La Swisscoy restera engagée au Kosovo jusqu'à fin 2023. Suivant le National, le Conseil des Etats a approuvé mardi par 33 voix contre 6 la prolongation demandée par le gouvernement, ainsi que l'augmentation des effectifs.
Les sénateurs ont accepté la demande du Conseil fédéral pour un contingent de maximum 195 militaires dès avril 2021. Ce contingent peut être renforcé avec 20 personnes en cas de menace accrue. Ces renforts ne peuvent opérer que durant quatre mois. Cinquante personnes peuvent être engagées pour une durée de huit mois afin d'accomplir des tâches de logistique et de maintenance.
La situation politique et sécuritaire dans les Balkans occidentaux rend la présence de la Kosovo Force multinationale (KFOR) nécessaire. Un retrait de cette force entraînerait une flambée de violence, a prévenu Charles Julliard (PDC/JU) au nom de la commission.
Engagement pour la paix
S'il est décevant qu'après 20 ans d'engagement, une présence armée soit encore nécessaire, il faut se rappeler que ni Rome ni la Suisse ne se sont faites en un jour, a souligné M. Julliard. L'engagement de la Swisscoy ne pose pas de problème du point de vue de la neutralité et est un engagement pour la paix.
L'UDC aurait voulu limiter l'effectif maximal à 165 militaires. Werner Salzmann (UDC/BE) a salué le travail de la Swisscoy sur place et a affirmé qu'il préférerait un Kosovo stable qu'un nouveau flux migratoire vers la Suisse.
Cependant, il n'est pas nécessaire d'augmenter l'effectif, une partie du travail supplémentaire nécessaire peut être faite par l'économie locale, ce qui serait plus bénéfique, a-t-il plaidé. Malgré le soutien des Verts, sa proposition a été refusé par 29 voix contre 9.
Conséquences immédiates
Le contingent suisse a évolué ces vingt dernières années, parfois à la hausse, parfois à la baisse, en fonction de la situation sur le terrain et des besoins de la KFOR, a souligné la ministre de la défense Viola Amherd. Le contingent est passé de 235 à 190 militaires en avril 2018, puis à 165 depuis octobre 2019. Une partie des moyens a été ramenée en Suisse, notamment des véhicules blindés.
L'objectif est que cette force puisse quitter le Kosovo et que ses habitants puissent vivre normalement. Mais ce n'est pour l'instant pas possible, a ajouté la conseillère fédérale.
Les relations étroites entre les milieux politique et économique et le crime organisé au Kosovo ont rendu l'établissement d'un Etat de droit difficile. La formation d'un gouvernement de coalition au début de l'année a soulevé des espoirs, mais il a été renversé le 25 mars par un mandat de défiance. L'establishment politique s'oppose à toute réforme, a regretté M. Amherd.
Des tensions perdurent par ailleurs avec la Serbie. Une reprise du conflit aurait des conséquences immédiates sur la Suisse, notamment par une pression migratoire accrue. La Suisse accueille 10% de la population du Kosovo.
Depuis 1999
L'Assemblée fédérale avait approuvé l'engagement de la Swisscoy au sein de la Kosovo Force multinationale jusqu'au 31 décembre 2020. L’armée suisse participe à la KFOR depuis octobre 1999. A ses débuts, la Swisscoy était une compagnie logistique non armée. Elle a ensuite adapté ses tâches et ses effectifs aux besoins de la KFOR.