ValaisOuverture prolongée des magasins: les fronts se lézardent
vs, ats
6.2.2024 - 09:41
Le Valais décidera le 3 mars prochain s'il souhaite étendre les horaires d'ouverture des magasins. Le sujet a divisé droite et gauche au Grand Conseil. Mais à la surprise générale, durant la campagne, les bases du Centre et du PLR ont revu leur position.
vs, ats
06.02.2024, 09:41
ATS
Jeudi 11 mai 2023 fin d'après-midi: le Grand Conseil valaisan accepte en deuxième lecture la loi sur l'ouverture des magasins (LOM) par 91 voix contre 35 et 2 abstentions.
Dans la foulée, la gauche lance un référendum. Il aboutit trois mois plus tard avec 5379 signatures, soit plus de 2000 de plus que nécessaire, ouvrant ainsi la voie à la votation du dimanche 3 mars.
Revirement à droite
La LOM prévoit notamment de repousser l'heure de fermeture des magasins à 19h00 tous les soirs de la semaine contre 18h30 actuellement. Une «réforme mesurée», un compromis «raisonnable et moderne qui répond à une évolution de la société», ont plaidé l'UDC et le Centre du Valais romand lors des débats au Grand Conseil.
Mais durant la campagne, le Centre a revu sa position: les membres du Conseil de parti ont décidé à une courte majorité (24 voix contre 19 et 3 abstentions) de s'opposer à la réforme après un débat entre le chef du groupe centriste au parlement cantonal et un député socialiste.
Revirement également du côté du PLR qui s'est pourtant déclaré «viscéralement attaché à la liberté de commerce» lors des débats au Grand Conseil. Confronté aux opinions divergentes de ses membres, dont certains ont rejoint le camp du non après avoir discuté avec des milieux économiques concernés par la réforme, le parti renonce finalement à donner une consigne de vote.
Quant à l'UDC du Haut-valais, adepte d'une libéralisation totale des horaires «dans les limites imposées par le droit supérieur», il campe sur ses positions et soutient la loi.
«Nuisible et inutile»
Unie et mobilisée depuis le début, la gauche combat la LOM qui, selon elle, ne répond à aucun besoin de la clientèle. La large coalition composée notamment du parti socialiste, des Vert-e-s, du POP et des syndicats SCIV, Unia et SAP, déplore «une détérioration des conditions de travail d'un personnel de vente déjà malmené».
Trente minutes supplémentaires «augmentent considérablement l'amplitude horaire des salariés et rallongent leurs journées de travail», détaillent les opposants. Ils redoutent aussi la multiplication des horaires morcelés.
Il s'agit d'un système déjà très prisé par les employeurs afin de disposer du personnel aux heures les plus fréquentées. Il rend «ingérable la vie des employés et impacte surtout les femmes, majoritaires dans les métiers de la vente», estiment les opposants.
Pour eux, la révision de la LOM est «nuisible et inutile». Elle fragilise les petits commerces de proximité, ne profite qu'aux grandes surfaces et encourage une société «de surconsommation, de gaspillage et de production accrue de déchets».
Sept jours sur sept
En ce qui concerne les samedis et veilles de jours fériés, le Grand Conseil a opté pour le statu quo (17h00). Le 24 décembre en revanche, les magasins devront fermer à 16h00 a lieu de 17h00 actuellement.
Le régime diffère pour les lieux touristiques pour lesquels le texte prévoit qu'ils peuvent, comme actuellement, rester ouvert 7 jours sur 7 (fériés compris) jusqu'à 21 h. Sur la base de critères précis, les communes pourront aussi créer de nouvelles zones touristiques.
Les partisans saluent un changement qui va dans le sens de l'autonomie des communes. Les opposants dénoncent «des zones de quasi-non-droit» et une péjoration des conditions de travail pour le personnel qui n'était pas soumis à un tel régime jusque-là.
Valais «plus restrictif»
Le Conseil d'Etat soutient la réforme adoptée par le Grand Conseil le 11 mai 2023 et qui modifie le texte de 2002. Il la juge «flexible, raisonnable», adaptée à «l'évolution des habitudes et des besoins des consommateurs» et capable de répondre «aux intérêts des différents acteurs économiques».
Il souligne que le Valais a actuellement «une législation parmi les plus restrictives de Suisse» avec une fermeture des magasins fixée à 18h30. Ce qui, selon lui, représente un «désavantage concurrentiel» pour «les commerces de régions comme le Chablais».