Marché du travail Pas de trêve après la grève des femmes

ATS

9.7.2019 - 11:02

La grève des femmes ne doit pas rester lettre morte. Salaire, temps et respect: les revendications exprimées le 14 juin dernier doivent être entendues lors des négociations salariales et pour les conventions collectives de travail.

La Suisse doit enfin aller de l'avant, ont exigé mardi les syndicats devant la presse. Les femmes sont en colère, a rappelé Regula Bühlmann, secrétaire centrale de l'Union syndicale suisse. La loi sur l'égalité doit rapidement être mise en oeuvre et améliorée si nécessaire. Les employeurs doivent aussi s'y mettre.

Dans le secteur privé, les femmes gagnent en moyenne 19,6% de moins que leurs collègues masculins, a rappelé la présidente d'Unia, Vania Alleva. «Il n'y a aucune bonne raison à cette différence.» A partir du 21 octobre, les femmes travaillent gratuitement. La syndicaliste a brandi la menace d'un arrêt de travail si les conditions ne sont pas améliorées.

Des salaires plus justes

Dans les branches où la proportion de femmes est élevée, Unia demandera en automne des salaires plus justes pour les femmes. «La discrimination salariale scandaleuse exige des mesures supplémentaires», a expliqué Mme Alleva. Les entreprises doivent réaliser des analyses régulières et éliminer les discriminations.

De meilleures conditions sont nécessaires dans le domaine de la santé, a abondé la présidente du syndicat des services publics (SSP) Katharina Prelicz-Huber. Les revenus doivent prendre en compte les exigences et les charges professionnelles élevées, Mme Prelicz-Huber réclame une possibilité de retraite anticipée complète dès 60 ans ou une CCT dans le privé.

Le SSP veut aussi une valorisation des métiers féminins où des «soi-disant caractéristiques féminines» sont demandées. Les inégalités et les discriminations s'accumulent. Elles se traduisent par un grand écart au niveau des rentes.

Un congé parental

Un autre jalon essentiel de l'égalité économique est un congé parental payé. Il est l'une des revendications principales des femmes. La Suisse est le dernier pays d'Europe qui ne connaît pas un tel système. Les syndicats se battront pour un véritable congé parental. Deux semaines pour les pères, c'est un début. Mais le Parlement doit aller plus loin.

Le syndicat du personnel des transports (SEV) notamment s'engagera pour que les CFF respectent la convention. Celle-ci prévoit un congé maternité de 18 semaines et 10 à 20 jours pour les pères. L'engagement des pères permettra de réduire le déséquilibre économique entre les hommes et les femmes, a expliqué la vice-présidente du SEV, Barbara Spalinger.

Le SSP s'engage aussi pour un congé de 18 semaines pour la mère, et d'un congé de huit semaines pour le père, le tout financé par les allocations pertes de gain (APG). Après ces congés, les parents doivent bénéficier d'une place d'accueil pour l'enfant. Et la prise en charge doit être financée par les pouvoirs publics.

Contrairement aux craintes exprimées, a souligné Mme Spalinger, il est possible de financer un tel congé. «Si le quota de femmes engagées dans la vie professionnelle augmente de 1%, les coûts supplémentaires de 1,5 milliard de francs seront couverts.» Et les femmes seront moins désavantagées au moment de la retraite.

Fin du harcèlement

Par ailleurs, les syndicats exigent également des mesures contre le harcèlement sexuel et la discrimination sur le lieu de travail. Selon une enquête réalisée avant la grève, 60% des femmes qui travaillent dans la branche des technologies de l'information et de la communication ont déjà subi ou été témoin au moins une fois de harcèlement sexuel sur le lieu de travail.

Un bureau de médiation ne suffit pas. D'autres mesures s'imposent. Les employeurs doivent avoir une tolérance zéro à l'égard du sexisme et mettre en place des règlements pour empêcher de tels comportements. Les cadres dirigeants doivent être formés et sensibilisés et des formations préventives être proposées à tous les employés.

La grève des femmes a été la plus grande manifestation politique en Suisse. Plus de 500'000 femmes et hommes solidaires sont descendus dans les rues.

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