EnergieLe Conseil fédéral est favorable au retour du nucléaire
kigo, ats
28.8.2024 - 16:50
Le Conseil fédéral revient sur la décision populaire de 2017 de sortir progressivement du nucléaire. Il a rejeté mercredi l'initiative «Stop au blackout», mais soutient sur le principe la levée de l'interdiction de construire de nouvelles centrales nucléaires.
Le Conseil fédéral est favorable au retour du nucléaire
Le Conseil fédéral revient sur la décision populaire de 2017 de sortir progressivement du nucléaire. Il a rejeté mercredi l'initiative «Stop au blackout», mais soutient sur le principe la levée de l'interdiction de construire de nouvelles centrales nucléaires. A peine déposé, le texte a été attaqué par les opposants au nucléaire. Ceux-ci rappellent la gestion problématique des déchets nucléaires. Ils avancent aussi que la construction de nouvelles centrales ne permet pas d'assurer l'approvisionnement en électricité à court et moyen terme. Le débat, tout juste relancé, s'annonce déjà vif.
28.08.2024
Keystone-SDA, kigo, ats
28.08.2024, 16:50
29.08.2024, 07:44
ATS
L'initiative populaire «De l'électricité pour tous en tout temps (Stop au blackout)» précise que toutes les formes de production électrique respectant l'environnement et le climat doivent être autorisées. Le comité souhaite ainsi rouvrir la porte à l'atome, en misant sur les nouvelles technologies qui rendent les centrales plus sûres.
Le gouvernement refuse le texte car il n'est pas nécessaire de modifier la Constitution, qui prévoit déjà un approvisionnement énergétique diversifié. Toutefois, il entend favoriser l’ouverture aux différentes technologies pour assurer «de manière responsable» la sécurité de l’approvisionnement en énergie à long terme.
L’interdiction actuelle de construire de nouvelles centrales nucléaires n’est pas compatible avec cet objectif d'ouverture aux nouvelles technologies. Elle présente même des risques pour le démantèlement des installations existantes.
Le Conseil fédéral compte élaborer un contre-projet indirect d'ici la fin de l'année afin de modifier la loi. La consultation devrait durer jusqu'à fin mars 2025. Il s'agit de garantir la quantité actuelle d’électricité indigène respectueuse du climat et disponible en permanence toute l’année.
Changement de paradigme
Devant les médias à Berne, le ministre de l'énergie Albert Rösti a cité cinq points justifiant ce «changement de paradigme». Premièrement, en 2017, il était prévu de réduire les émissions de CO2 mais pas d'abandonner complètement les énergies fossiles.
Deuxièmement, des centrales à gaz devaient remplacer l'électricité manquante. Or cette option n'est plus viable en raison de l'objectif zéro émission net d'ici 2050. Les centrales au pétrole et au gaz sont uniquement prévues comme réserve en cas d'urgence. «Le nucléaire est une des mesures pour décarboner l'énergie», a relevé le ministre.
Et ensuite de rappeler la situation géopolitique en Europe qui s'est détériorée depuis le début de l'Ukraine en 2022. «On a vu à quel point l'approvisionnement en hiver pouvait être tendu», a-t-il déclaré. «On pensait qu'il y aurait suffisamment d'électricité en Eruope et qu'on pourrait en importer facilement.»
Le Bernois a continué en mentionnant une croissance démographique plus élevée que prévu dans la stratégie énergétique, ce qui laisse se profiler une croissance de la demande en électricité. Enfin, le développement des énergies renouvelables n'avance pas aussi vite que souhaité en raison de recours contre plusieurs projets hydroélectriques, solaires et éoliens, malgré l'acceptation de la loi sur l'électricité le 9 juin dernier.
«Option de repli»
La levée de l'interdiction du nucléaire ne remet pas en question le développement des énergies renouvelables. Elle n'est «qu'une option de repli» si ces dernières ne suffisent pas, a précisé Albert Rösti. Le nucléaire n'entre pas en ligne de compte à court et moyen terme. Cependant, à long terme, «dans les quinze prochaines années», il convient d'être prêt si nécessaire.
«On parle d'une ouverture, on ne dit pas qu'il y aura de nouvelles centrales dans dix ans», a commenté le Bernois. Et de préciser que ce n'est pas la Confédération qui décide une telle construction, la tâche revenant aux entreprises énergétiques.
Actuellement, les quatre centrales nucléaires en service fournissent environ un tiers de la production d’électricité totale en Suisse, explique encore le Conseil fédéral. Elles disposent toutes d’une autorisation d’une durée illimitée et peuvent continuer d’être exploitées tant qu’elles sont sûres.
Les exploitants tablent actuellement sur une durée d’exploitation de 60 ans. Mais si les centrales nucléaires doivent un jour être mises à l’arrêt, il faudra compenser l’électricité manquante par d’autres installations de production en Suisse.
Comme il n'y a actuellement pas de projet sur la table, le conseiller fédéral n'a pas voulu s'avancer sur des questions de financement ou de subventions. Il faut d'abord analyser concrètement un projet, et personne n'a encore mené cette réflexion en raison de l'interdiction de construire de nouvelles centrales, a-t-il fait remarquer.
Votation populaire en tête
Le Conseil fédéral rejette encore l'initiative pour d'autres raisons. Le texte vise aussi à ce que la Confédération attribue les responsabilités concernant la sécurité de l’approvisionnement en électricité. Cela n'est pas nécessaire, selon le gouvernement. Enfin, l’initiative pourrait remettre en question l’exploitation éventuelle de centrales de réserve en cas de pénurie d’électricité, ce qui créerait de nouvelles incertitudes.
En conclusion, Albert Rösti a dit s'attendre à de vives discussions à ce sujet. Il compte sur un référendum puis une votation populaire.