Mise en conformitéL'adaptation pour les personnes handicapées a un train de retard
Valérie Passello
4.2.2021
Plusieurs gares ne seront pas conformes à la loi sur l'égalité pour les personnes handicapées en 2023, comme le prévoit pourtant le délai légal. L'office fédéral des transports (OFT) met un coup de pression aux retardataires, exigeant un plan de mise en oeuvre.
D’ici à la fin de 2023, les gares et arrêts ferroviaires de notre pays doivent être structurellement adaptés aux prescriptions de la loi sur l’égalité pour les handicapés (LHand), pour autant que ces adaptations soient proportionnées. Dans son dernier rapport sur l'avancement des travaux, l'OFT estime que «les chemins de fer devront fournir davantage d'efforts» pour ce faire.
Selon les indications transmises par les entreprises ferroviaires, indique la porte-parole de l'OFT Florence Pictet ,«323 gares ou arrêts de Suisse seront adaptés après le délai de fin 2023», malgré les rappels de l'office. Pour 83 d'entre elles toutefois, les travaux débuteront avant cette date butoir. «Les entreprises concernées invoquent un manque de ressources en matière de planification et de personnel», ajoute l'OFT.
Des calendriers et des plans de financement contraignants sont donc exigés pour tous les projets dont la réalisation ne commencera qu’après la date limite, une mesure qui vise à éviter de nouveaux retards.
Grande... et petites entreprises concernées
Sur leur site internet, les CFF publient ce jeudi un article sur ce thème: «En raison de changements de projets, de dépendance à d’autres chantiers ou par manque de ressources, il n’est jamais exclu que les travaux planifiés soient modifiés», expliquent-ils.
L'année dernière d'ailleurs, certains chantiers ont pris du retard par rapport aux prévisions. Dont quelques grandes gares, «telles que Berne, Lenzbourg, Morges, Neuchâtel, Zurich HB SZU et Wädenswil, où de très grands projets d’extension (aménagement du réseau) doivent être planifiés et coordonnés en même temps que la mise en conformité à la LHand», énumère Florence Pictet.
«Dans ce cas, les CFF informent activement les communes concernées et conviennent de la suite des opérations, en lien étroit avec l’OFT et les communes», rassure l'ex-régie fédérale.
Environ 40% des gares qui ne pourront être mises aux normes de la LHand dans les délais sont du ressort des CFF. De plus petites entreprises de transport sont elles aussi confrontées à la difficulté d'agir en temps et en heure, bien que toutes aient été averties dès 2004 des adaptations à entreprendre.
Dernier arrêt en 2030
Les plans de mise en oeuvre exigés sont déjà disponibles pour 240 stations. L'OFT précise encore: «Dans environ 7 % des cas, les transformations s’avèrent disproportionnées parce que, entre autres, le nombre de passagers n’est que très faible par rapport aux coûts.» Pour ces cas de figure particuliers, des mesures de compensation devront être proposées au plus tard à partir de la fin de l’année 2023. Par exemple, le personnel de l'entreprise pourra fournir une assistance aux passagers.
À l'heure actuelle, 873 des 1800 gares et arrêts ferroviaires existants en Suisse peuvent être utilisés de manière autonome par des personnes à mobilité réduite ou handicapées physiquement. C'est 54 de plus qu'il y a un an. Environ 66% des voyageurs bénéficient aujourd'hui de ces transformations, la priorité ayant été donnée aux grandes gares. En 2023, indique l'OFT, cette proportion devrait s'élever à 86%.
Les CFF préviennent quant à eux: «Certains véhicules dépourvus d’accès à niveau resteront en service en trafic national, même après 2023.» Mais ils promettent qu'ils veilleront à ce que ces véhicules soient intégrés à d’autres, déjà équipés d’accès de plain-pied, au sein d’un même train.
Mais à quand la conformité à la LHand de toutes les gares suisses? «Selon les planifications des entreprises ferroviaires disponibles à ce jour, les travaux d'adaptation devraient s'achever à l'horizon 2030 dans les derniers cas», répond Florence Pictet.