Les milieux culturels sont soulagés de voir se dessiner une perspective d'ouverture après des mois de fermeture. Les musées devraient être les premiers à en bénéficier dès le 1er mars, suivi notamment des cinémas et des théâtres dans un second temps.
«C'est une excellente nouvelle pour la culture», a dit Bernard Fibicher, directeur du Musée cantonal des Beaux-Arts à Lausanne, interrogé mercredi par Keystone-ATS après l'annonce du Conseil fédéral. En revanche, «c'est extrêmement dommage pour les théâtres, les cinémas, nos collègues qui doivent encore garder leurs établissements fermés.»
«Mais cela fait déjà une ouverture pour le monde de la culture. Et pour les gens qui s'y intéressent, il y aura au moins quelque chose à faire», a-t-il ajouté. M. Fibicher est maintenant suspendu à la confirmation de la décision du Conseil fédéral la semaine prochaine après consultation des cantons.
«L'association des musées suisses a mené un grand travail de lobbying à Berne comme des institutions culturelles des cantons de Bâle et de Genève, a-t-il souligné. «Nous avons aussi participé à l'action ce week-end 'No culture, no future', qui, semble-t-il, a été entendue.»
Les rencontres physiques avec les oeuvres en présentiel représentent un besoin, a-t-il poursuivi. Le MCBA est prêt avec deux expositions qui auraient déjà dû démarrer la semaine dernière.
Il y a de plus «une lueur d'espoir» avec le fait que les manifestations culturelles avec un public soient à nouveau rendues possibles lors d'une deuxième étape d'ouverture avant Pâques, même dans un cadre étroitement limité.
Dans le Jura, le Musée de Plonk et Replonk, situé dans un petit appartement de 70m2, est impatient de rouvrir. «On a envie et besoin que le musée rouvre», explique Elisabeth Baume Schneider, présidente de l'association du Pire, après avoir été pratiquement fermé non stop depuis le printemps 2020.
«On a maintenant tous besoin de culture pour sortir de soi et vivre une aventure émotionnelle, quelle que soit la grandeur du musée», a-t-elle poursuivi. D'autant plus dans l'autodérision comme le font Plonk et Replonk. «Je pense que cela ferait du bien de rire de soi en se projetant dans un univers un peu déconnecté de la réalité».
Bébert, un des deux frères de Plonk et Replonk – désormais installé au Portugal, «parce qu'après 55 hivers passés dans le Jura, j'en ai eu assez de la neige» – est content que les musées puissent rouvrir. Mais il juge aberrant qu'ils aient dû fermer: «ce n'est quand même pas dans les musées qu'il y avait des clusters». Il a aussi rappelé le choix «courageux « de l'Espagne de ne pas boucler la culture.
Soutien à la relance des films demandé
Côté cinéma, Claude Ruey, président de ProCinéma, s'attendait aux décisions annoncées mercredi par le gouvernement, c'est-à-dire une éventuelle ouverture échelonnée à partir du 1er avril pour les salles du 7e art. Les milieux des cinémas ne veulent en revanche «pas de limite de 50 personnes» sans tenir compte de la capacité des salles.
«Nous souhaitons une jauge à 50% de la capacité de la salle: 50 personnes pour le Houdini à Zurich ou 50 pour le Capitole à Lausanne, ce n'est pas la même chose», a-t-il poursuivi. Le premier compte six salles de 32 à 54 places; le second, qui doit faire l'objet de travaux de rénovation, plus de 800 places.
Au moment de la réouverture des salles, ProCinéma demande encore à l'Office fédéral de la culture une aide à la relance pour les films suisses, avec un plan qui s'appelle «Restart». «Nous en avons discuté hier avec Berne».
Perspectives positives
Pour sa part, Stéphane Morey, secrétaire général de l'association romande des producteurs audiovisuels (Aropa), rappelle que les tournages de films n'ont pas dû cesser, à la condition d'appliquer des mesures sanitaires strictes. «On a eu deux-trois problèmes aux frontières, mais cela reste tout à fait gérable».
Egalement membre de la Taskforce Culture romande, il juge positif que Berne donne des perspectives de réouverture pour les salles de cinéma et les théâtres. Même si ces derniers «souffrent d'une certaine injustice par rapport aux magasins, en particulier ceux, qui auraient des spectacles prêts à être montrés comme le Théâtre Sévelin 36 à Lausanne et son festival 'Le printemps de Sévelin'».
Pour les cinémas, il faut le temps de programmer – «et cela ne se fait pas en 10 jours». Le festival du film documentaire Visions du Réel pourrait ainsi peut-être avoir lieu.