagne. Le nombre de personnes y vivant dans leur propre maison est supérieur à la moyenne, ce qui explique le taux élevé d'approbation (63%). Dans les villes, en revanche, le taux d'approbation n'a été que de 49 % environ.
Une différence d'âge est également apparue: les personnes âgées, qui ont souvent déjà largement remboursé leurs hypothèques, ont nettement approuvé. Il est toutefois surprenant de constater que la jeune génération a également approuvé la réforme en majorité. Manifestement, même de nombreux locataires trouvaient l'impôt injuste et voulaient garder l'option d'un futur logement en propriété ouverte.
Comment les partis se sont-ils positionnés ?
Le camp bourgeois, composé de l'UDC, du PLR et du centre, a misé en bloc sur le oui et s'est fortement mobilisé dans les cantons. En face, le PS et les Verts se sont battus contre le projet, mais n'ont que partiellement convaincu leur base. Chez les Verts notamment, la majorité des électeurs n'a pas suivi le mot d'ordre du non, mais s'est prononcée à 52% en faveur de la réforme.
Les Verts libéraux ont donné leur liberté de vote, mais leurs partisans ont soutenu l'abolition à 62%. Les partisans ont ainsi réussi à former une large alliance qui s'est finalement imposée face à l'opposition de gauche.
Que signifie la réforme pour les propriétaires ?
Pour les propriétaires de logement, la fin de la valeur locative représente un net allègement fiscal. A l'avenir, ils ne devront plus payer d'impôt sur un revenu fictif simplement parce qu'ils vivent dans leur propre maison. Ceux qui en profitent le plus sont ceux qui ont largement remboursé leurs hypothèques, car ils ne seront plus imposés sur la valeur locative et ne ressentiront en même temps guère d'inconvénients liés à la suppression de la déduction des intérêts passifs.
En revanche, les propriétaires ayant des hypothèques élevées perdent cette déduction et pourraient même, dans certains cas, payer plus d'impôts. La manière dont les cantons organiseront la mise en œuvre sera décisive, par exemple en ce qui concerne la question de savoir si les rénovations énergétiques continueront à bénéficier d'avantages fiscaux.
Et qu'est-ce que cela signifie pour les locataires ?
Les locataires ne profitent pas directement de la réforme, au contraire: les critiques mettent en garde contre des charges supplémentaires. Si les cantons perdent des milliards en raison de la suppression de la valeur locative, ils pourraient être contraints de compenser ces pertes par une hausse des impôts ou des taxes.
La coprésidente du PS Mattea Meyer demande donc un plafond de rendement afin que la hausse des loyers ne devienne pas une charge supplémentaire pour la classe moyenne. Les syndicats préviennent également que l'incitation au travail au noir pourrait augmenter, car les propriétaires ne doivent plus faire valoir de déductions fiscales lors de rénovations et accordent donc moins d'importance aux factures.
Quels sont les cantons les plus touchés?
Les conséquences se font surtout sentir dans les cantons touristiques comme les Grisons, le Tessin et le Valais. Dans ces cantons, la valeur locative entraîne également la suppression de l'imposition des résidences secondaires, ce qui creuse de gros trous dans les caisses. Pour compenser ces pertes, il a été décidé d'instaurer en parallèle un impôt sur la propriété des logements de vacances.
Mais il est déjà clair que de nombreux cantons sont sceptiques quant à l'efficacité de cet instrument. Alors que les cantons de montagne comme les Grisons s'attendent à des pertes de recettes allant jusqu'à 90 millions de francs par an, l'association des propriétaires fonciers signale déjà son opposition. Il n'est pas certain que l'impôt sur la propriété soit politiquement réalisable dans tous les cantons.
Qu'est-ce qui reste ouvert - et quand la réforme entrera-t-elle en vigueur ?
La réforme entrera en vigueur au plus tôt en 2028, ce qui laisse plusieurs années à la Confédération et aux cantons pour définir des règles concrètes. Les questions en suspens sont nombreuses. Comment les rénovations énergétiques seront-elles encouragées à l'avenir si les déductions fiscales sont supprimées ?
Qui comblera les trous dans les caisses de l'État et, au final, cela touchera-t-il davantage la classe moyenne ou les personnes fortunées? Et comment lutter contre le travail au noir, qui pourrait être rendu plus attractif par la suppression des déductions? Une chose est sûre: le oui à l'abolition de la valeur locative ne met pas un terme à la discussion, celle-ci ne fait que commencer.