Les conditions d'accès au service civil ne seront pas durcies. Par 103 voix contre 90 et 5 abstentions, le National a enterré vendredi en votations finales la réforme du service civil qui devait freiner la baisse des effectifs de l'armée.
La réforme n'a jamais été du goût de la gauche ni d'une partie du centre. L'Association pour le service civil CIVIVA, le Groupement pour une Suisse sans armée et les Verts avaient déjà décidé de lancer le référendum avec le soutien du PS. Le peuple n'aura finalement pas le dernier mot.
Les voix de la gauche, des Vert'libéraux et de quelques PDC ont suffi pour torpiller la réforme à la Chambre du peuple. Le projet y a toujours été plus contesté. Conseil des Etats venait en vain d'y souscrire par 33 voix contre 12.
Le durcissement des conditions d'admission devait lutter contre l'hémorragie des effectifs de l'armée survenue après la suppression de l'examen de conscience en 1996. Depuis lors, les admissions ont explosé, passant d'un millier à plus de 6000 à compter de 2016.
Réduire l'attractivité
Les tours de vis prévus visaient tous à réduire l'attractivité du service civil. Les militaires souhaitant s'y rallier auraient dû attendre douze mois et les civilistes auraient dû accomplir au moins 150 jours de service. Même les sous-officiers et les officiers admis au service civil auraient été obligés d'accomplir une fois et demie le nombre de jours de service militaire.
Les médecins n'auraient plus pu faire de service civil à des postes de médecins. Sauf exception, les admissions ne devaient plus être possibles pour les militaires ayant accompli tous leurs jours de service d’instruction. Les civilistes auraient également dû accomplir plus vite leurs jours de service. Les deux Chambres avaient juste refusé d'interdire les affectations à l'étranger comme le souhaitait le gouvernement.
Il n'y a pas de libre choix entre l'armée et le service civil. Celui-ci n'a pas été créé pour des personnes autres que les objecteurs de conscience, a toujours soutenu le chef du Département de l'économie Guy Parmelin, actuel ministre de tutelle du service civil et ancien ministre de l'armée.
Retour à la raison
La gauche ne voyait que des chicanes dans les tours de vis prévus et soulignait l'intérêt du service civil pour la collectivité, particulièrement durant la crise du coronavirus. Plus de 1,6 million de jours de services ont été accomplis l'an dernier, 80% dans le domaine des soins et l'accompagnement des personnes.
Le Groupe pour une Suisse sans armée se réjouit que le retour à une époque chicanière à l'égard des jeunes hommes sans intérêt pour l'armée ait pu être empêché à la dernière minute. Pour CIVIVA, «Le Parlement revient à la raison, il faut maintenant améliorer le service civil», écrit l'association qui se dit prête à réfléchir de manière constructive à l'organisation du service obligatoire.
Les Verts savourent «une grande victoire» qui prouve que l'utilité du service civil pour la collectivité est reconnue. Le Parlement doit enfin renforcer ce service, en permettant aux femmes et aux étrangers d’y avoir accès et en introduisant une égalité de traitement avec le service militaire.
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