Au LiechtensteinUn siècle de franc suisse : l’histoire d'un succès
uj, ats
11.4.2024 - 08:55
Le Liechtenstein fête jeudi les 100 ans de son union monétaire avec la Suisse. Le 11 avril 1924, la principauté introduisait le franc suisse comme devise officielle et renonçait à l'ancienne couronne autrichienne. Ce bouleversement a posé les bases de l'essor économique spectaculaire du micropays.
uj, ats
11.04.2024, 08:55
ATS
L'union douanière signée en 1923 entre les deux pays voisins a entraîné l'intégration du Liechtenstein dans l'espace économique suisse. Un an plus tard, la principauté adoptait également le franc suisse comme monnaie nationale. Les deux démarches répondaient alors à une nécessité.
L'alignement financier du Liechtenstein sur l'Autriche, patrie de la famille princière, a entraîné la principauté dans la misère économique au lendemain de la Première guerre mondiale. La défaite militaire et l'Emprie austro-hongrois et sa dislocation, en 1918, avait causé la chute vertigineuse de la couronne autrichienne.
Artisans et population ont pris les devants
Le monde politique liechtensteinois a tenté de lancer une monnaie propre à la principauté. Cette velléité était contestée. D'une part la principauté, peuplée alors de seulement 12'000 habitants, semblait trop petite pour imposer sa propre monnaie. D'autre part, le franc suisse s'est établi dès 1920 dans le quotidien liechtensteinois comme devise de paiement. La population avait pris les devants.
Les petites entreprises ont représenté la force motrice du passage au franc suisse, écrit le gouvernement liechtensteinois à l'occasion du centenaire de l'union monétaire. Les artisans préféraient être payés en monnaie helvétique, stable face à l'inflationnaire couronne autrichienne. De plus, ils devaient, de toute manière, payer en francs les matériaux et matières premières achetées en Suisse.
Dans les faits, l'adoption du franc suisse par la population et par les petites entreprises était donc déjà une réalité plusieurs années avant son introduction officielle. Les perdants de ce passage anticipé au franc suisse étaient les personnes dont le salaire était payé en couronne autrichienne, et qui devaient payer leur train de vie en francs: ils étaient fonctionnaires, enseignants, hommes d'Eglise ou ouvriers.
Taxes, timbres et comptes d'Etat d'abord
Fixer les impôts, les taxes, les redevances et les sanctions en franc suisse a fait partie des premières démarches de la politique liechtensteinoise lors de l'introduction officielle de la devise par la principauté. D'autres mesures ont suivi, comme le traité postal avec la Suisse, en 1920, puis l'émission des timbres du Liechtenstein en franc suisse, un an plus tard.
A partir de 1919, le gouvernement du Liechtenstein a commencé à gérer les comptes d'Etat partiellement en francs suisses. Elle a généralisé cette pratique dès 1922. Suite à l'accord passé avec la Suisse, le parlement de la principauté a adopté, en avril 1924, le franc suisse comme seule devise de paiement dans le pays.
Ce pas a permis au Liechtenstein d'entrer, par la suite, dans l'histoire économique comme l'un des pays les plus prospères. L'introduction du franc suisse a constitué «le fondement essentiel de la prospérité actuelle et de la grande stabilité de l'économie liechtensteinoise», écrivait récemment le gouvernement de la principauté.
Traité monétaire en 1980
La Suisse et le Liechtenstein n'ont, toutefois, conclu de véritable traité monétaire qu'en 1980, faisant finalement entrer ainsi la principauté dans la zone monétaire de la Confédération. «L'introduction du franc suisse au Liechtenstein reste une histoire à succès» et la principauté n'est aujourd'hui plus imaginable sans la devise helvétique, écrit l'exécutif.
Le micropays célébrait donc jeudi un siècle d'union monétaire avec la Suisse. Le gouvernement du Liechtenstein a invité à cette occasion la population, la famille princière, ainsi que le monde politique et économique de la principauté à l'Hôtel de Ville de Vaduz. Le vice-président du directoire de la Banque nationale suisse, Martin Schlegel, était également invité à s'y exprimer.