Transport ultra-rapideLes à-coups du projet de Collombey-Muraz
vs, ats
9.2.2024 - 14:56
Espérée en 2019, puis en 2022, la construction de l'Alphatube à Collombey-Muraz (VS) peine à démarrer. Les porteurs de ce projet de transport ultra-rapide sous-vide n'articulent plus de date, suspendus qu'ils sont aux démarches et décisions communales.
Keystone-SDA, vs, ats
09.02.2024, 14:56
ATS
A Collombey-Muraz, la fondation EuroTube veut construire un tube de béton étanche de 3,1 km de long baptisé Alphatube. Il sera utilisé pour tester des capsules qui y circuleront à des vitesses allant de 300 à 900 km/h, et qui, à terme, devraient transporter des personnes et des marchandises aussi imposantes que des containers.
Collombey-Muraz a été choisie comme site pour tester ce train du futur, appelé aussi Hyperloop, car elle propose un terrain adéquat, très plat et présentant très peu d'obstacles. Mais avant que le projet ne se concrétise, il doit encore franchir plusieurs étapes.
Compensations attendues
Le Conseil général de la commune doit se prononcer sur une modification du plan d'affectation de zones (PAZ) et de son règlement (RCCZ). «Nous espérons une décision d'ici au début de l'été», précise à Keystone-ATS Olivier Turin, président de la commune. Si le vote est positif, le chemin se poursuit vers une demande d'autorisation de construire auprès de la commission cantonale des constructions.
Reste les oppositions. Si celle émanant d'un privé a pu être réglée, celle déposée par Pro Natura et le WWF en septembre 2020 n'a toujours pas trouvé d'issue.
«Nous ne nous opposons pas au projet lui-même, qui semble très prometteur, mais à son impact sur le milieu naturel», souligne Jérémy Savioz chargé d'affaires à Pro Natura. Les organisations demandent des compensations écologiques, car l'emprise au sol de la construction s'élève à cinq hectares environ, sur un site sans exploitation agricole où se développent la faune et la flore.
«Nous étions à bout touchant avec un propriétaire de terrain, malheureusement, il a changé d'avis. Nous sommes en train d'explorer d'autres pistes», indique Olivier Turin.
Garanties exigées
La commune doit trouver une ou plusieurs parcelles qui, une fois valorisées, peuvent compenser les atteintes à la nature évaluées par le bureau chargé de l'étude d'impact dans ce dossier. «Il pourrait s'agir de plantations d'arbustes favorisant les oiseaux, de revitalisation d'un ou plusieurs canaux ou encore d'étangs pour batraciens», illustre Jérémy Savioz
Si le législatif accepte la modification du PAZ, le projet pourra alors aller de l'avant, mais à une seule condition: que «nous ayons obtenu des garanties sur la faisabilité foncière et financière des compensations, à inclure dans l'autorisation de construire», indique le chargé d'affaires de Pro Natura. Si tel n'est pas le cas, les deux organisations pourraient recourir auprès du Conseil d'Etat.
«Nous avons un dialogue constructif avec les organisations environnementales, je reste optimiste. Nous disposons du dossier de mise en place de la mesure de compensation et un premier montant d'environ 50'000 francs est inscrit au budget 2024, signe de notre bonne volonté», relève Olivier Turin.
«Intérêt considérable»
La fondation EuroTube, basée à Dübendorf (ZH), sait que le processus «prend du temps» et demeure convaincu que l'Alphatube répond à une demande. «La validation de la faisabilité de la technologie «hyperloop» suscite un intérêt considérable et plusieurs groupes en Europe travaillent sur des solutions qui devront être testées; c'est pourquoi nous voulons construire l'AlphaTube», indique Steffen Hartmann chef de la communication d'EuroTube.
«Nombre de nos partenaires souhaiteraient que les procédures administratives progressent rapidement afin de communiquer plus spécifiquement sur les travaux en cours», précise-t-il. Il indique encore que des échanges techniques sont prévus avec HES-SO dans le cadre d'un projet financé par l'école et dont le but est de développer un prototype de véhicule innovant dans le domaine de la lévitation.
L'exploitation de l'Alphatube est prévue durant dix ans dès la fin de la construction, puis il sera démantelé. La halle de 2400 mètres carrés prévue comme centre de recherche et de production pour les capsules testées sera, elle, reprise par la commune. Le budget total du projet est estimé entre 45 et 50 millions de francs.