Exportation Matériel de guerre: ventes en hausse

ATS

3.3.2020 - 10:34

Un quart des exportations d'armes concernent des munitions et leurs composants (image d'illustration).
Un quart des exportations d'armes concernent des munitions et leurs composants (image d'illustration).
Source: KEYSTONE/ALESSANDRO DELLA VALLE

Les entreprises suisses ont exporté davantage de matériel de guerre l'an dernier qu'en 2018. L'Europe reste la première destination pour les trois quarts des ventes. Le GSsA accuse la Suisse d'«alimenter» des guerres.

Les entreprises suisses ont exporté pour 728 millions de francs de matériel de guerre vers 71 pays l'an dernier, soit une hausse de 43% par rapport à 2018, a indiqué le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO) devant la presse mardi à Berne. Cela correspond à une part de 0,23% dans les exportations totales de marchandises de l'économie suisse.

Les exportations de matériel de guerre ont affiché une hausse de 218,1 millions de francs pour se porter à 728,0 millions, contre 509,9 millions en 2018. Cette hausse s'inscrit dans le sillage de l'ensemble des exportations de marchandises depuis la Suisse, qui ont progressé d'environ 3% par rapport à l'année précédente.

Ce résultat tient en particulier à trois grandes opérations. Celles-ci ont été réalisées avec le Danemark, la Roumanie et le Bangladesh.

Le Danemark, premier acheteur

Les principales opérations ont concerné la livraison de véhicules blindés à roues vers le Danemark (150 millions) et vers la Roumanie (111 millions) ainsi que l'exportation de munitions et de leurs composants vers l'Allemagne (68 millions) et de systèmes de défense antiaérienne et de leurs munitions vers le Bangladesh (55 millions).

Près de 64% (80% en 2018) du matériel de guerre exporté avait pour destination les 25 pays mentionnés à l'annexe 2 de l'ordonnance sur le matériel de guerre (OMG). Ces pays ont adhéré aux quatre régimes internationaux de contrôle à l'exportation de biens sensibles sur le plan stratégique (Groupe des pays fournisseurs nucléaires, Groupe d'Australie, Régime de contrôle de la technologie des missiles, Arrangement de Wassenaar).

Les trois quarts des exportations, 73,3% (75,6% en 2018) ont pris le chemin de l'Europe. Le reste se divise pour 14,6% (11,6%) vers l'Asie, 8,1% (12,5%) vers l'Amérique, 2,6% (0,1%) vers l'Australie et 1,4% (0,2%) vers l'Afrique.

Les cinq plus grands pays importateurs de matériel de guerre ont été le Danemark, avec des livraisons d'une valeur de 155,3 millions de francs. Il est suivi de l'Allemagne (125,8 millions), de la Roumanie (111,8 millions), du Bangladesh (55,2 millions) et des Etats-Unis (38,5 millions).

Véhicules blindés les plus vendus

Réparties selon les catégories de matériel de guerre énumérées à l'annexe 1 de l'ordonnance ad hoc, 41,4% des livraisons effectuées en 2019 ont concerné des véhicules blindés, 23,5% des munitions et leurs composants, 11,6% du matériel de conduite de tir, 8,4% des armes de tout calibre et 7,5% des composants pour avions de combat. Les 7,6% restants se sont répartis entre sept autres catégories.

Le SECO publie également une statistique des biens militaires spécifiques répertoriés à l'annexe 3 de l'ordonnance sur le matériel de guerre (perturbateurs, protection balistique, systèmes de vision nocturne, simulateurs, etc.).

La valeur totale des permis individuels accordés sur la base des critères définis par la législation sur le contrôle des biens s'est élevée à quelque 20 millions de francs en 2019 (25 millions en 2018).

«Exporter la paix»

Dans un communiqué, le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) dénonce les ventes d'armes. Citant un rapport d'Amnesty International, il accuse la Suisse «d'alimenter» certains conflits en autorisant des ventes d'armes à des pays «dans lequels les droits de l'homme ont été massivement violés», comme le Bangladesh, le Bahreïn et l'Arabie saoudite ou encore le Pakistan.

Cette politique de vente d'armes n'est pas dans l'esprit de la promotion internationale de la paix, écrit le GSsA. «La Suisse [...] doit exporter la paix et non la guerre», déclare la secrétaire de l'organisation Nadia Kuhn, citée dans le communiqué.

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