Le Jura est très fâché Une maturité gymnasiale devra durer à l'avenir au moins 4 ans

kigo, ats

28.6.2023 - 19:35

Une maturité gymnasiale devra durer à l'avenir au moins quatre ans. Le Conseil fédéral a adopté mercredi la révision totale des bases légales correspondantes. Fâché, le Jura pourrait saisir le Tribunal fédéral (TF).

En Suisse romande, le projet a fait grincer des dents, en particulier dans les cantons de Neuchâtel, de Vaud et du Jura. Ces derniers connaissent un modèle sur trois ans (image d'archives).
En Suisse romande, le projet a fait grincer des dents, en particulier dans les cantons de Neuchâtel, de Vaud et du Jura. Ces derniers connaissent un modèle sur trois ans (image d'archives).
KEYSTONE

La révision actualise trois documents de 1995 régissant la maturité gymnasiale. La Conférence des directeurs cantonaux de l'instruction publique (CDIP) l'a aussi approuvée la semaine dernière. Il s'agit de garantir la qualité de ce diplôme au niveau national, sa compatibilité dans toute la Suisse ainsi que l'accès sans examen aux hautes écoles universitaires et pédagogiques, relève le gouvernement.

Plusieurs nouveautés sont prévues. La durée minimale d'une maturité gymnasiale sera de quatre ans pour toutes les filières. Les compétences de base dans la langue d'enseignement et en mathématiques seront renforcées.

Choix étendu

Le choix des disciplines fondamentales, comme l'économie et le droit ou l'informatique, sera étendu. Tout comme le catalogue des options spécifiques et complémentaires. Les cantons pourront donc proposer des branches supplémentaires. Les échanges et la mobilité seront aussi promus. Les critères de réussite restent pour leur part inchangés.

L'entrée en vigueur de la révision est prévue au 1er août 2024, après la révision du plan d'études cadre de la CDIP. Celle-ci lancera une audition officielle cet automne.

La réforme est le résultat de travaux de «grande envergure», souligne le Conseil fédéral. Les acteurs principaux concernés ont été associés dès le début. Une procédure de consultation a été menée l'an dernier. Les retours ont été principalement positifs, selon le gouvernement.

Colère jurassienne

En Suisse romande, le projet a fait grincer des dents, en particulier dans les cantons de Neuchâtel, de Vaud et du Jura. Ces derniers connaissent un modèle sur trois ans.

Le gouvernement jurassien est particulièrement remonté. Dans un communiqué, il indique envisager «différentes actions» pour contester cette décision qu'il juge «contraire aux principes du fédéralisme». Il ne détaille pas les «actions» possibles.

En outre, il dit se réserver le droit de saisir le TF pour attaquer l'ordonnance correspondante dont il conteste la constitutionnalité. Mais il ne se lancera pas tout seul dans ce combat. «Nous allons discuter avec d'autres cantons pour voir si une collaboration est possible dans ce sens», a dit le ministre Martial Courtet à la RTS.

A cet égard, il rappelle le principe constitutionnel selon lequel chaque canton est libre de choisir un modèle éducatif pour autant que les objectifs soient atteints, ce qui est le cas du canton du Jura.

Nombreux défis

Neuchâtel regrette aussi la décision du Conseil fédéral. Il entend toutefois «se projeter vers l'avant». Le Conseil d'Etat neuchâtelois privilégie une approche impliquant l'entier de l'espace BEJUNE, soit avec les cantons voisins du Jura et de Berne.

L'Etat de Vaud rappelle lui aussi qu'il a accepté à contre-coeur cette révision fédérale, qu'il qualifie «de nouvelle entaille à l'autonomie cantonale». Il envisage une nouvelle organisation de la scolarité obligatoire. Comme base de travail, il va étudier l'instauration d'un modèle mixte, dit 10 ou 11 + 4.

Concrètement, le cursus de maturité pourrait commencer comme aujourd'hui à la fin de la 11e année scolaire ou à la fin de la 10e pour les élèves dont les résultats le permettent. Ce modèle mixte existe déjà dans plusieurs cantons alémaniques, comme Berne, Lucerne ou Saint-Gall.

Pour l'Etat de Vaud, plusieurs défis devront être relevés. Il faudra «questionner l'organisation du 3e cycle de la scolarité obligatoire, mais aussi de repenser l'orientation des jeunes durant et à la fin de la scolarité». Et trouver de nouveaux enseignants et de nouvelles salles de classe.

Cinq ans en Valais

Ailleurs en Suisse romande, Genève et Fribourg proposent déjà le gymnase (ou lycée, ou collège, la terminologie varie) en quatre ans. En Valais, c'est cinq ans, mais comme la Confédération souhaite quatre ans au minimum, le canton n'a pas l'intention de changer son mode de faire.

Au gymnase de Bienne et du Jura bernois, la préparation à la maturité (pour la formation monolingue) se fait sur trois ans au gymnase proprement dit et quatre ans si l'on tient compte de la première année accomplie dans le cadre de l'école secondaire.

kigo, ats