Valais Oui au crédit d'engagement pour réhabiliter la ligne du Tonkin

zd, ats

11.3.2024 - 14:42

Le Grand Conseil valaisan a donné lundi son feu vert à l'octroi d'un crédit d'engagement de 22,8 millions de francs pour le projet de réhabilitation de la ligne ferroviaire entre Saint-Gingolph (VS) et Evian-les-Bains (F), dite du Tonkin. La décision finale concernant ce projet revient toutefois à la France.

Les défenseurs de l'extension de la ligne du Tonkin entre St-Gingolph (VS) et Evian-les-Bains (F) sont suspendus à la décision de l'Etat français. Si celle-ci se fait, elle sera exploitée par l'opérateur suisse RegionAlps (image d'illustration/archives).
Les défenseurs de l'extension de la ligne du Tonkin entre St-Gingolph (VS) et Evian-les-Bains (F) sont suspendus à la décision de l'Etat français. Si celle-ci se fait, elle sera exploitée par l'opérateur suisse RegionAlps (image d'illustration/archives).
ATS

Keystone-SDA, zd, ats

Le montant, qui a été validé par le parlement cantonal à l'unanimité, sera prélevé dans le fonds des infrastructures du XXIe siècle. «Le vote de ce crédit aujourd'hui est un signal fort qui confirme à la Région Auverge-Rhône-Alpes et à l’Etat français l'intérêt du canton pour ce projet et met un peu la pression», a souligné lundi en plénum le conseiller d'Etat Franz Ruppen.

Car la décision finale concernant ce projet revient à la France, a-t-il aussi rappelé. L’inscription des études au Contrat de plan Etat Région (CPER) en France, qui devrait avoir lieu au premier semestre 2024, représente une étape décisive pour la poursuite de ce projet. Cette inscription permettrait le démarrage de la procédure administrative aboutissant à une déclaration d’utilité publique. S'agissant d'un projet binational, «je ne peux pas donner de garantie», a aussi ajouté Franz Ruppen.

Ce montant de 22,8 millions doit permettre de préfinancer les études détaillées et des procédures administratives (4,8 millions de francs). Mais aussi 10% des travaux de réhabilitation de la ligne (18 millions).

Chaînon manquant

Le tronçon de 17,8 kilomètres entre Evian et St-Gingolph a déjà fait l'objet de plusieurs études préliminaires dans le passé, car il est le chaînon manquant à une véritable desserte ferroviaire au sud du Léman. Une fois réalisé, il compléterait d'un côté l’extension du RER Léman-Express qui relie, depuis décembre 2019, Genève à Évian-les-Bains et de l'autre prolongerait l’exploitation du RER Valais-Wallis qui part de Brigue.

La réhabilitation de la ligne, abandonnée à la fin des années 1990, contribuerait ainsi à réduire la congestion du trafic routier et ses plus de 10’000 véhicules qui traversent la frontière chaque jour, avec des pointes à plus de 13'000. Les projections indiquent qu’environ 1,5 million de voyageurs annuels sont attendus sur la ligne du Sud Léman.

En plénum, les députés ont salué un projet «indispensable» pour le Chablais, il s'agit aussi d'une première étape dans le désenclavement de la région qui «doit se poursuivre avec la connexion de Monthey à la ligne du Simplon», a relevé le PLR. «En le soutenant, c'est aussi un symbole fort envoyé au bas de notre canton et qui lui permettra de développer un maillage entre les trois Chablais» (ndlr: valaisan, vaudois et français), a abondé le PS.

Projet global à 300 millions

Les rails manquant au sud du Léman se situent entièrement en France. La participation de la Suisse à l'aménagement de tronçons frontières est toutefois «classique», avait précisé à la mi-février à Keystone-ATS le chef du service valaisan de la mobilité Vincent Pellisssier, donnant pour exemple les tronçons frontières menant à Domodossola (I) ou à Belfort (F). Dans le Chablais, si la ligne se fait comme le souhaitent le canton et la Confédération, elle sera exploitée par l'opérateur suisse RegionAlps.

Les investissements totaux nécessaires pour la réouverture de ce tronçon ferroviaire sont estimés à 300 millions de francs, y compris le matériel roulant (70 millions de francs) et les interfaces multimodales (50 millions de francs). Si la Confédération participe, ça ne serait que pour le financement des infrastructures ferroviaires estimées à ce jour à 180 millions de francs.