Le point Moscou veut tenir ses «objectifs» malgré l'aide occidentale à Kiev

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5.5.2022 - 14:52

La Russie a reconnu jeudi que le soutien occidental ralentissait son offensive en Ukraine mais affirmé qu'il ne «l'empêcherait pas de remplir ses objectifs». À Marioupol, des informations contradictoires circulent sur l'évacuation des civils.

A tank of the Donetsk People's Republic militia rolls in Mariupol, in territory under the government of the Donetsk People's Republic, eastern Ukraine, Wednesday, May 4, 2022. (AP Photo/Alexei Alexandrov)
A tank of the Donetsk People's Republic militia rolls in Mariupol, in territory under the government of the Donetsk People's Republic, eastern Ukraine, Wednesday, May 4, 2022. (AP Photo/Alexei Alexandrov)
KEYSTONE

Keystone-SDA, bas

«Les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l'Otan dans son ensemble partagent en permanence des données du renseignement avec les forces armées ukrainiennes. Conjuguées aux approvisionnements en armes (...) ces actions ne permettent pas d'achever rapidement l'opération», a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov. Il réagissait à des informations du New York Times selon lesquelles les renseignements fournis par les Etats-Unis à l'armée ukrainienne ont permis de cibler plusieurs généraux russes près du front.

Ces actions occidentales «ne sont toutefois pas en mesure d'empêcher» que les objectifs de l'offensive russe en Ukraine soient remplis, a-t-il ajouté, après 10 semaines d'une guerre qui a déjà fait des milliers de morts et provoqué l'exode de plus de 5 millions d'Ukrainiens.

Jusqu'ici, Moscou n'a pu revendiquer le contrôle total que d'une ville ukrainienne d'importance, Kherson, dans le sud. Mais la Russie espère, après deux mois de siège et de bombardements, prendre bientôt complètement le port stratégique de Marioupol, où les derniers combattants ukrainiens sont retranchés, avec des civils, dans les souterrains de l'immense aciérie Azovstal.

À Berdyansk, dans le sud de l'Ukraine, la Russie est venue pour rester

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Les forces de Moscou ont pris le contrôle de cette importante ville portuaire située sur la mer d'Azov, la plus grosse après Marioupol, dans les premiers jours de leur offensive. Presque sans rencontrer de résistance.

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Trêve?

Dmitri Peskov a affirmé jeudi que des couloirs humanitaires «fonctionnaient» pour évacuer les civils restants dans cette usine de Marioupol – qui seraient encore 200, selon le maire de la ville Vadim Boïtchenko. Il a aussi assuré que l'armée russe respectait le cessez-le-feu autour de l'aciérie qu'elle a annoncé la veille pour trois jours consécutifs, de 06h00 à 14h00 (heure suisse) de jeudi à samedi. Les Ukrainiens n'ont cependant confirmé aucune trêve.

«Les occupants russes sont occupés à bloquer et essayer d'anéantir les unités ukrainiennes sur le territoire d'Azovstal», a indiqué dans un communiqué jeudi matin l'armée ukrainienne, ajoutant que les troupes de Moscou avaient «repris l'offensive avec le soutien d'avions pour prendre le contrôle de l'usine».

Ukraine: des évacués d'Azovstal racontent leur calvaire

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Après des semaines de bombardements russes, des civils évacués de l'aciérie Azovstal à Marioupol sont arrivés en bus dans la ville ukrainienne de Zaporijjia. Ils racontent leur survie et les fouilles russes.

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Dans un message vidéo diffusé mercredi soir, le commandant du régiment Azov qui défend l'usine, Denys Prokopenko, affirmait que «des combats sanglants sont en cours à Azovstal», avec des soldats russes présents «dans l'enceinte de l'aciérie».

Appel mondial à des fonds

Quelque 344 personnes ont pu être encore évacuées mercredi de Marioupol et ses environs vers Zaporijjia, ville sous contrôle ukrainien située à quelque 230 km de là, selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Une centaine de civils d'Azovstal avaient aussi pu fuir ce weekend dans le cadre d'une évacuation organisée avec l'ONU et le Comité international de la Croix-Rouge.

M. Zelensky a également appelé le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres à aider à «sauver» les blessés dans l'aciérie. Des centaines de personnes – combattants ukrainiens et civils – se terrent depuis début mars dans des galeries souterraines datant de la Seconde Guerre mondiale courant sous le site d'Azovstal. Moscou concentre sa puissance de feu sur l'aciérie depuis que le président Vladimir Poutine a annoncé la «libération» de la ville le 21 avril.

