L'UDC seule contre tousLes Suisses devraient accepter la neutralité carbone d'ici 2050
kigo, ats
14.5.2023 - 09:53
Deux ans après le rejet de la loi sur le CO2, le climat s'invite à nouveau dans les urnes. Selon les sondages, le peuple devrait accepter la neutralité carbone d'ici 2050 le 18 juin. L'UDC, qui a lancé le référendum, est seule contre tous.
Keystone-SDA, kigo, ats
14.05.2023, 09:53
ATS
Sécheresse, canicule, fortes pluies, manque de neige, fonte des glaciers: la Suisse ressent les effets du changement climatique. Parallèlement, le pays importe environ 75% de son énergie. Et le pétrole et le gaz naturel, qui proviennent exclusivement de l'étranger, ne seront pas disponibles à l'infini.
Le projet soumis au vote a pour but de faire d'une pierre trois coups. Il s'agit à la fois de réduire les atteintes à l'environnement et de renforcer la sécurité énergétique. En outre, la loi sur la protection du climat fait office de contre-projet indirect à l'initiative pour les glaciers.
Déposée en 2019, cette initiative demande le respect de l'Accord de Paris, qui vise le zéro net d'ici 2050. Le gouvernement et le Parlement trouvent que le texte va trop loin, refusant l'interdiction explicite dans la Constitution des agents énergétiques fossiles, comme les carburants, le mazout et le gaz.
Programmes d'encouragement
Le contre-projet fait la part belle aux programmes d'encouragement financier pour réduire la consommation d'énergie. Le Parlement a tiré les leçons du rejet de la loi sur le CO2 et a écarté toute taxe et interdiction. Une approche saluée par les partisans.
Deux milliards de francs pendant une décennie ont été débloqués pour soutenir l'assainissement des bâtiments et le remplacement des chauffages électriques ou à combustible fossile. Une enveloppe de 1,2 milliard de francs sur six ans est prévue à destination des entreprises qui investissent dans des technologies respectueuses du climat.
En matière de neutralité carbone, la loi prévoit des étapes intermédiaires. La Suisse devra réduire ses émissions de 75% par rapport à 1990 d'ici 2040. Des valeurs indicatives sont aussi prévues pour les différents secteurs. Les émissions restantes devront être compensées.
Les flux financiers devront eux être plus compatibles avec le climat. Les autorités devront quant à elles montrer l'exemple et atteindre l'objectif de zéro net dès 2040.
Soutien des milieux économiques
Toutes ces mesures ont de fortes chances de passer la rampe. Au niveau politique, tous les partis sauf l'UDC sont favorables au texte, de même que le Conseil fédéral, les cantons, les villes et les communes.
Quant aux milieux économiques, la plupart défendent cette fois la loi, contrairement à 2021. Figurent notamment economiesuisse, l'Union suisse des paysans, la Fédération suisse du tourisme ou la Société suisse des entrepreneurs. L'Union suisse des arts et métiers (usam) laisse elle la liberté de vote.
Les milieux scientifiques, le Groupement suisse pour les régions de montagne (SAB) ainsi que de nombreuses organisations de protection de la nature et de l'environnement recommandent aussi le «oui». Les partisans pointent du doigt les conséquences du changement climatique qui se font déjà nettement sentir en Suisse, notamment dans les régions alpines.
Le coût des dommages climatiques se chiffre en milliards. La loi permet en outre au pays de se libérer de sa dépendance vis-à-vis des importations de pétrole et de gaz depuis l'étranger.
Davantage d'électricité consommée
Dans l'autre camp, outre l'UDC, on trouve GastroSuisse et l'association qui représente les intérêts des propriétaires immobiliers en Suisse alémanique. Les opposants arguent que la loi entraînera une consommation démultipliée d'électricité, alors même que la Suisse n'est pas en mesure d'en produire suffisamment. L'UDC dénonce une augmentation des charges à hauteur de milliers de francs par ménage et par an.
Il est indéniable qu'en cas d'acceptation de la loi, les besoins en électricité augmenteraient en raison du remplacement nécessaire des énergies fossiles, a concédé le ministre de l'énergie Albert Rösti lors de la campagne. «Cela exige que la société soit prête à soutenir cette augmentation avec toutes ses conséquences», selon l'UDC bernois, qui doit défendre un projet auquel il était opposé avant son élection au Conseil fédéral.
A quelques semaines du vote, les premiers sondages donnent le camp du «oui» gagnant. Si les partisans l'emportent, l'initiative n'aura plus lieu d'être puisque ses auteurs l'ont retirée à la condition que le contre-projet soit accepté. En cas de refus, le comité devra décider si l'initiative doit être soumise au peuple.