Fédérales 2023 Le PLR veut briser le statu quo aux Etats en Valais
zd, ats
6.11.2023 - 09:33
Le deuxième tour de l'élection au Conseil des Etats se disputera en Valais le 12 novembre. Il opposera les sortants centristes Beat Rieder et Marianne Maret au libéral-radical Philippe Nantermod. Faire tomber la citadelle centriste s'annonce difficile au vu des résultats du premier tour.
06.11.2023, 09:33
ATS
«Les résultats du premier tour sont suffisamment clairs» ont estimé les Vert-e-s qui ont retiré leur candidate après analyse. Un avis partagé par le PS pour qui un «second tour semble superflu».
Tel n'est pas la position du PLR et de son candidat Philippe Nantermod (25'145 voix). Arrivé troisième, il provoque un deuxième tour malgré les plus de 18'000 voix qui le séparent de Marianne Maret (2e). «Je ne vous promets pas la victoire, je vous promets la bataille», a-t-il lancé devant l'assemblée de son parti.
Il y a quatre ans, l'avocat de 39 ans avait renoncé à se lancer au deuxième tour. Il était, certes, arrivé en quatrième position au 1er tour de scrutin, mais avec un score similaire à celui de 2023 (25'727) et «seulement» à 13'933 voix de Marianne Maret arrivée deuxième.
Lors du scrutin du 22 octobre dernier, la centriste de 65 ans, première Valaisanne élue au Conseil des Etat en 2019, a récolté 43'204 voix et son collègue de parti Beat Rieder, 60 ans, 52'748 voix. Avec de tels scores, les observateurs s'accordent à dire qu'ils sont hors de portée. L'UDC Jean-Luc Addor (23'371 voix), arrivé quatrième, a jeté l'éponge dès les résultats tombés.
Pas le premier assaut
Philippe Nantermod n'est pas le premier à vouloir mettre un terme au monopole centriste qui tient depuis 1857, soit depuis toujours. Personne n'a été aussi près du but que le socialiste Mathias Reynard, qui a échoué en 2019 à 1370 voix alors il n'accusait que quelque 3300 voix de retard au premier tour.
En 2015, le libéral Pierre-Alain Grichting n'était qu'à 1481 voix de faire tomber la citadelle centriste. Là le retard n'était que de 8743 suffrages au premier tour.
Certains candidats se sont aussi abstenus: l'UDC Oskar Freysinger s'était retiré en 2011, à l'issue d'un premier tour où il comptait moins de 8000 voix de retard. Le PLR Léonard Bender avait fait de même en 2007, alors qu'il en avait 22'703 de moins.
Minoritaires désunis
Les élections passées ne sont pas du côté de Philippe Nantermod, et la plupart des partis ayant un certain poids électoral non plus. Le Centre (35,4%) soutient les siens, le PS (14,3%) et les Vert-e-s (8,4%) n'ont donné aucune consigne mais appelé à voter au plus proche de leurs valeurs.
Leurs électorats pourraient bien favoriser la seule candidate en lice dont le profil smartvote se rapproche davantage de leurs préoccupations que celui du libéral-radical. Les femmes socialistes du Valais romand ont d'ailleurs clairement appelé à voter Maret.
L'UDC (24,5%) est partagée. Sa section francophone laisse la liberté de vote. Elle a évoqué pendant la campagne les positions très dures de Philippe Nantermod durant la pandémie de Covid-19, positions qui pourraient crisper certains électeurs du parti au moment de glisser un bulletin dans l'urne.
A l'issue du premier tour, Jean-Luc Addor a toutefois appelé «à titre personnel» à voter Nantermod. Le candidat PLR peut aussi compter sur l'UDC du Haut-Valais qui a appelé à voter pour lui. La section germanophone estime partager une partie des mêmes valeurs, notamment sur la politique énergétique.
Quant aux Vert'libéraux (2%) et au POP (0,7%), ils ne donnent aucune consigne de vote.
Plusieurs inconnues
Philippe Nantermod pourrait bénéficier du nouveau système d'élection qui se déroule via une liste unique et non plus des tickets partisans. Un scénario qui ne s'est toutefois pas reflété dans les résultats du premier tour, où les deux centristes sortants se sont, dès le début, détachés des autres candidats.
Le libéral-radical, d'ores et déjà élu au National, doit aussi faire face à une érosion de son parti: de 18,1% en 2015, sa part électorale est tombée à 16,5% en 2019 et à 14,7% en 2023.
Autre inconnue: la mobilisation. Cette année, le Valais a enregistré son plus bas taux de participation pour des fédérales. Le deuxième tour aux Etats a systématiquement mobilisé moins de personnes. A voir si cela aura un impact sur les résultats.
Un demi-million de francs
Le coût d'un deuxième tour est estimé par le service valaisan des affaires intérieures et communales à quelque 500'000 francs. La moitié rien que pour l'envoi des enveloppes en courrier prioritaire, en raison du délai serré entre les deux tours. Le montant est plus élevé que pour un premier tour ou lors de votations, ajoute le service.