ChypreLes Chypriotes à Genève pour tenter de relancer un dialogue de paix
sn, ats
23.4.2021 - 10:25
Chypriotes turcs et grecs se retrouvent mardi à Genève pour tenter de relancer le dialogue de paix mené par l'ONU. Mais près de quatre ans après les derniers pourparlers en Suisse, les fronts se bloquent autour de la question d'un ou deux Etats. La Turquie est ciblée.
23.4.2021 - 10:25
ATS
Depuis 2017, plusieurs composantes ont changé avant cette rencontre, pilotée par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres et à laquelle participeront aussi la Turquie, la Grèce et la Grande-Bretagne, garants de la sécurité de l'île depuis 1960. Ces discussions avec tous les acteurs seront les premières depuis l'arrivée du nationaliste Ersin Tatar en octobre dernier à la présidence de la République turque de Chypre-Nord (RTCN), proche d'Ankara.
Pour autant, le format informel n'attirera pas cette fois-ci tous les dirigeants de l'île, divisée depuis près de 50 ans après l'invasion turque dans le nord en réaction à un coup d'Etat. La République de Chypre, reconnue par la communauté internationale et qui contrôle le sud du territoire, est censée être représentée par le président Nicos Anastasiades.
Mais les Chypriotes turcs ont affirmé à Keystone-ATS qu'ils ne seraient emmenés que par l'émissaire du président, Ergun Olgun, considéré comme le négociateur le plus expérimenté de la république autoproclamée. Côté puissances garantes, les chefs de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu, grecque Nikos Dendias et britannique Dominic Raab sont attendus.
Ces dernières années, Chypre a été au centre de tensions importantes entre des pays de l'UE et le président turc Recep Tayyip Erdogan autour des forages d'hydrocarbures au large de l'île dans des zones économiques chypriotes et grecques. Si la situation s'est un peu apaisée, les divergences n'ont pas été résolues.
Il y a un mois, le chef de la diplomatie chypriote turque Tahsin Ertugruloglu avait rejeté toute présence de l'UE à la table des discussions à Genève. Celle-ci était souhaitée par M. Anastasiades.
Fermeté affichée par Nicosie et la Grèce
Sur le fond aussi, les fronts ne semblent pas s'améliorer. Aucune «entente» n'est observée, selon M. Ertugruloglu qui affirme que la partie turque n'acceptera «rien de moins» que deux Etats séparés. Un retour en arrière par rapport au scénario d'un Etat fédéral, abordé depuis de nombreuses années dans les négociations, et défendu par le prédécesseur de M. Tatar.
Certains reprochent à la Turquie d'avoir provoqué ce basculement sur le contenu des discussions, rejeté par les Chypriotes grecs et leur allié grec. Selon un récent sondage, plus de quatre Chypriotes turcs sur cinq souhaitent cette séparation qui serait aussi tolérée par un peu plus d'un quart des habitants de la partie grecque au sud de l'île.
Face aux nouvelles revendications chypriotes turques, la République de Chypre et son allié grec ont précisé que la discussion devrait s'aligner sur les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, qui prévoient un Etat fédéral. M. Anastasiades a considéré récemment la rencontre de Genève comme un «nouvel effort important». Il faut que les deux communautés s'estiment en sécurité et que les droits humains soient garantis, selon lui.
Et l'une des principales difficultés entre les deux parties reste la question des dizaines de milliers de soldats turcs présents dans le nord. La RTCN et son allié turc souhaitent le maintien d'au moins une partie de ce dispositif.
3 garants divisés
Autre division, les Chypriotes grecs souhaitent l'arrêt du droit des trois «garants» d'intervenir militairement en cas de problème de sécurité important, un appel partagé par la Grèce. Londres aussi n'a pas caché par le passé sa volonté de renoncer à ce statut.
«Le but de la rencontre sera d'établir si des convergences existent pour les parties pour négocier une solution durable», précise de son côté l'ONU. Celle-ci, prévue jusqu'à jeudi, sera organisée après des mois de dialogues pilotés par une émissaire du secrétaire général, Jane Holl Lute.
Fin janvier, M. Guterres avait affirmé que la réunion aurait lieu «sans pré-conditions». Celle-ci pourrait aboutir à un format plus formel des discussions.
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