Ce vendredi Poutine veut finaliser l'annexion de régions ukrainiennes

ATS

30.9.2022 - 01:14

Le président russe Vladimir Poutine va formaliser vendredi à Moscou l'annexion par la Russie de quatre régions ukrainiennes, qu'il a menacé de défendre même avec l'arme nucléaire. L'annexion est largement dénoncée par Kiev et ses alliés occidentaux.

Le président russe a organisé en septembre des «référendums» controversés afin d'annexer certaines régions ukrainiennes.
Le président russe a organisé en septembre des «référendums» controversés afin d'annexer certaines régions ukrainiennes.
KEYSTONE

30.9.2022 - 01:14

Dans des décrets publiés jeudi soir, M. Poutine a reconnu l'indépendance des régions ukrainiennes de Zaporijjia et Kherson, une étape préalable à leur annexion. La Russie avait déjà reconnu fin février l'indépendance des deux autres régions qu'elle se prépare à annexer, celles de Donetsk et de Lougansk.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a de son côté convoqué pour vendredi une réunion d'urgence de son Conseil de sécurité. Loin de déposer les armes, Kiev en réclame au contraire plus de ses alliés occidentaux pour poursuivre sa contre-offensive face à Moscou.

Une demande à laquelle le Sénat américain a répondu en votant jeudi une nouvelle enveloppe de plus de douze milliards de dollars, avec un volet militaire de quelque trois milliards pour former, équiper et rémunérer les troupes ukrainiennes.

«Absolue parodie»

Pour sa part, le président américain Joe Biden a promis de ne «jamais, jamais, jamais» reconnaître les résultats des référendums «orchestrés par la Russie» en Ukraine.

«Je veux être très clair à ce sujet: les Etats-Unis ne reconnaîtront jamais, jamais, jamais les revendications de la Russie sur le territoire souverain de l'Ukraine», a affirmé le président américain, évoquant une «absolue parodie de référendums». Pour le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, un tel comportement n'a «pas de place dans le monde moderne».

Les succès militaires de Kiev début septembre ont contraint M. Poutine à organiser à la hâte des «référendums» d'annexion et à mobiliser des centaines de milliers de Russes dans l'armée, une mesure qui a conduit des foules vers un exode de Russie.

«Discours volumineux»

Vladimir Poutine a assuré jeudi que l'offensive qu'il a lancée contre l'Ukraine le 24 février était l'un des résultats de l'"effondrement de l'Union soviétique», tout comme les conflits qui couvent en d'autres endroits du vaste espace de l'ex-URSS. Il a assuré qu'un «ordre mondial plus juste» était en train de se former via «un processus difficile».

Le Kremlin accueillera donc vendredi à 14h00 une cérémonie lors de laquelle l'annexion des régions ukrainiennes de Donetsk et Lougansk (est) et Kherson et Zaporijjia (sud) sera formalisée. Vladimir Poutine prononcera à cette occasion «un discours volumineux», selon son porte-parole Dmitri Peskov.

La capitale russe se préparait aussi à des festivités avec circulation restreinte vendredi et l'organisation d'un concert à l'ombre des murs du Kremlin, auquel M. Poutine pourrait faire une apparition. Les responsables installés par Moscou dans les régions de Donetsk et Lougansk, Zaporijjia et de Kherson sont eux déjà dans la capitale russe, selon les médias locaux.

Bataille pour Lyman

Confronté à une vaste contre-offensive ukrainienne, la Russie a organisé à la hâte ces annexions avec des scrutins, sous surveillance d'hommes en armes, qualifiés de «parodie» et de «simulacres» par Kiev et ses soutiens occidentaux.

La Russie a déjà annexé en 2014 la Crimée, une péninsule du sud de l'Ukraine. L'Ukraine a, elle, dénoncé ces annexions et balayé les menaces de recours à l'arme nucléaire de M. Poutine, poursuivant sa contre-offensive dans l'Est et le Sud.

Après avoir reconquis l'essentiel du Nord-Est, l'Ukraine semble lancée dans la reprise de Lyman, une ville de la région de Donetsk et important noeud ferroviaire que l'armée russe contrôle depuis mai. «L'adversaire entreprend des tentatives régulières d'attaque pour créer les conditions d'un encerclement», a expliqué à la télévision russe un haut responsable séparatiste local prorusse, Alexeï Nikonorov.

Les bombardements russes continuaient de frapper les villes ukrainiennes, tuant notamment un enfant dans la nuit de jeudi à vendredi à Dnipro. Au moins cinq civils ont été tués mercredi dans la partie sous contrôle ukrainien de la région de Donetsk.

Les forces ukrainiennes avaient aussi repris le contrôle total du noeud ferroviaire de Koupiansk, dans le nord-est, parvenant à chasser les troupes russes de la rive Est de la ville, ont constaté jeudi des journalistes de l'AFP, qui ont vu cinq cadavres en uniforme militaire près de véhicules portant des signes de reconnaissance russes.

«Toujours mieux que de tuer»

En Russie, la mobilisation de centaines de milliers de civils réservistes pour venir renforcer les lignes russes se poursuivait, tout comme l'exode de dizaines de milliers de personnes craignant d'être mobilisés. Un jeune homme d'une vingtaine d'années, arrivée en Mongolie par la frontière terrestre, préfère garder l'anonymat pour expliquer les raisons qui l'ont poussé à fuir.

«C'était très difficile de tout laisser derrière moi. Ma maison, ma patrie, mes proches. Mais c'est toujours mieux que de tuer des gens», dit-il à l'AFP à Oulan-Bator, la capitale. Alors que le mécontentement monte en Russie face une mobilisation souvent chaotique, Vladimir Poutine a reconnu jeudi des «erreurs à corriger», demandant à «faire revenir à la maison ceux qui ont été convoqués sans raison appropriée».

Sur le front international du conflit, ce sont les fuites dues à de mystérieuses explosions sur les gazoducs Nord Stream 1 et 2 qui nourrissent de nouvelles tensions russo-occidentales. Les deux camps s'accusent désormais à demi-mot d'avoir saboté les tubes sous-marins, infrastructure cruciale pour l'approvisionnement européen en gaz russe.

M. Poutine a ainsi dénoncé un «acte de terrorisme international» et «un acte de sabotage sans précédent». Une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU est prévue vendredi sur le sujet, à la demande Moscou.

ATS