La prise totale de Marioupol, port industriel au sud du Donbass dévasté par deux mois de siège et de bombardements russes, serait une victoire importante pour Moscou à l'approche du 9 mai, jour où la Russie célèbre avec un grand défilé militaire sur la Place Rouge sa victoire sur l'Allemagne nazie. Les Ukrainiens ont affirmé que les Russes se préparaient à organiser un défilé militaire de victoire à Marioupol ce jour-là.

Dans ce contexte, le président ukrainien, qui ne cesse de réclamer plus de sanctions contre la Russie et plus de livraisons d'armes aux Occidentaux, a lancé jeudi une campagne mondiale de levée de fonds pour l'Ukraine, via une plateforme spécialement créée pour l'occasion, United24. «En un clic, vous pouvez donner des fonds pour aider nos défenseurs, sauver nos civils et reconstruire l'Ukraine», a-t-il déclaré en anglais dans une vidéo sur Twitter annonçant son lancement.

Embargo sur l'or noir

De son côté, la Commission européenne a proposé mercredi un embargo progressif de l'Union européenne sur le pétrole importé de Russie. Si les Etats membres de l'Union européenne donnent – à l'unanimité – leur feu vert, «nous renoncerons progressivement aux livraisons russes de pétrole brut dans les six mois et à celles de produits raffinés d'ici la fin de l'année», a dit la présidente de la Commission Ursula von der Leyen.

Le projet de la Commission prévoit une exemption temporaire pour la Hongrie et la Slovaquie, deux pays enclavés et totalement dépendants des livraisons par l'oléoduc «Droujba», qui pourront continuer leurs achats à la Russie en 2023. Budapest a toutefois refusé d'accepter ce projet en l'état, s'attirant les foudres du chef de la diplomatie ukrainienne, qui a accusé tout pays s'opposant à un tel embargo de «complicité» avec les crimes imputés aux Russes en Ukraine.

Les cours du pétrole se sont envolés sous l'effet du projet d'embargo. Le prix du baril de Brent de la mer du Nord a atteint son plus haut niveau depuis deux semaines et demi.

Frappes mortelles

Sur le terrain des opérations militaires, les forces russes continuaient leur offensive, notamment dans l'est du pays, selon l'armée ukrainienne. Selon le gouverneur de la région de Donetsk, 25 civils ont été blessés dans une frappe ayant touché dans la nuit un quartier résidentiel à Kramatorsk.

L'armée russe, de son côté, a indiqué y avoir visé un poste de commandement ukrainien et deux entrepôts militaires sur l'aérodrome de la ville. Moscou a également indiqué avoir frappé avec des missiles «de haute précision» dans le sud, notamment un aéroport militaire près de Kirovograd, ainsi qu'un dépôt de munitions et un dépôt de carburants dans la région de Mykolaïv.

«Grâce au succès d'actions des défenseurs ukrainiens, l'ennemi a perdu le contrôle de plusieurs localités près des régions de Mykolaïv et Kherson», a néanmoins indiqué l'état-major ukrainien jeudi matin.

Aux frontières nord de l'Ukraine, le Bélarus – un allié de Moscou – a entamé mercredi des manoeuvres militaires «surprise» censées tester les capacités de réaction de son armée, a déclaré son ministère de la Défense. Et Moscou a annoncé mercredi soir que son armée avait simulé des tirs de missiles à capacité nucléaire dans l'enclave russe de Kaliningrad, située entre la Pologne et la Lituanie, deux pays membres de l'UE. Plus de 100 militaires ont participé à ces exercices.

Depuis Chisinau, le président du Conseil européen Charles Michel a lui annoncé que les Européens prévoyaient d'accroître «considérablement» leur soutien à la Moldavie cette année, en livrant des équipements militaires supplémentaires à ses forces armées. De récentes attaques sur le territoire séparatiste moldave prorusse de Transdniestrie ont accru l'inquiétude d'une extension du conflit à cette ex-république soviétique de 2,6 millions d'habitants.

Nouvelles sanctions

Outre un embargo sur le pétrole russe, l'Union européenne a aussi proposé mercredi d'exclure trois banques russes supplémentaires – dont Sberbank, le plus gros établissement russe – du système financier international Swift. La Commission européenne préconise par ailleurs de sanctionner le chef de l'Eglise orthodoxe russe, le patriarche Kirill, qui a multiplié les sermons soutenant l'intervention militaire en Ukraine.

Le président américain Joe Biden a déclaré de son côté qu'il discuterait cette semaine avec les autres pays du G7 de possibles sanctions «supplémentaires» contre Moscou. Une réunion du Conseil de sécurité sur l'Ukraine était par ailleurs prévue jeudi soir à New York.