Depuis GenèveLes Etats et l'ONU se réunissent pour «perfuser» l'Afghanistan
sn, ats
10.9.2021 - 12:16
Genève sera au centre des efforts pour garantir une aide aux Afghans. Lundi, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres réunit une ministérielle hybride pour récolter 553 millions de francs jusqu'à la fin de l'année. Ignazio Cassis sera présent physiquement.
Keystone-SDA, sn, ats
10.09.2021, 12:16
10.09.2021, 12:19
ATS
Face à la menace d'une «catastrophe humanitaire», l'ONU et ses partenaires souhaitent apporter nourriture et assistance pour 10,8 millions de personnes jusqu'à fin décembre. Soit deux millions de plus qu'ils ne l'avaient prévu avant l'arrivée des talibans à Kaboul. Selon les évaluations de l'ONU, 93% de 1600 familles interrogées n'ont pas mangé suffisamment ces deux dernières semaines.
Outre M. Guterres et son chef des affaires humanitaires Martin Griffiths, une quarantaine de ministres vont participer, dont plusieurs seront présents à Genève. Le conseiller fédéral Ignazio Cassis viendra répéter la rallonge de 33 millions de francs décidée il y a quelques jours par le Conseil fédéral. L'Allemand Heiko Maas ou le Britannique Dominic Raab devraient assister physiquement à la réunion.
Dès la débâcle de l'armée afghane face aux talibans, la Suisse s'était immédiatement dite prête à accueillir une réunion politique ou humanitaire sur ce pays. «Nous sommes très contents que la conférence ait lieu à Genève», a dit à Keystone-ATS le numéro deux de la mission suisse à l'ONU à Genève, l'ambassadeur Félix Baumann qui relève l'importance à nouveau de cette ville pour le dialogue.
Certains Etats souhaitent que l'aide aux pays voisins soit importante pour éviter un afflux massif de réfugiés en Europe. Le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), qui n'a pas observé pour le moment d'afflux massif vers les frontières afghanes, s'attend à jusqu'à 515'000 réfugiés supplémentaires d'ici la fin de l'année. Au total, 90% des réfugiés afghans se trouvent déjà au Pakistan et en Iran.
Appel au dialogue avec les talibans
Le défi pour l'ONU est de garantir le maintien d'une aide importante en Afghanistan malgré les réticences ou la méfiance de certains pays depuis que les talibans contrôlent le pays. D'autant plus que des restrictions des droits des femmes, des violences et des indications crédibles de représailles contre des soutiens de l'ancien gouvernement ont déjà été observées.
Un responsable de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a laissé entendre il y a quelques jours que des coupures de financement par certains Etats pourraient avoir lieu. Alors que les ambassadeurs afghans à Genève et à New York réclament eux-mêmes une attitude plus robuste face à l'Emirat islamique, M. Guterres appelle de son côté au dialogue.
Il faut éviter un désastre économique et «des millions de morts», a-t-il dit. Selon l'ONU, jusqu'à 97% de la population pourrait se trouver en situation de pauvreté d'ici juin prochain.
Après avoir rencontré les dirigeants talibans à Kaboul à la demande du secrétaire général, M. Griffiths a affirmé avoir reçu une promesse sur la protection de l'assistance humanitaire. Mais il attend désormais de voir des actes de la part des nouveaux patrons de l'Afghanistan.
Plusieurs millions d'habitants
Les différents acteurs redoutent une détérioration d'une situation déjà difficile après des décennies de guerre. Dix-huit millions d'Afghans, soit près de la moitié des habitants du pays, ont besoin d'une assistance humanitaire. L'incertitude politique est venue s'ajouter à une seconde sécheresse en quelques années et à l'urgence d'entamer avant l'hiver les cultures de blé dans le pays.
Outre la nourriture, le dispositif de l'ONU et de ses partenaires prévoit également des soins pour 3,4 millions de personnes, un effort contre la malnutrition aiguë d'un million de personnes et une aide pour améliorer l'assainissement de l'eau et l'hygiène pour 2,5 millions de personnes. Ou encore la protection d'1,5 million d'Afghans, notamment contre les violences sexuelles.
Et au total, plus de 3,5 millions de personnes sont déplacées en Afghanistan. Dont 600'000 depuis le début de l'année, selon les données du HCR.