Congé paternité Le congé paternité passe la rampe à 60,3%

ATS

27.9.2020 - 19:10

Les Suisses ont soutenu dimanche l'introduction d'un congé paternité à 60,3%, selon les résultats définitifs. Les partisans y voient un «premier pas» vers un congé parental, tandis que les opposants regrettent de nouvelles déductions salariales.

Tous les cantons romands ont soutenu le texte. Les Vaudois ont massivement soutenu le congé paternité. Ils étaient 81,6% à glisser un «oui» dans l'urne. A l'inverse, les Valaisans ont été les moins prompts à le soutenir, avec 60,5% de votes en faveur.

Outre-Sarine, les résultats sont plus contrastés. Les cantons de Suisse orientale et de Suisse centrale se sont par exemple opposés au projet.

Les cartes des votations

Entrée en vigueur le 1er janvier

Le congé paternité entrera en vigueur le 1er janvier 2021, a annoncé le ministre des assurances sociales Alain Berset. Ce congé est une bonne nouvelle pour toutes les familles, mais aussi pour les PME: «Elles pourront offrir un congé paternité et augmenter leur attractivité face aux grandes entreprises.»

Le texte prévoit un congé de dix jours de travail. Ces jours seraient à prendre dans les six mois suivant la naissance, soit en bloc, soit sous forme de journées isolées. Les vacances ne pourront pas être réduites.

Comme le congé maternité, celui pour les pères est financé par les allocations pour perte de gain (APG). L'indemnité correspond à 80% du salaire, mais au maximum 196 francs par jour. Estimant que ce congé était trop coûteux pour les employés et les employeurs, l'UDC, ainsi que quelques membres du PDC et des jeunes PLR avaient lancé le référendum.

«Plus de temps qu'un déménagement»

Pour Adrian Wüthrich, président de Travail.Suisse et membre du comité en faveur du congé paternité, le résultat représente un premier pas nécessaire dans la bonne direction en matière de politique familiale. «Le congé paternité dispose enfin de plus de temps qu'un déménagement», a-t-il souligné.

Même son de cloche pour Mathias Reynard (PS/VS), qui salue une «excellente nouvelle» et un premier pas vers une vraie politique familiale. «On rattrape un peu notre retard au niveau européen, mais nous sommes encore loin de la moyenne de l'OCDE», relève-t-il toutefois.

Un «oui» si massif montre les changements sociaux qui ont eu lieu ces dernières années, écrit le comité «Le congé paternité maintenant!«. Le fait que de larges pans de l'économie aient été activement impliqués dans la campagne prouve que ce changement a également été perçu par le monde des affaires.

Futur congé parental ?

Dans une prochaine étape, une politique familiale moderne comprendra l'introduction du congé parental, relève un communiqué commun de nombreuses organisations et partis, dont le PS, les Vert'libéraux, les Verts, Pro Familia ou l'Union syndicale suisse (USS). Ensemble, ils veulent aider le congé parental à faire une percée en Suisse.

En Europe, aucun autre pays ne renonce au congé parental, rappellent-ils. «Les effets positifs du congé parental ont été amplement prouvés depuis des années, y compris sur le plan scientifique».

Pour le PBD, le congé paternité est un pas vers une répartition équitable du travail rémunéré et non rémunéré. «C'est un bon compromis, pragmatique, financièrement viable, favorable aux PME et compatible avec l'économie», relève pour sa part le conseiller national Martin Candinas (PDC/GR), dans un communiqué de son parti.

L'UDC juge à l'inverse regrettable de ne pas avoir réussi à convaincre le souverain de dire «non» à ce projet. Le PLR préconisait pour sa part la «solution souple» d'un congé parental de 16 semaines, plutôt qu'un congé paternité de deux semaines, «imposé par l'Etat», écrit-il dans une prise de position.

Crainte pour les assurances sociales

Pour les deux coprésidentes du comité référendaire contre le congé paternité, le projet n'est pas la bonne solution. «Les PME sont les perdantes», a déclaré Susanne Brunner (UDC/ZH), sur les ondes de la SRF. De nouvelles charges sociales vont peser sur les petites et moyennes entreprises. Ce n'est pas la bonne voie à suivre en cette période difficile pour l'économie, a-t-elle ajouté.

Pour sa collègue Diana Gutjahr (UDC/TG), ce «oui» signifie une extension imprudente et inutile des assurances sociales. «Il est dommage de n'avoir pas pu convaincre l'électorat de l'importance de cette décision», a-t-elle déclaré à Keystone-ATS.

De nouvelles déductions sur les salaires ne sont pas appropriées, en particulier en période de coronavirus, ajoute-t-elle. Cela affaiblit en outre les assurances sociales, qui devront être assainies d'urgence.

Le comité référendaire s'est articulé autour de l'Union suisse des arts et métiers (USAM). Son directeur Hans-Ulrich Bigler estime que le congé paternité va représenter une charge pour la jeune génération. «Je m'inquiète du financement de tous ces régimes d'assurance sociale», a-t-il déclaré.

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