DiplomatiePas de détente en vue entre la Suisse et l'UE
st, ats
21.11.2021 - 11:15
La Suisse interrompait il y a six mois les négociations sur l'accord-cadre avec l'Union européenne (UE). S'en est ensuite suivi un silence radio entre Berne et Bruxelles. Aujourd'hui, les deux parties se parlent à nouveau, mais la détente n'est pas encore en vue.
Keystone-SDA, st, ats
21.11.2021, 11:15
ATS
La visite du ministre des affaires étrangères Ignazio Cassis au vice-président de la Commission européenne Maros Sefcovic lundi dernier était la première rencontre officielle entre les deux parties depuis la rupture des négociations sur l'accord-cadre institutionnel le 26 mai. Si cette reprise du dialogue représente un bon signe, elle n'augure toutefois pour l'heure rien de plus.
Les deux hommes veulent à nouveau se rencontrer lors du Forum économique de Davos à la mi-janvier 2022 et faire un bilan intermédiaire. Mais son contenu exact n'est pas encore très clair.
La Suisse souhaiterait de son côté d'abord définir un agenda commun. Rien ne presse pour la Confédération, car les élections fédérales se tiendront à l'automne 2023. D'ici là, la plupart des partis ne devraient pas avoir envie de se brûler les doigts sur le dossier «chaud» de l'UE.
En revanche, Maros Sefcovic fait pression pour un tempo accéléré, laissant entendre que l'UE ne voulait pas attendre les élections suisses. Il réclame au contraire pour Davos une feuille de route pour résoudre les questions importantes pour l'UE, comme la reprise du droit, le règlement des litiges et une contribution régulière à la cohésion de l'union.
La Suisse sur la défensive
La Confédération se retrouve donc sur la défensive. Car si Bruxelles pose des exigences claires, la Suisse ne semble toujours pas savoir ce qu'elle veut exactement.
Le Conseil fédéral doit donc assumer son rôle gouvernemental et apporter des clarifications sur le fond. Il doit en outre réunir derrière lui la majorité des cantons et des partis, ainsi que les principales organisations. Ce n'est qu'ainsi que Berne parviendra à s'affirmer face à Bruxelles et à communiquer ce que la Suisse veut ou ne veut pas.
Cette consolidation doit avoir lieu dans un avenir proche. Si elle n'aboutit pas, Bruxelles pourrait y voir un retard délibéré et déclencher d'autres contre-réactions.
Car du côté de l'UE, la situation de départ n'a pas changé, malgré l'échec des négociations: les questions institutionnelles restent sur la table. L'intégrité de son marché intérieur est trop importante pour Bruxelles. C'est le ciment qui maintient cette structure fragile, affaiblie par le Brexit et des luttes internes.
Ne pas lier les dossiers
Mais Bruxelles doit également apporter sa contribution. Elle doit cesser de lier politiquement différents dossiers qui n'ont rien à voir sur le fond entre eux, par exemple une actualisation du secteur de la technologie médicale avec des avancées sur l'accord-cadre, ou une association de la Suisse au programme de recherche «Horizon Europe» avec des questions d'accès au marché.
Cette stratégie de mise en relation, développée par Martin Selmayr, ancien chef de cabinet de Jean-Claude Juncker, a échoué et contribué à l'escalade.
Même les milieux pro-européens suisses comprennent de moins en moins les nouveaux liens politiques établis par Bruxelles, comme récemment avec «Horizon Europe». Cela d'autant plus que d'autres pays tiers comme la Turquie et la Moldavie sont déjà pleinement associés.
La Commission européenne doit en outre comprendre qu'en fin de compte, ce sont les électeurs qui décideront d'un futur accord. Or, un accord réduit aux questions institutionnelles n'a que peu de chances d'aboutir. Le Conseil fédéral devra plutôt démontrer en quoi cette entente apportera également des bénéfices à la Suisse. Pour cela, il a besoin de bons arguments, par exemple sous la forme d'un accord sur l'électricité.