Coronavirus Près de 3900 personnes contaminées en Suisse

ATS

19.3.2020 - 16:23

Au total, 3428 cas ont été confirmés et 450 sont toujours en cours d'analyse en Suisse.
Au total, 3428 cas ont été confirmés et 450 sont toujours en cours d'analyse en Suisse.
Source: KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT

L'épidémie de COVID-19 ne fléchit pas en Suisse. L'Office fédéral de la santé publique (OFSP) annonce jeudi un total de 3888 cas positifs. La situation est particulièrement difficile au Tessin. L'armée de son côté acquiert des centaines de respirateurs. Changement d'horaire sans précédent dans les transports publics.

Quelque 3438 cas ont été confirmés et 450 cas sont encore en cours d’analyse après un premier résultat positif. Mercredi, l'OFSP avait fait état de 3028 cas positifs, dont 2772 confirmés. A l'heure actuelle, 33 personnes sont décédées en Suisse des suites de la maladie, selon les chiffres de l'OFSP.

D'après un décompte établi par l'agence Keystone-ATS, le coronavirus a fait au moins 39 victimes en Suisse depuis le 5 mars. Il s'agit principalement de personnes âgées ou souffrant déjà d'autres maladies.

Situation «dramatique»

Tous les cantons suisses et le Liechtenstein sont désormais concernés. Mais le Tessin est le plus touché avec 178,6 cas pour 100'000 habitants. «La situation y est dramatique», a confirmé Daniel Koch, responsable de la division des maladies transmissibles de l'OFSP lors d'un point presse à Berne.

«Le Tessin va rapidement manquer de lits en soins intensifs», a-t-il poursuivi. Mais ce n'est pas encore le cas. Pour éviter une telle situation, les opérations lourdes planifiables sont reportées le plus possible vers les autres cantons, notamment Zurich.

De plus, des places supplémentaires en soins intensifs vont être créées, a ajouté Daniel Koch. Du matériel, dont des respirateurs artificiels, sont en train d'être livrés. «Le Tessin n'est pas livré à lui-même.»

Interrogé sur la possibilité de transférer des patients d'un canton à l'autre selon les places en soins intensifs disponibles, le responsable de l'OFSP a expliqué que c'était délicat. Il n'existe pas de système national de transfert de patients. M. Koch n'avait lui-même pas le nombre exact de lits disponibles dans les cantons. Sur les 800 places en soins intensifs, 160 seraient encore libres, selon ses estimations.

Les personnes qui ont besoin d'un respirateur artificiel sont par ailleurs les plus fragiles et les plus difficiles à transporter, a-t-il encore précisé. Et le risque de mourir est très élevé.

L'armée acquiert des centaines de respirateurs

L'armée achètera dans les prochains jours 900 respirateurs et appareils de contrôle. Elle n'en possède actuellement que 100, a indiqué jeudi le porte-parole de l'armée Daniel Reist.

Le nouveau matériel sera acquis en Suisse et sera livré dès vendredi par tranches, a précisé M. Reist à Keystone-ATS. Ces appareils seront utilisés en premier lieu dans les hôpitaux civils.

Le Conseil fédéral avait autorisé en début de semaine la mobilisation de jusqu'à 8000 militaires. Ceux-ci soutiennent les autorités civiles dans le domaine de la santé, de la logistique ou dans le transport.

La deuxième vague de mobilisation a eu lieu jeudi. Il s'agit de bataillons hôpital et de sanitaires. Ils seront engagés après instruction.

Les médecins qui sont engagés dans les différents hôpitaux peuvent se faire dispenser. Le personnel spécifique qui travaille dans les hôpitaux doivent entrer en service pour trois jours. Cet effectif est nécessaire pour faire l'instruction du reste des formations.

63 demandes

L'armée a déjà reçu 63 demandes d'aide; 28 ont déjà été remplies et six sont terminées, a précisé Raynald Droz, chef d'état-major du commandement des opérations lors d'un point de presse. 250 soldats ont déjà été engagés. Quand toutes ces demandes seront remplies, environ 700 hommes seront engagés.

Les demandes émanent de quinze cantons au total. Genève, Lucerne et Schaffhouse ont déposé une requête jeudi.

Assurer la santé des soldats

L'armée assure la santé des soldats mobilisés pour faire face à la crise, a indiqué M. Droz. Les mesures ont été intensifiées. Ainsi, les logements en souterrains seront interdits. De plus, le nombre de personnes dans les cantines sera réduit.

Chaque soldat sera équipé de règles de comportement. L'armée contrôlera leur respect ainsi que chaque emplacement où la troupe est stationnée. "Là où cela est nécessaire, nous corrigerons le tir", a précisé M. Droz.

Par ailleurs, l'armée a interdit, dès cette semaine, tous les congés. Les soldats en école de recrues ou en cours de répétition resteront en service et ne pourront plus rentrer dans leur famille. "C'est dur", a avoué le commandant.

