Bien-être durable Les parcs publics essentiels au bien-être

ATS

27.5.2020 - 12:55

En cette période post-confinement, les parcs publics, comme ici à Milan dimanche dernier, répondent à des besoins sociaux fondamentaux, selon cette étude.
En cette période post-confinement, les parcs publics, comme ici à Milan dimanche dernier, répondent à des besoins sociaux fondamentaux, selon cette étude.
Source: KEYSTONE/EPA/MATTEO CORNER

Les parcs publics jouent un rôle essentiel dans le bien-être durable des individus, toutes classes sociales confondues, selon une étude dirigée par l'Université de Genève (UNIGE). Leur fermeture, comme pendant la pandémie de Covid-19, accroît les inégalités.

Un espace libéré des tâches domestiques et des attentes patriarcales, un lieu pour cultiver l’amitié ou l’amour, un endroit qui permet de vivre un sentiment de liberté absent ailleurs, les parcs publics sont tout cela et bien plus encore, à en croire les habitants de quatre mégapoles asiatiques (Chennai, Singapour, Manille et Shanghai) interrogées dans le cadre de cette étude.

Les participants évoquent aussi une occasion de «rendre visite» à des arbres d’un pays d’origine que l’on n’a plus vu depuis longtemps, une manière de faire partie d’un groupe tout en restant seul sur son banc ou encore un coin idéal pour entretenir un petit commerce de subsistance.

Loin de ne profiter qu’à la biodiversité et à la santé, les espaces verts répondent à de nombreux autres besoins humains essentiels, note l'UNIGE mercredi dans un communiqué. Leur satisfaction ouvre la voie à un bien-être durable, une notion qui désigne l’alliance entre le bien-être personnel et les nécessités du développement durable.

Neuf besoins capitaux

«De nombreuses théories tentent de définir le bien-être humain», explique Marlyne Sahakian, professeure au Département de sociologie de l’UNIGE et première auteure de l’étude. «Au lieu de manier des notions subjectives comme le bonheur, nous avons utilisé une liste de neuf 'besoins protégés' établie récemment par des collègues de l’Université de Bâle», ajoute la chercheuse, citée dans le communiqué.

Ces besoins correspondent à ce que la société peut assurer à la population à travers le fonctionnement de son secteur public: disposer des biens satisfaisant les besoins vitaux, concrétiser sa propre idée de la vie quotidienne, vivre dans un environnement agréable à vivre, se développer en tant que personne, s’auto-déterminer, exercer des activités qu’on valorise soi-même, faire partie d’une communauté, participer aux décisions sur l’évolution de la société et être protégé par la société.

Armés de cette liste, les chercheurs ont interrogé des habitants des quatre villes asiatiques à propos de leur usage des parcs publics et des bénéfices retirés. Résultats: tous les besoins protégés trouvent une certaine satisfaction dans la fréquentation des espaces verts, certains avec un score significativement plus élevé, comme par exemple «faire partie d'une communauté».

«Une pratique sociale»

«Le fait de se rendre au parc est une pratique sociale qui nécessite plus qu’un simple espace vert», commente Marlyne Sahakian: «Les gens y effectuent différents types d’activités pour répondre au même besoin, par exemple faire de l’exercice, converser avec d’autres, lire un livre, rencontrer un groupe ou se renseigner sur la biodiversité dans les parcs».

«Ce sont des espaces très inclusifs, où tout le monde est plus facilement admis, contrairement à ce qui se passe dans les centres commerciaux qui opèrent une ségrégation sociale assez forte», souligne la chercheuse.

«Dans le contexte prochain d’un environnement post-Covid-19, où les dépenses publiques seront probablement plus limitées qu’avant, il est d’autant plus important d’entretenir les infrastructures des parcs (points d’eau, toilettes, sentiers...) et d’en assurer l’accès afin qu’ils puissent continuer de satisfaire aux besoins de tout le monde», selon elle.

Cette recherche, soutenue par le Swiss network for international studies, a été publiée dans le Journal of Public Space

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