L'euphorie du PS pour l'Europe s'est largement dissipée, estime le président sortant du Parti socialiste Christian Levrat dans la NZZ am Sonntag. Si l'accord institutionnel devait échouer, ce ne serait pas «la fin du monde», selon le Fribourgeois.
Pour Christian Levrat, il faut désormais clarifier les choses rapidement: les négociations avec Bruxelles doivent être soit conclues, soit interrompues. Le Conseil fédéral devrait encore insister à Bruxelles pour que les mesures d'accompagnement soient garanties «sans si ni mais».
Si l'UE n'entre pas en matière et que l'accord-cadre échoue, ce ne serait certes pas idéal mais «pas un drame» non plus. Les accords bilatéraux devraient alors être développés seulement dans les domaines où il y a un intérêt mutuel.
Le PS est en principe favorable à un accord-cadre avec l'UE. Mais cela ne peut se faire que si la Suisse reçoit des garanties dans les domaines de la protection des salaires, du service public et pour la directive sur la citoyenneté.
Pas de rapprochement en vue
Le PS est un «parti européen» et s'engage pour une intégration dans l'UE. Il n'y a cependant aucune base pour de nouvelles tentatives de rapprochement avec l'UE, a déclaré M. Levrat. L'UE n'est pas beaucoup plus progressiste que la Suisse dans le domaine social.
Il y a des évolutions en matière financière et fiscale. Mais Bruxelles a des problèmes de migration, de cohésion et, dans certains pays, d'Etat de droit. Tant que l'UE ne fait pas de progrès social et écologique, le moment n'est pas venu de faire des pas supplémentaires.
Christian Levrat se retire de la présidence du PS dans deux semaines. Les conseillers nationaux Mattea Meyer (ZH) et Cédric Wermuth (AG) reprendront la barre. Dans une interview jeudi dernier au Tagesanzeiger, ils ont indiqué s'aligner sur la position du Fribourgeois: «Sans éclaircissements juridiques complets, l'accord-cadre ne peut pas être soutenu».
A prendre avec distance
L'UE a clairement indiqué qu'elle était prête à discuter de précisions mais pas à ouvrir de nouvelles négociations. Pour Hans-Ulrich Bigler, directeur de l'Union suisse des arts et métiers (usam), ces pressions ne doivent pas être surestimées, a-t-il fait savoir dans le Sonntagsblick.
La faîtière des PME et les syndicats ont transmis une proposition au Conseil fédéral sur la manière de développer les mesures d'accompagnement dans l'accord institutionnel. Les partenaires sociaux et le gouvernement n'ont pas encore fixé de rendez-vous pour discuter de cette offre. Les deux parties ont convenu de ne pas divulguer son contenu.
Le problème réside dans la reprise dynamique du droit européen, selon M. Bigler. Avec les dispositions actuelles, une cour européenne peut se prononcer sur des mesures de protection des salaires. Son jugement serait contraignant pour la Suisse. Ce n'est pas acceptable.