Cessez-le-feu Le Hamas refait surface dans les rues de Gaza

ATS

14.10.2025 - 20:11

Le Hamas étend mardi sa présence dans les zones de la bande de Gaza d'où l'armée israélienne s'est retirée, sans attendre la suite des négociations sur le plan du président américain Donald Trump pour Gaza prévoyant de l'exclure de la gouvernance du territoire palestinien.

Après plusieurs jours d'échauffourées, des témoins ont fait état mardi auprès de l'AFP d«intenses» combats à Gaza-ville, dans le quartier de Choujaïya (est), opposant selon eux une unité affiliée au Hamas à des clans et gangs armés dont certains seraient soutenus par Israël (archive).
Après plusieurs jours d'échauffourées, des témoins ont fait état mardi auprès de l'AFP d«intenses» combats à Gaza-ville, dans le quartier de Choujaïya (est), opposant selon eux une unité affiliée au Hamas à des clans et gangs armés dont certains seraient soutenus par Israël (archive).
KEYSTONE

Keystone-SDA

Depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu vendredi après deux ans de guerre avec Israël déclenchée par l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023, des journalistes de l'AFP ont vu des membres des forces de sécurité du mouvement islamiste palestinien déployés dans plusieurs villes de la bande de Gaza, sur des marchés ou sur des routes.

Après plusieurs jours d'échauffourées, des témoins ont fait état mardi auprès de l'AFP d"intenses» combats à Gaza-ville, dans le quartier de Choujaïya (est), opposant selon eux une unité affiliée au Hamas à des clans et gangs armés dont certains seraient soutenus par Israël.

«Ce matin, pendant de longues heures, de violents affrontements ont opposé les forces de sécurité du Hamas et des membres de la famille Hilles», a témoigné un riverain, Mohammed, qui refuse de donner son patronyme pour des raisons de sécurité. Lors de sa prise de contrôle de la bande de Gaza en 2007, le Hamas s'est opposé par les armes à de nombreuses familles.

Ce témoin évoque «des tirs intenses et des explosions», au lendemain de la libération par le Hamas des 20 derniers otages vivants qu'il retenait, en échange de près de 2000 prisonniers relâchés par Israël.

La «Force dissuasive», organe récemment créé au sein de l'appareil sécuritaire du Hamas, «mène une opération» pour «neutraliser des personnes recherchées», a indiqué à l'AFP une source sécuritaire palestinienne à Gaza.

Ces «opérations de terrain» visent à «garantir la sécurité et la stabilité dans différentes zones de la bande de Gaza», a-t-elle ajouté. «Notre message est clair: il n'y aura pas de place pour les hors-la-loi ou ceux qui menacent la sécurité des citoyens.»

Cimenter la trêve

Par ailleurs, la Défense civile de Gaza, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du Hamas, a annoncé mardi la mort de six personnes dans des tirs israéliens lors de deux incidents. L'armée israélienne a dit avoir ouvert le feu sur «des suspects» s'approchant de ses forces après avoir franchi la «ligne jaune», ligne de repli de l'armée à Gaza convenue dans le cadre du cessez-le-feu.

Parallèlement au retrait progressif déjà amorcé de l'armée israélienne, qui garde le contrôle de 53% du territoire palestinien, le plan Trump prévoit dans une phase ultérieure que le Hamas soit exclu de la future gouvernance du territoire palestinien, et que son arsenal soit détruit.

Le point six du plan prévoit «une amnistie» pour «les membres du Hamas qui s'engagent à respecter une coexistence pacifique et qui rendront leurs armes». Pour les autres, le plan prévoit l'exil, proposition qualifiée récemment d'"absurde» par un haut cadre du mouvement.

Lundi, lors d'un sommet sur Gaza en Egypte, M. Trump a cosigné une déclaration visant à cimenter le cessez-le-feu après l'échange d'otages et de détenus entre Israël et le Hamas convenu dans le plan négocié sous l'égide des Etats-Unis, l'Egypte et le Qatar.

«Peur presque partie»

«Les paroles de Trump sont importantes. Nous espérons qu'il les mettra en oeuvre sur le terrain, car il est le seul à pouvoir empêcher la guerre de reprendre», commente Rima al-Fara, 30 ans, qui vit dans le quartier en partie détruit d'al-Rimal dans l'ouest de Gaza.

«Nous pouvons à nouveau respirer (...) la peur est presque partie», dit-elle. Elle s'est dite soulagée après le déploiement de la police, car «pendant la guerre, des phénomènes déplaisants tels que des vols, des cambriolages et des intimidations armées ont eu lieu.»

Depuis le cessez-le-feu, «plus d'un demi millions de personnes sont retournées à Gaza-ville en provenance du sud», selon la Défense civile à Gaza. Israël a annoncé mardi avoir identifié les quatre dépouilles d'otages rendues lundi par le Hamas comme étant celles de trois Israéliens et d'un étudiant népalais enlevés le 7 Octobre, avant de remettre les restes de 45 Palestiniens, transférés à l'hôpital Nasser à Khan Younès (sud).

A Genève, l'ONU et le Comité international de la Croix-Rouge ont réclamé l'ouverture de tous les points de passage pour permettre d'acheminer davantage d'aide humanitaire dans le territoire aux infrastructures largement détruites.

«Nous avons un besoin urgent de traitements anticancéreux» et d'incubateurs pour les soins néonataux, plaide en écho Mohammed Abou Salmiya, directeur de l'hôpital al-Chifa à Gaza.

Dans la ville où des bulldozers déblayaient des décombres mardi, «la priorité absolue» est selon le maire Yahya al-Sarraj «d'ouvrir les routes et «un besoin urgent de matériaux de construction, notamment de ciment».