Gouvernement Le PS accède pour la première fois au Conseil fédéral il y a 80 ans

ats

10.12.2023 - 10:04

Mercredi, Beat Jans et Jon Pult tenteront de conserver le deuxième siège du PS au Conseil fédéral. Cela fera quasiment 80 ans jour pour jour que le parti à la rose a fait son entrée au gouvernement grâce à l'élection du Zurichois Ernst Nobs le 15 décembre 1943.

Ernst Nobs en 1947.
Ernst Nobs en 1947.
Keystone

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La participation socialiste au gouvernement était discutée dans le parti depuis sa fondation. En 1929, le PS avait pour la première fois réclamé officiellement un siège à l'exécutif.

La participation au gouvernement n'est toutefois envisagée sérieusement qu'à partir du milieu des années 1930. L'introduction du système proportionnel pour les élections nationales en 1919 permet au PS d'accroître peu à peu sa présence aux Chambres. En 1935, les socialistes décrochent 50 sièges au National, devenant ainsi le groupe le plus fort de la Chambre du peuple.

Cette puissance est toutefois insuffisante pour lutter contre un bloc bourgeois uni. L'aile gauche du PS estime en outre que la participation à un exécutif dominé par les partis bourgeois obligerait le PS à des compromis inacceptables qui entacheraient sa crédibilité. L'opinion n'est pas partagée par l'ensemble du parti.

Dans la seconde moitié des années 30, la situation évolue rapidement sous la menace du nazisme allemand et du fascisme italien. Le PS renonce au principe de la dictature du prolétariat. Les blocs se rapprochent sans toutefois que la majorité bourgeoise accepte une participation socialiste au gouvernement.

Le tournant de 1943

Le tournant de la Deuxième Guerre mondiale en 1942/1943 et la défaite dès lors prévisible de l'Allemagne nazie ranime en Suisse les discussions sur les réformes sociales et les rapports de forces politiques. Le PS s'engage en faveur de l'AVS, une position qui porte ses fruits lors des élections nationales d'octobre 1943. Avec 56 sièges au National et six aux Etats, la représentation du PS aux Chambres atteint un point culminant jamais égalé depuis.

Les partis bourgeois acceptent alors l'entrée d'un socialiste à l'exécutif fédéral. Dans le PS, les discussions vont bon train entre partisans (syndicalistes essentiellement) et opposants (direction du parti). Le groupe des Chambres décide finalement de présenter la candidature du président de la ville de Zurich Ernst Nobs.

L'homme de l'équilibre

L'homme s'était fait connaître en 1918 déjà pour son appel à la grève générale qui l'a conduit en prison. Dans les années 20, il assouplit ses positions jusqu'à devenir l'homme de l'équilibre. La montée du fascisme aidant, il recherche la collaboration avec une partie des élus bourgeois.

Le 15 décembre 1943, il est élu au Conseil fédéral avec 122 voix sur 181 suffrages valables. Il succède au radical zurichois Ernst Wetter. «Un socialiste avec une conception fondamentalement différente siège désormais au Conseil fédéral qui compte un opposant dans ses rangs», commente le journal socialiste «Volksrecht».

Ernst Nobs a siégé au gouvernement durant deux législatures. Son mandat aura été marqué par l'introduction de l'AVS en 1947. Son successeur Max Weber démissionnnera en 1953 après avoir perdu une votation populaire sur le nouveau régime financier de la Confédération.

«Formule magique»

Les catholiques conservateurs s'emparent du siège. Le PS devra attendre décembre 1959 pour revenir au gouvernement. Il obtient alors deux sièges. C'est le début de la «formule magique».

Malgré les crises – comme lorsque le Parlement a préféré le Neuchâtelois Francis Matthey à la Genevoise Christiane Brunner, candidate officielle du parti, en 1993 – et les appels régulièrement lancés à entrer dans l'opposition, le PS est depuis lors toujours resté au gouvernement avec deux sièges.

Au total, quinze socialistes ont à ce jour siégé au Conseil fédéral, dont sept Romands: les Neuchâtelois Pierre Graber, Pierre Aubert et René Felber, les Genevoises Ruth Dreifuss et Micheline Calmy-Rey, le Fribourgeois Alain Berset et la Jurassienne Elisabeth Baume-Schneider.