Votations – FR Pas d'exécutif professionnel à Bulle (FR)

ATS

19.5.2019 - 14:48

La commune de Bulle, avec le Moléson en arrière-plan, ne disposera pas d'un exécutif professionnel à l'avenir (archives).
La commune de Bulle, avec le Moléson en arrière-plan, ne disposera pas d'un exécutif professionnel à l'avenir (archives).
Source: KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT

Les citoyens de Bulle (FR) ont balayé dimanche l'idée de professionnaliser l'exécutif de leur ville, la deuxième du canton. L'opération aurait dû s'accompagner d'une réduction de neuf à cinq du nombre de conseillers communaux dans le chef-lieu gruérien.

La professionnalisation était combattue par référendum. Le oui l'a emporté avec 61,32% des voix, contre 38,68%. Le taux de participation est resté finalement très modeste eu égard aux enjeux, avec seulement 31,94% du corps électoral bullois, pas nécessairement représentatif des débats survenus pendant la campagne.

La décision du législatif, arrêtée en octobre, était contestée par la droite (PLR, UDC et Verts'libéraux), qui avait lancé un référendum ayant recueilli plus de 1900 signatures. En face, se trouvaient PS, PDC et Verts qui tous ont soutenu la mue, en réunissant 26 voix contre 23 devant le Conseil général.

Trop tôt et trop cher

Le texte proposé par les référendaires à la population s'intitulait «Non au million pour le Conseil communal». Selon les observateurs, les citoyens ont estimé que leur commune n'était pas encore suffisamment peuplée pour passer à un exécutif à plein temps et que le coût occasionné apparaissait trop élevé.

De plus, les plus petits partis ont peut-être craint une difficulté accrue à pouvoir siéger dans un Conseil communal ramené à cinq membres. Le contexte de la votation était caractérisé par l'essor démographique de la Gruyère depuis des décennies, sachant qu'il y a 25 ans à peine Bulle ne comptait qu'un peu plus de 10'000 habitants.

La fusion avec La Tour-de-Trême, au 1er janvier 2006, a amplifié le phénomène. Aujourd'hui, la deuxième commune ou deuxième ville du canton de Fribourg approche des 24'000 âmes, dont 5000 environ habitent à La Tour-de-Trême. Du coup, les enjeux liés à cet essor ne manquent pas. Ils sont urbanistiques, économiques et sociaux.

Satisfaction de mise

Dans le camp des référendaires, la satisfaction était de mise dimanche. Ils ont rappelé qu'il n'y avait pas lieu de changer une «équipe qui gagne». Pour les libéraux-radicaux, les démocrates du centre et les Vert'libéraux, en se professionnalisant, l'exécutif aurait perdu en représentativité et en proximité.

Les trois partis n'ont pas été convaincus non plus par l'argument selon lequel le nouveau Conseil communal à cinq membres disposerait de plus de temps pour maîtriser les dossiers. Pour l'UDC, les élus professionnels travailleraient davantage à leur réélection qu'à agir en faveur du bien collectif.

La dimension milicienne était aussi louée par le comité référendaire, rendant l'exécutif plus accessible. De plus, celui-ci doutait de voir des indépendants lâcher leurs activités pour céder à l'appel d'un Conseil communal professionnel.

La question financière était mise en exergue. Selon les opposants, le surcoût aurait atteint au moins 500'000 francs, avec en arrière-fond la question des rentes octroyées aux anciens membres. Ils ont aussi considéré que la professionnalisation intervenait trop tôt, estimant que la barre des 30'000 habitants devrait être franchie.

Déception du PS

Pour le PS, à l'origine de la proposition de réduire la taille de l'exécutif et qui mettait en avant l'aménagement du territoire, la déception était de mise dimanche. Une vision fait défaut, estiment les socialistes, qui, avec 15 sièges, sont le plus grand parti du législatif, à égalité avec le PLR.

Et le développement d'une vision, plutôt qu'un compromis, passait à leurs yeux par une professionnalisation du Conseil communal. Selon eux, un élu de métier aurait été mieux à même d'anticiper les défis qui attendent la capitale du sud fribourgeois. En se consacrant entièrement à leur tâche, l'action aurait remplacé la réaction.

Les tenants du oui mettaient aussi en avant la complexification des dossiers au fil du temps, en particulier le climat. Avec un taux de travail de 40%, un conseiller communal doit composer avec les soucis d'une autre activité professionnelle, ce qui l'empêche de se poser les «bonnes questions».

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