Repli des Etats Le monde doit s'unir face à la «polarisation croissante» d'après Parmelin

ATS

20.10.2025 - 17:15

Le monde fait face à une «polarisation croissante». Face au repli des Etats, le conseiller fédéral Guy Parmelin, qui préside la 16e conférence d'ONU Commerce et développement (CNUCED) à Genève, a appelé lundi au «dialogue multilatéral» et à la «recherche de consensus».

le conseiller fédéral Guy Parmelin préside la 16e conférence d'ONU Commerce et développement (archives).
le conseiller fédéral Guy Parmelin préside la 16e conférence d'ONU Commerce et développement (archives).
sda

Keystone-SDA

«Les défis sont immenses», a-t-il dit en ouvrant la réunion qui est organisée tous les quatre ans. Plus de 700 millions de personnes dans le monde vivent dans une pauvreté extrême avec moins de 2,15 dollars par jour. Les plus vulnérables subissent davantage les effets de l'"instabilité» mondiale, a également affirmé M. Parmelin.

Les conflits affectent le commerce international et la croissance économique. Les prix énergétiques et des matières premières ont augmenté en raison de «l'instabilité» mondiale, alors que les fonds publics «se raréfient» et les dettes explosent. Le conseiller fédéral demande de garantir un système commercial établi «sur un cadre réglementaire».

Mais il faut repenser la collaboration internationale, a-t-il également admis. Il a parlé notamment de meilleure organisation entre les différents acteurs, d'"amélioration de l'efficacité» et de «mobilisation des ressources».

En plus de 60 ans, cette conférence a lieu pour la troisième fois à Genève. Elle est prévue à «une période critique» pour le commerce mondial et le multilatéralisme, avait affirmé la semaine dernière la secrétaire générale de la CNUCED Rebeca Grynspan.

Dette, IA ou investissements

Les acteurs estiment que «l'économie et le commerce ont été plus solides qu'attendus», a-t-elle dit lundi à la presse. «Dans le même temps, nous avons des taux de croissance bien plus bas» que l'année dernière, ajoute-t-elle.

Devant les pays membres, elle a salué le fait que des effets des tarifs douaniers n'ont pas été observés en cascade. Il faut «montrer que la collaboration peut aboutir à des solutions réelles» pour les défis mondiaux, alors que le commerce entre pays du sud augmente, a-t-elle encore dit.

Les membres de la CNUCED doivent finaliser d'ici jeudi un document final dans lequel ils établiront la feuille de route de l'agence onusienne pour les quatre prochaines années. Ils vont aborder des questions comme le financement du développement, la dette des pays en développement dont les intérêts dépassent parfois les dépenses de santé et d'éducation, l'intelligence artificielle (IA) pour tous, les investissements ou encore des conditions adaptées pour le commerce durable.

«Nous espérons qu'il y aura des composantes concrètes» dans la partie opérationnelle qui puissent être positives «pour tous», a insisté Mme Grynspan. Elle souhaite des engagements robustes pour l'accompagnement des pays pauvres, le rôle de la CNUCED dans la réforme du système financier international ou le soutien à l'organisation.

Elle anticipe des discussions difficiles entre Etats riches et en développement. Et elle voit dans son agence, la plus grande du système onusien, une entité «flexible» et «pertinente» qui a notamment contribué à ouvrir le marché des pays riches aux pays au développement.

Guterres attendu mercredi

Les membres sont d'accord sur les principales questions, a estimé plus tard à la presse la ministre française déléguée aux partenariats internationaux et aux Français de l'étranger, la Franco-Suisse Eleonore Caroit. Notamment sur le commerce et le développement durable, tout comme sur l'économie palestinienne.

Lundi, pas moins de deux papables pour succéder à Antonio Guterres comme secrétaire général de l'ONU dès 2027 se sont exprimées, Mme Grynspan et, par vidéo, la Première ministre de la Barbade Mia Motley qui a déploré que le fonds pour les petits Etats insulaires n'ait pas été alimenté. Le Portugais sera lui mercredi à Genève pour participer à la conférence.

Mme Grynspan avait récemment annoncé qu'elle quitterait provisoirement son poste dans les prochains mois, dès que la campagne pour le poste de secrétaire général sera officiellement lancée. Mme Caroit, qui a rencontré lundi la Costaricienne, ne veut pas encore dire si la France soutiendra une femme.

«Il y a aussi des candidatures masculines qui à ce stade ne sont pas écartées» par son gouvernement, dit-elle. Elle a aussi parlé lundi de fiscalité et du prochain sommet du G7 en France voisine avec la communauté des Français de Suisse.

Comme toutes les autres agences onusiennes, la CNUCED doit diminuer son dispositif en raison de la crise de liquidités à l'ONU. Mais le non remplacement de positions vacantes et plusieurs départs volontaires en retraite anticipée permettront de compenser les 77 postes coupés, environ un sur cinq dans l'agence onusienne. La CNUCED doit renoncer à 16% de ses ressources financières.