Mardi dernier, 303 militaires n'avaient pas répondu à leur convocation. Cela représente environ 29% des appelés. Les unités mobilisées jeudi et qui doivent encore entrer en service ne sont pas comptabilisées. L'armée ne peut pas encore donner d'explication concernant les refus.

Changement d'horaire sans précédent dans les transports publics

Les transports publics ont commencé une réduction de grande envergure de leur offre en raison de la pandémie de coronavirus qui a fait chuter la demande jusqu'à 80%. La réduction sur les lignes CFF se déroulera en trois étapes, dont la première a débuté jeudi.

«C'est le plus grand changement d'horaire de l'histoire» des transports publics en Suisse, a souligné Andreas Meyer, directeur général des CFF présent lors de la conférence de presse de l'OFSP. Cette "action de grande envergure" va probablement se heurter à certaines difficultés, a admis M. Meyer. Les usagers des transports publics sont appelés à vérifier leurs correspondances dans l'horaire en ligne avant chaque voyage.

Depuis jeudi, les trains supplémentaires en trafic grandes lignes sont supprimés aux heures de pointe. Les trains de nuit ne circulent plus et les trains internationaux en Suisse ne circulent que jusqu'à la frontière. Les gares seront fermées durant les nuits du week-end.

À partir de lundi prochain, les services régionaux longue distance et transfrontaliers seront réduits. La ligne entre Genève et Brigue connaîtra notamment des suppressions partielles, de même que le Léman Express. Le trafic grandes lignes sera encore davantage réduit à partir du jeudi 26 mars.

Plus de billets dégriffés

Durant la phase de transition jusqu'au 26 mars, l'horaire en ligne sera mis à jour régulièrement au plus tard à 20h00 pour le jour suivant. Ces réductions resteront en vigueur jusqu'au 26 avril.

Durant cette période, les CFF ne vendront plus de billets dégriffés. Les personnes qui possèdent un abonnement général peuvent le déposer sans frais durant 30 jours. Les billets individuels sont remboursés jusqu'à la fin du mois d'avril.

Malgré la réduction de l'offre, les CFF se préparent à un manque de personnel. Entre 10 et 30% du personnel ne peut pas être déployé à l'heure actuelle, a précisé Andreas Meyer. Ces personnes doivent se protéger, présentent des symptômes ou doivent s'occuper d'enfants. "Où cela est possible les employés reprennent d’autres fonctions et remplacent des collègues malades ou à risque qui ne peuvent plus se présenter au travail" précise Ottavia Masserini, porte-parole des CFF, à Keystone-ATS.

Protection pas toujours assurée

Le syndicat du personnel des transports (SEV) demande que la diminution de l'offre des transports publics ne se fasse pas "sur le dos des employés". Cela veut dire que "l'employeur ne peut imposer des vacances au personnel, ni imposer unilatéralement la baisse des heures supplémentaires", considère Christian Fankhauser, vice-président du SEV, à la demande de Keystone-ATS. Il demande par ailleurs que le salaire à 100% soit garanti.

Le syndicat s'inquiète de plus de la protection de la santé des employées, qui n'est pas assurée partout, selon des témoignages de ses membres. Il exige notamment "des CFF qu’ils diminuent, voire stoppent les activités si la protection de la santé ne peut être garantie", insiste Barbara Spalinger, vice-présidente du SEV,

Horaires du dimanche à Lausanne

Comme les CFF, le BLS réduit également ses services de transport public. En principe, la fréquence de circulation des trains sera divisée par deux. La première et la dernière connexion resteront les mêmes. Le regioexpress entre Brigue et Domodossola circule désormais uniquement aux heures de pointe du matin et du soir. Dès vendredi, le regioexpress entre Berne et La Chaux-de-Fonds sera supprimé.

Dans les cantons romands, les transports publics seront également à la baisse. Les transports publics lausannois (tl) vont réduire leur offre à partir de lundi. Les horaires du dimanche s'appliqueront à toutes les lignes du réseau tous les jours et jusqu'à nouvel avis. Les Transports publics genevois (tpg) réduisent leur offre de plus de 40% à partir de lundi. L'horaire correspondra à celui du samedi, avec un renforcement ponctuel aux heures de pointe. Plusieurs lignes sont interrompues, d'autres verront leur parcours modifié.

Comme annoncé la semaine dernière, les Transports publics fribourgeois (TPF) et TransN, pour le canton de Neuchâtel, adaptent également leur offre à la baisse La compagnie du chemin de fer Montreux - Oberland bernois (MOB) fonctionne également au ralenti. Si les lignes touristiques sont fermées depuis lundi, le trafic régional va être réduit d'environ 50%.

Les chemins de fer de la Jungfrau ont eux aussi fermé les lignes touristiques. Les lignes de service public continuent de circuler selon un horaire réduit.

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