Grand Conseil valaisan Les restrictions des messes divisent les députés valaisans

vs, ats

13.11.2020 - 15:36

En Valais, les offices religieux sont limités à dix personnes (photos d'illustration).
En Valais, les offices religieux sont limités à dix personnes (photos d'illustration).
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L'interdiction de célébrer des messes à plus de dix personnes a donné lieu à un bras de fer vendredi au Grand Conseil valaisan. Les partisans d'un assouplissement l'ont emporté. En Valais comme à Genève, des fidèles saisissent la justice.

Le conseiller d'Etat valaisan Frédéric Favre a eu beau répéter que la situation serait réévaluée dès le 1er décembre et demander patience et confiance jusqu'à cette date, cela n'aura pas suffi. Le Grand conseil a accepté, lors d'un vote très serré, deux postulats urgents demandant des assouplissements rapides.

Les auteurs des textes, issus des rangs PDC et UDC, demandent au Conseil d'Etat de déroger à la limitation de dix personnes selon les lieux de cultes. «Nous voulons revenir à un principe de proportionnalité le plus vite possible», a plaidé le député Benoît Bender (PDC), soulignant que traiter de la même manière une chapelle ou une église pouvant contenir 400 personnes n'a pas de sens.

«Le Conseil d'Etat a conscience des difficultés et s'engage à lever progressivement certaines mesures dès que la situation le permettra, mais au plus tôt dès le 1er décembre 2020», a répondu Frédéric Favre.

Partie de ping-pong

Pour le chef du département de la sécurité, des institutions et du sport la comparaison que font les partisans d'un assouplissement entre services religieux et grandes surfaces ne tient pas: dans les premières, «les gens sont en mouvement et ne restent pas ensemble de longues minutes».

«Les personnes les plus touchées par le Covid-19 ont entre 65 et 85 ans et c'est précisément la tranche d'âge qui se rend le plus à la messe. Le Conseil d'Etat a pris des mesures courageuses mais surtout responsables», a estimé le député Tarcis Ançay (AdG). Quant aux Verts, ils refusent que chacun bénéficie d'exception et soulignent que la priorité aujourd'hui est de réduire la propagation de la maladie.

A l'issue d'une longue partie de ping-pong, le postulat PDC a été accepté par 58 voix contre 54 et 2 abstentions, celui de l'UDC par 56 voix contre 54 et 3 abstentions.

Des «corona-lucides»

Les restrictions touchant les services religieux agitent aussi des groupes de citoyens qui entament des actions en justice. En Valais, le tribunal cantonal (TC) a refusé de lever les mesures restrictives le temps qu'il rende son jugement sur le fond. «Mes clients, qui ne sont pas des corona-sceptiques mais des corona-lucides, ont donc déposé un recours auprès du Tribunal fédéral pour demander la restitution de l'effet suspensif», a indiqué à Keystone-ATS Me Marc-André Mabillard.

Les recourants souhaitent que le nombre de participants aux messes soit déterminé en fonction des lieux de culte et des mesures de protection mises en place. Ils déplorent une «inégalité de traitement» avec les acteurs économiques comme les grands magasins par exemple.

«J'espère que la décision du TF tombera dans deux ou trois semaines. Le jugement du TC n'interviendra probablement pas avant Noël, précise Me Marc-André Mabillard.

Un abbé et un conseiller municipal

A Genève, un recours contre l'interdiction des services religieux a été déposé le 6 novembre. Il émane de l'abbé Jean de Loÿe, prieur de l'Oratoire Saint-Joseph, de la Fraternité de Pie X et de Eric Bertinat, citoyen catholique par ailleurs conseiller municipal UDC en Ville de Genève.

Ils rappellent que «depuis plusieurs mois les offices se sont déroulés dans le respect loyal des règles sanitaires.» L'interdiction des services religieux est en vigueur depuis le soir du 2 novembre dans le canton pour contrer la deuxième vague de Covid-19.

«Une énorme frustration»

A Fribourg, le nombre de participants aux offices religieux est limité à trente. «Cette situation suscite en moi une énorme frustration», réagit Dominique de Buman, ancien président du conseil national, cité par le site d'information Cath.ch.

Le politicien fribourgeois déplore cette limite. «Ce qui est vrai pour une chapelle ne peut être transféré à une cathédrale de la taille de celle de Fribourg», estime-t-il.

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