La Limmat en vert fluo Que risquent les activistes pour leurs coups de pub?

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12.9.2019

La Limmat a pris une couleur verte à Zurich ce mardi.
La Limmat a pris une couleur verte à Zurich ce mardi.
Keystone

Des rivières vert fluo, une eau de fontaine rouge sang et même une maison incendiée: les militants dépassent parfois allègrement les limites légales pour attirer l’attention sur leurs préoccupations. Les auteurs de ces opérations sont difficiles à attraper.

Tout à coup, le bleu a viré au vert: mardi midi, les Zurichois ont assisté à leur grande surprise à une décoloration soudaine de la Limmat. La raison: les activistes écologistes d’Extinction Rebellion ont coloré l’eau avec de l’uranine, un colorant considéré comme inoffensif pour l’environnement d’après l’état actuel des connaissances. Ils ont voulu attirer l’attention sur la menace d’un effondrement de l’écosystème, comme ils l’ont indiqué dans une publication partagée sur Facebook.

Que risquent les activistes pour leur opération? «En ce qui concerne la décoloration de la Limmat, il est question de savoir si cela relève du droit pénal», indique Marco Cortesi, porte-parole de la police municipale de Zurich. «Si cela met en danger des êtres humains et des animaux, nous déposerons une plainte auprès du parquet.» C’est ce dernier qui est ensuite chargé de donner suite à l’affaire.



Un simple message de revendication ne suffit pas

Si l’eau n’a pas été polluée, la police vérifiera si les auteurs doivent couvrir le coût de cette enquête. Problème: «un message de revendication formulé de façon générale ne suffit pas pour identifier les auteurs. Nous avons besoin de quelqu’un que nous pouvons tenir pour responsable», explique Marco Cortesi.

La police municipale de Zurich a certes infligé à une personne une amende de 80 francs pour baignade interdite, précise-t-il. «Cependant, puisque cette personne a assuré que sa présence dans la Limmat au moment des faits était due au hasard et qu’elle n’avait rien à voir avec la décoloration de la rivière, il n’y a pas eu de suites pour elle.»

Et ce, alors même que le groupe a affirmé sur Facebook que «les rebelles [avaient] descendu la rivière comme des cadavres à la dérive en plein cœur de la ville de Zurich […]». En effet, la police précise également que «parfois, les procédures de ce genre sont interrompues faute de preuves».

Autre endroit, même incident

Autre endroit, même incident: en décembre 2018, l’Aar a pris soudainement une couleur vert fluo à Berne. Des membres des Jeunes vert’libéraux ont déversé de l’uranine dans la rivière. Leur objectif: attirer l’attention sur le risque d’explosion du dépôt de munitions de Mitholz (canton de Berne).

Selon la police cantonale de Berne, l’enquête est terminée et l’affaire a été transmise au parquet. «Bluewin» a été informé qu’une ordonnance pénale y avait bien été émise. En d’autres termes, un ou des responsables ont été identifiés et condamnés.

L’incendie criminel de la propriété de Daniel Vasella

Les opérations des activistes ne sont pas toujours inoffensives. On se souvient de l’incendie criminel du pavillon de chasse de l’ancien patron de Novartis Daniel Vasella, survenu à l’été 2009 dans la commune de Bach, dans le Tyrol. Cependant, la police a essuyé un revers: «Il n’y avait aucun suspect concret à l’époque et le ou les pyromanes n’ont pas pu être identifiés par la suite», rapporte un porte-parole du parquet d’Innsbruck interrogé par «Bluewin».

Le caractère punissable du crime d’incendie intentionnel expire au bout de dix ans, explique-t-il. «La procédure est "abandonnée". Cela signifie qu’il n’y a plus de bases d’investigation concrètes et qu’il n’y a donc plus d’enquête active.» D’après les médias, des militants pour la protection des animaux étaient soupçonnés à l’époque.

Une eau de fontaine rouge sang

La coloration de l’eau des fontaines en rouge sang est une méthode prisée. Des militants l’ont employée par exemple en octobre 2007 à la célèbre fontaine de Trevi à Rome – dans le but d’attirer l’attention sur le fardeau financier du festival du film à Rome, selon le message de revendication.

Mais des incidents de ce genre se sont également produits en Suisse, comme par exemple en octobre 2016, lorsque 13 fontaines ont été touchées dans la ville de Zurich. Le collectif féministe Aktivistin.ch protestait contre les taxes sur les tampons.

Et pas plus loin que le mois dernier, une eau rouge a coulé dans une fontaine à Uster, dans le canton de Zurich. Cette fontaine a par ailleurs déjà été colorée en vert poison et une autre fois, elle a été transformée en bain moussant. «Les investigations menées jusqu’à présent n’ont abouti à aucune preuve concrète permettant d’identifier le ou les auteurs», indique au sujet de l’enquête la police municipale d’Uster, précisant qu’un appel à témoins public a été lancé sur les réseaux sociaux.

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