La STEP de Penthaz (VD) est la première station d'épuration des eaux usées du canton équipée d'un dispositif de traitement avancé des micropolluants, depuis 2018.
La conseillère d'Etat vaudoise Beatrice Métraux (à droite) en compagnie du président de l'Association intercommunale pour l'épuration des eaux usées (AIEE) de la STEP de Penthaz René Devantay (à gauche).
STEP: Vaud s'est lancé dans un chantier titanesque pour lutter contre les micropolluants - Gallery
La STEP de Penthaz (VD) est la première station d'épuration des eaux usées du canton équipée d'un dispositif de traitement avancé des micropolluants, depuis 2018.
La conseillère d'Etat vaudoise Beatrice Métraux (à droite) en compagnie du président de l'Association intercommunale pour l'épuration des eaux usées (AIEE) de la STEP de Penthaz René Devantay (à gauche).
La lutte contre les micropolluants dans le canton de Vaud avance à petits pas mais sûrement. Le gouvernement a dressé mardi un bilan «positif et encourageant» des premières mesures prises dans le cadre d'un plan cantonal lancé en 2016. Mais beaucoup reste à faire.
C'est un chantier titanesque qui se déroule discrètement sous les yeux de la population vaudoise et ce jusqu'en 2040: la modernisation des stations d'épuration (STEP) et leur régionalisation en seize pôles pour traiter les micropolluants urbains. Ces substances de synthèse – médicaments, hormones, biocides, herbicides, insecticides, cosmétiques, produits agroalimentaires – ne sont que très partiellement éliminées dans les STEP vieillissantes actuelles.
Au total, 30'000 de ces substances sont employées chaque jour dans l'industrie, l'artisanat et les ménages en Suisse. Par exemple, sur les 500 tonnes de médicaments consommés par an, 170 sont rejetés dans les eaux usées via les excréments et les urines.
Même à de très faibles concentrations, certains micropolluants sont néfastes pour la qualité des rivières et les organismes aquatiques et peuvent menacer les ressources en eau potable. Ils affectent par exemple la photosynthèse des algues, la reproduction des poissons ou provoquer des lésions rénales chez la truite.
Une centaine de STEP en moins
Doté d'un premier crédit-cadre de 80 millions de francs accordé par le Grand Conseil, le Plan cantonal micropolluants est entré dans sa phase de mise en œuvre en 2016. A l'horizon 2040, il ne restera plus qu'une cinquantaine de STEP sur les 153 actuelles: seize grandes installations régionales parées pour traiter les micropolluants urbains de 90% de la population vaudoise ainsi qu'une quarantaine de plus petites stations.
Ce dispositif doit notamment permettre de répondre à la législation fédérale qui impose, pour les STEP équipées d'un traitement contre les micropolluants, un taux d'élimination de 80%. Or le canton a effectué des analyses entre 2014 et 2019 dans 36 STEP pour constater que l'élimination des micropolluants urbains n'atteignait que 15,4%. Largement insuffisant, a reconnu mardi la conseillère d'Etat en charge de l'environnement Béatrice Métraux.
La rationalisation et la modernisation du parc des STEP vaudoises est «difficile et coûteuse». Mais plus on avance dans la mise en oeuvre du plan cantonal, plus ses mesures auront des impacts directs sur la qualité de l'eau des rivières, a-t-elle dit en substance.
L'exemple positif de Penthaz
La ministre verte a donné pour preuve l'exemple «extrêmement réjouissant» de la STEP de Penthaz, où avait lieu symboliquement la conférence de presse. Première station du canton équipée d'un dispositif de traitement avancé des micropolluants depuis 2018, cette station a livré des résultats «très encourageants»: la réduction des substances cibles y est passée de 18% à 90%.
Cette très forte diminution, associée au raccordement de la STEP de Bussigny sur la STEP de Lausanne à l'été 2020, a par exemple entraîné une nette amélioration de la qualité des eaux de la Venoge, selon le canton. Le coût total de remise à neuf de la STEP de Penthaz (regroupement de sept villages) se monte à 19 millions de francs, dont quatre millions uniquement pour le dispositif anti-micropolluants.
Deux autres pôles régionaux sont actuellement en construction, ceux de Yverdon et Lausanne. Dix autres projets de STEP devant traiter les micropolluants sont en cours d'étude: Aigle, Echallens, Gland, moyenne Broye, Morges, Nyon, Orbe, Payerne, Pully et Villeneuve. Des comités de pilotage sont en outre déjà constitués pour deux projets (Haute Venoge – La Sarraz et Région Aubonne). Enfin, un site attend d'atteindre le seuil minimal de population raccordée requis par la législation fédérale (Commugny).
Le coût total de la modernisation et de la régionalisation des STEP cantonales s'élève, lui, à 1,2 milliard de francs pour ces 15-20 prochaines années. La Confédération, le canton et les communes participent à ces investissements.