Dès lundiL'OMS s'attaquera aux vaccins et à la prochaine pandémie
sn, ats
21.5.2021 - 09:53
La réponse à la prochaine pandémie se prépare aujourd'hui. Les 194 membres de l'OMS se réunissent dès lundi en ligne pour renforcer l'organisation et discuter de la production locale de vaccins. La rencontre sera ouverte par le conseiller fédéral Alain Berset.
sn, ats
21.05.2021, 09:53
21.05.2021, 10:25
ATS
De l'aveu même de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), cette Assemblée mondiale de la santé sera «l'une des plus importantes». Aussi bien pour adapter les dispositifs de santé mondiale que pour l'institution, dit le directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Plus d'un an après le début de la pandémie, les Etats sont contraints à nouveau de dialoguer à distance. Après trois rapports indépendants qui ont conclu à des lacunes aussi bien de l'OMS que des gouvernements, la réaction de ces pays sera très attendue.
Notamment à l'investigation qu'eux-mêmes avaient lancée lors de l'Assemblée il y a un an, après les critiques américaines contre l'institution et M. Tedros, accusés d'être trop proches de la Chine. Les Etats doivent approuver mardi par consensus une résolution pour établir un groupe de travail sur ces recommandations.
Le panel d'investigation a estimé il y a quelques jours que la pandémie «aurait pu être évitée» et que l'urgence sanitaire de portée internationale avait été déclarée trop tard par l'organisation, fin janvier 2020. Dans leur résolution, les pays vont proposer un système d'alerte régional, alors que le comité d'experts du Règlement sanitaire international a été visé pour avoir attendu huit jours avant de recommander l'urgence sanitaire.
Discussion liée au vaccin
Le panel souhaite aussi une réforme pour un seul mandat de sept ans du directeur général. Même si ce dispositif ne s'appliquerait pas à M. Tedros qui est candidat à sa succession l'année prochaine. Un mécanisme d'élection doit être discuté, mais pas avant l'Assemblée mondiale de l'année prochaine.
Le panel demande aussi une levée provisoire de la propriété intellectuelle à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sur les vaccins et les autres technologies contre le coronavirus. Une question qui divise et à laquelle la Suisse est opposée, préférant des licences volontaires et appelant à augmenter les capacités de production dans les pays en développement.
Selon plusieurs acteurs, des exceptions aux brevets ne permettraient pas de fabriquer une dose supplémentaire pendant plusieurs mois au moins. Or, les divergences sur l'accès équitable rebondissent aussi à l'OMS. Parmi les 70 composantes au total que les Etats devront discuter pendant plus d'une semaine, figure notamment un projet de résolution sur la production locale de vaccins.
La Suisse a négocié âprement les termes de cette décision. Une attitude, en ligne avec les entreprises pharmaceutiques, dénoncée ces derniers mois par plusieurs ONG. Mais face aux pressions sur les brevets, les faîtières internationales de la pharma veulent aider les Etats à partager leurs doses surnuméraires. Et en appellent notamment à la Suisse.
Celle-ci rétorque en affichant son soutien financier de 300 millions de francs au dispositif Covax pour un accès équitable. Mais en raison des blocages aux exportations, il manque plus de 150 millions de doses à ce mécanisme par rapport aux prévisions.
Divergences sur une convention-cadre
Pour la Suisse, l'assemblée sera importante pour défendre le rôle de l'OMS, son financement durable et l'écosystème de la santé de la Genève internationale. Avant même les recommandations des évaluations internationales sur la pandémie, elle a lancé une coalition d'Etats pour réfléchir aux améliorations possibles sur la sécurité sanitaire. Le projet de résolution qui doit être approuvé mardi propose de tester un mécanisme d'examen des pays par leurs pairs, comme celui au Conseil des droits de l'homme.
Les membres doivent aussi décider ou non de l'ouverture possible de négociations sur un traité de préparation aux pandémies qui viendrait faciliter l'application du Règlement sanitaire international, mécanisme qui pilote la réaction aux situations d'urgence sanitaire. Les avis divergent encore sur le lancement on non des discussions, certains demandant d'attendre un peu.
Le panel d'investigation sur la pandémie souhaite aussi que l'organisation s'appuie sur des pouvoirs étendus pour acheminer rapidement des experts en cas de situations d'urgence. Mais le scénario devrait se heurter à la réticence des Etats.