Le débat est ouvert De nouvelles centrales nucléaires en Suisse ?

kigo, ats

6.3.2024 - 11:44

Le Conseil des Etats est ouvert à l'idée de construire de nouvelles centrales nucléaires en Suisse. Il a adopté mercredi un postulat de Thierry Burkart (PLR/AG) visant à relancer le débat. Le Conseil fédéral et le centre-droit y étaient favorables.

Outre la construction de nouvelles centrales nucléaires, le postulat demande d'analyser les conditions requises pour une exploitation sûre à long terme des infrastructures existantes, comme ici celle de Gösgen (SO).
Outre la construction de nouvelles centrales nucléaires, le postulat demande d'analyser les conditions requises pour une exploitation sûre à long terme des infrastructures existantes, comme ici celle de Gösgen (SO).
ATS

kigo, ats

La stratégie énergétique 2050 a été élaborée sur des hypothèses erronées, selon le président du PLR Suisse. Les besoins d'électricité sont bien plus élevés que ce qui était planifié. M. Burkart a cité par exemple les mesures d'électrification pour atteindre les objectifs climatiques.

Sa priorité est d'assurer correctement l’approvisionnement énergétique. D'autant plus que le développement des énergies renouvelables indigènes avance plus lentement que prévu à cause de recours contre des projets régionaux et que le contexte international rend la situation incertaine.

Le postulat demande deux choses. Premièrement, il vise la sécurité des installations, en demandant d'analyser les conditions requises pour une exploitation sûre à long terme des infrastructures existantes.

On a besoin de plus d'électricité en hiver, la guerre en Ukraine l'a montré, a appuyé Pirmin Bischof (Centre/SO). Cela montre que la Suisse reste dépendante de l'énergie nucléaire. Celle-ci est neutre en CO2, a rappelé Jakob Stark (UDC/TG).

Le Conseil fédéral s'est aussi montré favorable. Une pénurie d'électricité causerait des dommages à hauteur de milliards de francs, a noté le ministre de l'énergie Albert Rösti. Le postulat ne demande qu'une évaluation «sur ce qui serait possible, pas plus».

La gauche a fustigé un postulat inutile. Les bases existent déjà en matière de cadre financier et réglementaire ainsi qu'au niveau des normes de sécurité pour les centrales existantes, a avancé Céline Vara (Vert-e-s/NE). Les centrales existantes en Suisse sont les plus vieilles au monde, a-t-elle encore avancé. «Il faut tirer la prise.»

Respecter la volonté populaire

Thierry Burkart demande en outre d'évaluer le scénario de construire de nouvelles centrales nucléaires dans le cas où les autres options avanceraient trop lentement. Dans sa réponse écrite, le Conseil fédéral estime que la construction de nouvelles centrales est «un scénario possible» à la condition que les décisions soient prises «en toute connaissance de cause».

La gauche et le PVL étaient opposés. Céline Vara a demandé d'envisager les investissements d'une autre manière. «Chaque franc dépensé dans une centrale nucléaire qui ne sera fonctionnelle que dans un avenir lointain n'est pas investi dans les énergies renouvelables.»

On revient sur la décision populaire de 2017 de sortir du nucléaire, a ajouté Mathilde Crevoisier Crelier (PS/JU). Il ne faut «pas s'éparpiller dans un domaine dont nous savons que nous devons en sortir.» Et de relever qu'au vu de la situation financière actuelle de la Confédération, on n'a pas les moyens de miser sur deux chevaux, soit les énergies renouvelables et le nucléaire.

Initiative populaire en cours

Lors d'un débat en décembre au National pour accélérer la construction de centrales solaires, éoliennes et hydroélectriques, l'UDC et le PLR avaient déjà tenté de rouvrir la porte aux centrales nucléaires. Le Centre s'était alors opposé mais avait indiqué être ouvert à une discussion sur le sujet.

La question sera aussi débattue au Parlement par un autre biais. Le mois dernier, une alliance de droite a déposé l'initiative populaire «De l'électricité pour tous en tout temps (Stop au blackout)».

Le texte précise que toutes les formes de production électrique respectant l'environnement et le climat doivent être autorisées. Le comité d'initiative souhaite ainsi rouvrir la porte à l'atome.