Menaces contre un journaliste suisseAmbassadeur russe convoqué au DFAE
ro, ats
20.4.2023 - 17:07
Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a convoqué jeudi l'ambassadeur de Russie en Suisse, après les menaces de la représentation diplomatique envers un journaliste de la NZZ. Il lui a fait savoir que de tels propos sont «inacceptables».
ro, ats
20.04.2023, 17:07
20.04.2023, 19:24
ATS
Les services d'Ignazio Cassis ont également souligné que «ce type d'intimidation» des journalistes n'est pas toléré en Suisse, a indiqué jeudi un porte-parole du DFAE, Pierre-Alain Eltschinger, à Keystone-ATS. Ils ont rappelé que la liberté d'information et la liberté des médias sont garanties par la Constitution fédérale.
Les professionnels des médias doivent pouvoir exercer leur travail, essentiel au bon fonctionnement d'une démocratie, sans intimidation ni crainte, ajoute le DFAE.
Selon la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques, les diplomates étrangers sont tenus de respecter les lois et les règlements de l'Etat de résidence, y compris la Constitution, et donc les droits fondamentaux.
Dans ses contacts avec les ambassades étrangères, le DFAE souligne régulièrement l'importance de la liberté d'expression, de la liberté d'information et de la liberté des médias comme base du bon fonctionnement d'une démocratie et il explique le système des médias libres en Suisse, souligne M. Eltschinger. Le DFAE continuera à défendre cette position à l'avenir.
«Légitimation du terrorisme»
Les menaces de l'ambassade russe étaient liées à la couverture de l'agression russe en Ukraine par le journaliste de la NZZ. Mécontente d'un article, l'ambassade russe avait publié un communiqué menaçant en le citant nommément et en indiquant que ses déclarations étaient susceptibles de valoir en Russie une amende, une peine de travaux forcés ou plusieurs années de prison.
L'article mis en cause évoquait notamment la résistance ukrainienne dans la ville de Melitopol. Le journaliste y évoquait entre autres des «actions de guérilla ukrainiennes relativement pacifiques» , en donnant l'exemple de femmes de la ville qui «distribuaient aux soldats russes des pâtisseries coupées avec des laxatifs».
L'ambassade de Russie a estimé que l'article était de nature à légitimer le terrorisme. Elle a aussi qualifié d'"inventions et de rumeurs» certains éléments, comme l'épisode des «pâtisseries».
Condamnations
Les menaces russes ont été condamnées jeudi par les organisations de défense des journalistes. Pour impressum, il s'agit d'une attaque d'Etat contre la liberté de la presse qui ne peut pas être acceptée en Suisse. L'accusation de «justification du terrorisme» est «absurde».
L'association professionnelle des journalistes demande aux autorités de poursuite pénale suisses compétentes d'examiner si les propos tenus sur le site de l'ambassade russe, accessibles à tous, doivent avoir des conséquences pénales. Et ce même si l'enquête est dirigée contre des diplomates.
La section suisse de Reporters sans frontières (RSF) a pour sa part dénoncé une réaction «aussi choquante qu'absurde», qui «dénote d'un mépris complet pour la liberté de la presse». L'organisation relève que ces menaces «ne sont pas surprenantes, venant d'un pays qui viole quotidiennement et gravement la liberté d'informer».