Hiver 2021-2022 Les domaines skiables ont le sourire

vf, ats

6.4.2022 - 15:01

Après deux ans de pandémie, les stations de ski affichent le sourire, à part au Tessin. La clientèle suisse, plus que les hôtes étrangers, a retrouvé les plaisirs de la poudreuse, effaçant presque les mauvais souvenirs du Covid-19.

«La saison 2021/22 sera sans doute l'une des meilleures qu'on ait jamais eue», témoigne Christian Dubois, directeur de Télé Villars-Gryon-Diablerets (TVGD). Les bons ingrédients étaient réunis, à savoir le soleil et la neige, renchérit son homologue, Pierre Mathey, directeur des Remontées mécaniques du Valais (RMV).

Les stations valaisannes ont globalement retrouvé la fréquentation de l'avant Covid. Les conditions météo exceptionnelles de mars ont compensé le manque de précipitations de janvier. La neige, tombée en abondance dès les premières semaines d'exploitation, est restée bonne grâce à des températures nocturnes fraîches, selon Pierre Mathey.

Si la clientèle suisse était au rendez-vous, les skieurs étrangers ne sont pas encore tous revenus en Suisse, note Pierre Mathey. Ce décalage, qui se traduit aussi en terme de pouvoir d'achat, a touché les grandes stations comme Verbier ou Zermatt. Le retour à la normale pour ces destinations renommées prend un peu plus de temps.

Deux ans de pertes pas rattrapés

Malgré une hausse réjouissante de la fréquentation, les stations n'ont pas rattrapé la perte des saisons 2019/20 et 2020/21, fortement affectées par la crise sanitaire. Certaines sont donc contraintes de revoir leurs plans. Des investissements dans de nouvelles installations sont ainsi reportés d'un an ou deux ans.

Même si Pâques tombe relativement tard cette année, les récentes chutes de neige offrent de belles perspectives pour bon nombre de stations valaisannes encore ouvertes jusque-là, voire au-delà.

Record dans les Préalpes vaudoises

Dans les Alpes vaudoises, Christian Dubois est plus que satisfait. Moins exposées aux renoncements de la clientèle étrangère, les stations de Villars-Diablerets, Leysin et Glacier 3000 ont fait le plein des skieurs locaux.

Le domaine de Villars/Gryon/Diablerets a enregistré à lui seul plus de 600'000 journées/skieurs, contre 520'000 lors de la saison précédente, précise M. Dubois, également président de l'Association des Remontées mécaniques des Alpes vaudoises (ARMAV). C'est 20% de plus que la moyenne des résultats des cinq dernières années.

La clientèle suisse a compensé entièrement les quelques défections des touristes étrangers, une situation qui s'explique aussi par le Magic Pass. Cette coopérative dont font partie les trois stations depuis son lancement en 2017, tire la fréquentation à la hausse grâce à son offre élargie désormais à 52 stations de ski.

Contrôles sanitaires moins coûteux

En outre, la pandémie n'a pas entraîné des mesures anti-Covid aussi coûteuses qu'en 2020/21. Remise à l'ordre pour des mesures sanitaires jugées insuffisantes à la suite d'un problème ponctuel, la station de Villars/Gryon/Diablerets avait dû engager 48 personnes supplémentaires pour un coût de 650'000 francs.

Cette année, l'arrangement trouvé avec la Confédération pour mettre les remontées mécaniques au même niveau que les transports publics a permis d'effectuer les contrôles sanitaires avec le personnel habituel, selon le directeur de TVGD. Il a bon espoir que les résultats suffisent à essuyer dès cette année le coup dur de l'an dernier.

Comme dans bon nombre de stations, les pistes seront encore ouvertes jusqu'à Pâques, même jusqu'au 1er mai pour Glacier 3000. Mais l'affluence des skieurs devrait être marginale, estime le directeur qui a déjà les yeux tournés vers la «Dolce Vista», une stratégie pour diversifier les loisirs de l'été sur le sommet du Grand Chamossaire.

Saison «sensationnelle»

Pour toute la Suisse, l'association Remontées Mécaniques Suisses, qui a publié ses chiffres de mars mercredi, annonce 15% de premiers passages en plus depuis le début de la saison et 19% de chiffre d'affaires supplémentaire pour l'hiver 2021/2022, par rapport à la moyenne sur cinq ans.

Ce que corrobore aussi côté alémanique la station d'Adelboden-Lenk (BE), qui parle de «saison réussie. Les exploitants du domaine skiable de Hoch-Ybrig (SZ) la qualifient de tout simplement «sensationnelle» et de «record absolu de l'hiver».

Des mesures sanitaires bien rodées

Au début de l'hiver, l'obligation d'obtenir un certificat dans les restaurants a encore quelque peu perturbé l'activité, a-t-on constaté dans le domaine de Hoch-Ybrig.

Les restrictions de capacité dans les grandes cabines en vigueur jusqu'à la mi-février ont en outre posé des problèmes à certains exploitants, car les files d'attente se sont fortement allongées, dit Berno Stoffel, directeur des Remontées Mécaniques Suisses.

Et comme les hôtes sont plus souvent arrivés en voiture privée qu'en transports publics en raison de la pandémie, les capacités de stationnement ont été mises à rude épreuve. Mais sinon, les règles sanitaires étaient rodées depuis longtemps.

Les hôtes «s'étaient habitués à des mesures telles que le port obligatoire du masque», ont constaté les exploitants d'Adelboden-Lenk, qui ont surtout accueilli des visiteurs nationaux, mais aussi, à nouveau, des hôtes des pays voisins, du Benelux et de Grande-Bretagne.

A Hoch-Ybrig aussi, contrairement à la saison précédente, on a enregistré à nouveau un nombre croissant de visiteurs allemands. En début de saison, la génération plus âgée n'était en revanche pas encore aussi nombreuse sur les pistes en raison de la situation sanitaire.

Bémol au Tessin

Au Tessin, selon les Remontées Mécaniques Suisses, le mois de mars est en revanche également resté «extrêmement négatif par rapport à l'année précédente, avec des valeurs désagréablement basses».

Le canton a enregistré 79% de premiers passages en moins depuis le début de la saison et le chiffre d'affaires a été inférieur de 62%. Motif: il n'y a pratiquement pas eu de neige.

vf, ats