Bélarus Svetlana Tikhanovskaïa souhaite que Berne enquête sur Loukachenko

ats

20.2.2021 - 01:02

Svetlana Tikhanovskaïa avait rencontré la présidente du Conseil national Isabelle Moret en octobre dernier à Vilnius (archives).
Svetlana Tikhanovskaïa avait rencontré la présidente du Conseil national Isabelle Moret en octobre dernier à Vilnius (archives).
ATS

L'opposante bélarusse Svetlana Tikhanovskaïa prévoit une visite en Suisse au mois de mars. Elle souhaite que la Confédération ouvre une enquête «sur les avoirs cachés et les schémas de corruption du président Alexandre Loukachenko».

Si les restrictions liées au coronavirus le permettent, l'opposante en exil espère notamment aborder la question des droits de l'homme avec le président du Conseil national Andreas Aebi (UDC/BE), qu'elle avait déjà rencontré durant l'automne à Vilnius, avec sa prédécesseure Isabelle Moret (PLR/VD).

Elle entend aussi discuter «de la meilleure façon d'aider à obtenir la libération» de la St-Galloise détenue depuis la mi-septembre «et celle des plus de 250 prisonniers politiques», explique-t-elle dans une interview publiée samedi par Le Temps.

Selon elle, «Loukachenko utilise depuis longtemps les prisonniers politiques comme monnaie d'échange, d'autant plus s'ils sont étrangers». Mais le cas de la Suissesse «dramatique et inhabituel (...) Je ne comprends pas pourquoi Alexandre Loukachenko ne la libère pas. Peut-être veut-il obtenir quelque chose de la Suisse, ou en faire un exemple pour montrer sa force ?», s'interroge-t-elle.

A la mi-décembre, la Confédération avait étendu ses sanctions contre le régime de Minsk, en inscrivant Alexandre Loukachenko, son fils Victor et treize autres personnes sur sa liste noire des personnes visées par ces sanctions. Leurs avoirs sont gelés et il leur est interdit d'entrer en Suisse ou de transiter par la Suisse.

Lutte contre l'impunité

Mme Tikhanovskaïa espère aussi pouvoir rencontrer Michelle Bachelet, la haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme. «Nous aimerions parler de la mise en place d'instruments qui permettraient de restaurer la justice en Biélorussie, y compris une investigation internationale sur les crimes commis dans le pays ces derniers mois.»

Le Conseil des droits de l'homme doit d'ailleurs dévoiler la semaine prochaine un rapport sur ce qui se passe en Biélorussie. «C'est très important pour nous, car nous ne voulons pas d'impunité», assure l'opposante.

«Que des ruines»

La situation de l'opposition est actuellement difficile. «Je dois bien l'admettre, nous avons perdu la rue, nous n'avons pas de moyen de combattre la violence du régime contre les manifestants – ils ont les armes, ils ont la force, donc oui, pour le moment il semble que nous ayons perdu», reconnaît-elle.

«Mais nous construisons aujourd'hui les structures pour les luttes de demain», ajoute-t-elle. Nous travaillons à lier les différentes initiatives d'opposition qui ont émergé un peu partout (...) Notre stratégie, c'est de mieux nous organiser, de mettre le régime sous pression constante, jusqu'au moment où les gens seront à nouveau prêts à redescendre dans la rue, peut-être au printemps.»

A ses yeux, toutetois, «ce n'est que quand il sera au pied du mur qu'Alexandre Loukachenko commencera les négociations. Et je crains qu'il ne laisse derrière lui que des ruines», affirme-t-elle.

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