Conclave Un pape suisse? Les experts évaluent les chances de nos cardinaux

ATS

26.4.2025 - 10:30

Les deux cardinaux suisses qui participeront à l'élection du prochain souverain pontife ne partent pas favoris pour succéder au pape François. Le profil trop diplomatique de l'un et les idées d'une autre époque de l'autre jouent en leur défaveur, estiment les experts.

Keystone-SDA

Pas moins de 135 cardinaux, ceux âgés de moins de 80 ans, participeront au conclave. Parmi eux, le Bâlois Kurt Koch et le Valaisan Emil Paul Tscherrig.

Ce dernier, qui a travaillé au service diplomatique du Vatican, a «peu de chances», selon Daniel Bogner, professeur de théologie morale et d'éthique à l'Université de Fribourg. Le cardinal âgé de 78 ans est un «diplomate ecclésiastique par excellence». Or, un pape doit aussi remplir le rôle de politicien et d'homme d'Eglise théologiquement profilé, fait remarquer le professeur.

L'ancien évêque de Bâle, Kurt Koch, 75 ans, aurait plus de chances, selon certains. Il serait le pape sur lequel on pourrait s'entendre si on ne peut se mettre d'accord sur aucun autre, analyse par exemple l'historienne Annalena Müler dans les titres Tamedia.

M. Bugner n'est pas du même avis. M. Koch est considéré par beaucoup comme un homme de l'ère du pape Benoît XVI, explique-t-il. Son âge ne joue pas non plus en sa faveur.

«Réformateur conservateur»

De manière générale, le professeur estime que la ligne réformatrice du pape François perdurera. «Oui, certains conservateurs souhaitent faire marche arrière. Mais il s'agit d'une minorité et ils n'ont aucune chance», indique-t-il.

Il y a un consensus sur le besoin de réformes, mais les avis divergent sur la direction à prendre et à quelle vitesse. Le profil de «réformateur conservateur» prime dans ce contexte, selon M. Bugner.

Le théologien cite le rôle des femmes dans l'Eglise ainsi que les questions de genre et de dialogue interreligieux comme des thèmes centraux. «Je m'attends à ce que tout se joue lors du conclave pour savoir qui est suffisamment digne de confiance pour exercer une telle fonction de cohésion entre tradition et réforme», dit-il.

Changements irréversibles

L'Eglise ne sera dans tous les cas plus la même après le pontificat de François. «Certaines choses ne seront tout simplement plus possibles, comme un style autoritaire, le non-respect des femmes et des laïcs ou encore l'opposition à l'homosexualité», déclare M. Bogner.

«Le pape François a commencé à changer l'Eglise catholique et ce de manière irréversible», poursuit-il. Le défi est désormais de poursuivre cette voie tout en évitant que l'Eglise ne se désagrège, conclut le professeur.