VacancesPeut-on dévaler les pistes la conscience tranquille?
tsha
5.2.2021
Les pistes de ski sont ouvertes aux Suisses pendant les vacances d’hiver. Néanmoins, les experts ne sont pas unanimes sur le niveau de danger que représentent les sports d’hiver dans le contexte actuel.
Pour de nombreux Suisses, des vacances aux sports d’hiver sans ski sont à proprement parler impensables. Mais dans le contexte actuel – pour reprendre une formulation qui a été souvent répétée ces derniers mois –, les choses ont changé. Certains ont du mal à s’imaginer profiter des joies de l’hiver en toute quiétude en ce moment.
C’est pourtant possible: si la Confédération a prolongé de cinq semaines les mesures visant à contenir la pandémie de coronavirus à la mi-janvier, notamment la fermeture des installations sportives et de loisirs, les domaines skiables demeurent toutefois sous la responsabilité des cantons.
Les cantons des Grisons et du Valais, les deux principales destinations de sports d’hiver, maintiennent leurs domaines skiables ouverts. En Valais, on devrait pouvoir skier jusqu’à la fin de la saison, tandis que dans les Grisons, cette activité sera autorisée au moins jusque fin février. Lundi dernier, les pistes de ski d’Arosa ont été complètement rouvertes. Mais les sports d’hiver sont-ils vraiment sans danger, compte tenu nombre encore élevé – bien qu’en baisse – de contaminations?
En observant les chiffres des dernières fêtes de fin d’année, on constate que les domaines skiables ne se sont pas transformés en foyers. Bien que de nombreux visiteurs aient répondu à l’appel de la montagne au cours des dernières semaines, le nombre de cas de coronavirus est retombé. La «NZZ» rapporte qu’il n’y a visiblement pas eu de foyers de contamination majeurs. Cependant, aucune étude scientifique ne se penche sur le risque de contamination lié à la pratique du ski.
Les télécabines, nouveaux foyers de contamination?
Afin de rendre les sports d’hiver aussi sûrs que possible, les hôteliers des stations de ski misent sur des tests massifs parmi leur personnel. L’efficacité de cette procédure a pu être observée dernièrement à Saint-Moritz: suite à la découverte du variant britannique du virus dans deux hôtels de luxe, ceux-ci ont été mis en quarantaine. La propagation du virus a ainsi été évitée.
En outre, à la montagne comme dans le reste du pays, les restaurants restent fermés. Seule la vente de plats à l'emporter est possible. La seule exception concerne les clients des hôtels.
Néanmoins, la décision des cantons de maintenir les domaines skiables ouverts suscite également des interrogations. Lundi, le Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (Empa) a publié une étude sur le risque d’infection dans les télécabines. Celle-ci conclut que le risque augmente surtout en cas de trajet long dans une cabine remplie avec les fenêtres fermées. Les auteurs précisent en revanche que le port du masque et une bonne aération de la cabine rend le trajet nettement plus sûr.
Une Europe désunie
Les épidémiologistes craignent également que le virus ne se propage dans les files d’attente aux remontées mécaniques ou dans les hôtels, d’autant plus que les variants britannique et sud-africain, plus contagieux, sont déjà entrés en Suisse.
Ceux qui déplorent l’ouverture des domaines skiables considèrent l’arrivée de skieurs depuis l’étranger comme un autre facteur de risque potentiel. Ces derniers doivent toutefois respecter une quarantaine de dix jours – du moins s’ils arrivent de pays ou de régions présentant un risque de contamination plus élevé.
Une chose est sûre: au-delà d’un simple facteur économique, le ski représente également un facteur psychologique en Suisse. «Les gens ont besoin de retrouver de l’espoir et de l’optimisme pour pouvoir continuer de profiter de la vie», a confié à «Blick» Yvonne Altmann, maire d’Arosa.
La Suisse n’est d’ailleurs pas le seul pays d’Europe à avoir décidé de ne pas fermer ses domaines skiables. En Autriche, en Finlande, en Norvège et en Suède, la pratique du ski est encore possible, sans clients étrangers dans la plupart des cas. L’Allemagne, la France et l’Italie voient cependant les choses différemment: les domaines skiables y sont fermés jusqu’à nouvel ordre.