Contre-projetLes députés planchent sur la protection de la biodiversité
gd, ats
19.9.2022 - 11:24
Le National a entamé lundi l'examen de l'initiative dite biodiversité et son contre-projet indirect. Aucune décision n'a encore été prise faute de temps. Les deux textes sont contestés par le camp bourgeois. Mais le contre-projet pourrait bien passer l'épaule.
Keystone-SDA, gd, ats
19.09.2022, 11:24
19.09.2022, 20:44
ATS
Face au déclin de la biodiversité, le Conseil fédéral entend agir. Il ne veut pas aller aussi loin que l'initiative, mais propose de protéger 17% de tout le territoire suisse, contre seulement 13,4% actuellement. Les aires de protection devraient aussi être mises en réseau. Il s'agit de garantir les habitats de la faune et la flore.
Crainte pour l'agriculture
Ces propositions ont fait lundi l'objet de vifs débats au National. L'UDC et le Centre ont mené la fronde. «Le contre-projet va beaucoup plus loin que l'initiative», a critiqué Michael Graber (UDC/VS). «Il est dogmatique. Il manque de souplesse et de pragmatisme», a dénoncé Pierre-André Page (UDC/FR). Il constitue une intervention trop grande dans l'autonomie des cantons et des communes, a précisé Christine Bulliard-Marbach (C/FR).
Les associations de protection de la nature, le monde paysan et les citoyens font déjà des efforts constants en faveur de la biodiversité, a poursuivi M. Page. Et de mentionner les dizaines de milliers d'hectares de promotion de la biodiversité, comme les prairies fleuries ou les jachères. «Il n'y a point besoin d'ajouter des mesures contraignantes, voire paralysantes.»
Les aires de protection prévues par le contre-projet correspondent à la surface du canton de Lucerne, a pointé de son côté Mme Bulliard-Marbach. «Une extension aussi importante exigerait un tribut lourd de l'agriculture.» La production indigène de denrées alimentaires et d'énergie serait affaiblie, a prédit M. Page. Et des coûts supplémentaires importants seraient engendrés.
Sixième extinction de masse
«Les efforts effectués jusqu'à présent n'ont pas été suffisants», a opposé Susanne Vincenz-Stauffacher (PLR/SG). Il est temps d'agir, a jugé Martina Munz (PS/SH). «Il faut mettre à disposition les moyens financiers nécessaires», a estimé Roland Fischer (PVL/LU).
«Notre biodiversité va très mal», ont rappelé de nombreux orateurs de gauche comme de droite. Un tiers des espèces animales et des plantes sont menacées. «Nous sommes entrés dans la sixième extinction de masse des espèces», a lancé Raphaël Mahaim (Vert-e-s/VD).
«Les marais ont reculé de plus de 80%. Et 50% des insectes sont inscrits sur liste rouge», a exemplifié Ursula Schneider Schüttel (PS/FR). Or les insectes jouent un rôle crucial. «Sans abeille, l'être humain n'aurait plus que quatre ans à vivre», a poursuivi M. Mahaim, rappelant que les abeilles pollinisent toutes les cultures.
«Si nous continuons ainsi, les Suisses ne reconnaîtront dans quinze ou trente ans plus leur pays, privé de sa biodiversité, ses glaciers et ses espèces traditionnelles», a encore soulevé Delphine Klopfenstein Broggini (Vert-e-s/GE).
Etendue des aires de protection
Interrompus faute de temps, les débats se poursuivront mardi matin. Le contre-projet devrait passer la rampe. Il est soutenu par le camp rose-vert, le Centre, les Vert'libéraux et une majorité des libéraux-radicaux. L'initiative n'a elle que peu de chances. Seule la gauche a plaidé en sa faveur. Le texte exige davantage de surfaces et de fonds publics en faveur de la biodiversité.