«Guanziroli au tribunal» Ce chauffard s'est fait passer pour un policier

de Silvana Guanziroli

13.6.2019

Une conduite à toute vitesse, des distances de sécurité non respectées et un accident de la route évité de peu: un Suisse de 37 ans doit répondre de son comportement extrême ce jeudi devant un tribunal.
Une conduite à toute vitesse, des distances de sécurité non respectées et un accident de la route évité de peu: un Suisse de 37 ans doit répondre de son comportement extrême ce jeudi devant un tribunal.
Keystone

Après avoir talonné et dépassé une autre automobiliste puis manqué de peu de provoquer un accident, un Suisse de 37 ans se pensait dans son bon droit. A tel point qu’il s’est fait passer pour un policier devant sa victime. Ce comportement l’amène ce jeudi devant un tribunal.

Cette automobiliste a eu la peur de sa vie lors de ce trajet du 22 décembre 2018. Il était environ trois heures du matin lorsqu’elle rentrait chez elle en voiture dans l’Unterland zurichois. Alors même que la conductrice roulait à 60 km/h, un véhicule s’est rapidement approché de l’arrière de sa voiture et s’est dangereusement placé à son niveau.

Au volant de la Ford Focus qui la talonnait se trouvait Roger P.*, un architecte zurichois. Pour l’homme de 37 ans, la femme qui roulait devant lui avançait visiblement bien trop lentement. L’homme lui a fait des appels de phares à plusieurs reprises et a finalement commencé à la dépasser. Une manœuvre qui s’est avérée dangereuse: Roger P. s’est rabattu quelques mètres seulement devant la voiture de sa victime et a soudainement freiné au volant de sa Ford. Si brusquement que la conductrice a dû immédiatement enfoncer la pédale de frein pour éviter le pire. A la dernière seconde, elle a pu échapper à une collision.

Mais cela n’a pas empêché Roger P. de passer à l’étape suivante. Il est alors sorti de sa voiture pour rejoindre l’autre véhicule. «Police cantonale de Zurich, papiers s’il vous plaît», a-t-il lancé à la femme. L’architecte prétendait faussement être un policier qui entendait renseigner la conductrice sur sa conduite.

Mais pour Roger P., ces agissements ont désormais des conséquences. Le parquet de Winterthour/Unterland a accusé le prévenu de coercition, d’usurpation de fonctions et d’infraction intentionnelle et grossière au code de la route. Dans son acte d’accusation, l’autorité écrit que suite à son comportement, Roger P. aurait pu provoquer facilement une collision qui, «à une vitesse d’environ 50 km/h, aurait très probablement pu occasionner des blessures conséquentes ou même la mort de personnes.»

Les faits se sont produits à Bachenbülach, dans le canton de Zurich. C’est sur cette route que l’automobiliste a été forcée de freiner.
Les faits se sont produits à Bachenbülach, dans le canton de Zurich. C’est sur cette route que l’automobiliste a été forcée de freiner.
Google Streetview

Le non-respect des distances de sécurité, un problème majeur

Selon l’acte d’accusation, l’attitude de Roger P. est un cas extrême de comportement agressif dans le trafic. Néanmoins, les chauffards continuent de faire fi des distances de sécurité sur les routes suisses. Le non-respect des distances de sécurité est en réalité l’une des causes d’accidents les plus courantes. Et ce, alors même qu’une règle tout à fait claire est en vigueur. Ainsi, le Tribunal fédéral appelle dans sa jurisprudence à respecter une distance égale à la moitié de la vitesse. A une vitesse de 100 kilomètres à l’heure, elle est donc de 50 mètres, selon cette règle.

Outre ce principe, tout le monde connaît également la règle des deux secondes, recommandée par l’Association suisse des moniteurs de conduite. Elle consiste à fixer un point sur la chaussée ou sur le bord de la route. Lorsque la voiture située devant passe ce point de repère, il suffit de compter deux secondes. Le point de repère doit être atteint après cela; sinon, la distance est trop faible. L’utilité d’une distance suffisante est illustrée par ce calcul: une voiture qui freine à 90 km/h doit parcourir environ 62 mètres pour s’arrêter.

Comment prévenir toute conduite agressive

Afin d’éviter le stress au volant, le Touring Club Suisse recommande de suivre les astuces suivantes:

Ne pas se mettre sous pression

- Rouler de manière agressive ne permet pas d’atteindre plus rapidement sa destination mais, pour l’essentiel, fait de l’automobiliste un plus grand danger.

- En cas de retard causé par un bouchon, il est recommandé de s’arrêter sur une aire de repos et de prévenir les personnes qui attendent. Ceci permet d’évacuer beaucoup de pression.

Ne prendre le volant que si l’on est en forme

- La fatigue, la soif, la faim ou le stress constituent d’autres facteurs pouvant provoquer un comportement agressif sur la route. Il convient de ne prendre la route que si l’on est en forme.

- Sur de longs trajets, il convient de veiller à faire des pauses assez longues et de boire et manger régulièrement.

Se montrer tolérant et patient

- La tolérance mutuelle contribue à améliorer le climat sur les routes et à réduire le nombre d’accidents.

- Une pratique sportive régulière permet un meilleur équilibre.

Aujourd’hui, Roger P. doit répondre de sa conduite agressive devant le tribunal de district de Bülach.
Aujourd’hui, Roger P. doit répondre de sa conduite agressive devant le tribunal de district de Bülach.
Keystone

Peine pécuniaire et amende

Aujourd’hui, Roger P. doit répondre de sa conduite agressive devant le tribunal de district de Bülach. Si la volonté du parquet en charge de la procédure est suivie, le prévenu devra casser sa tirelire à cause de son comportement. L’autorité requiert une peine pécuniaire de 4000 francs.

* Nom connu de la rédaction

Silvana Guanziroli, rédactrice pour «Bluewin», est accréditée auprès des tribunaux zurichois en tant que correspondante judiciaire. Dans sa série «Guanziroli au tribunal», elle écrit au sujet des affaires pénales les plus passionnantes, identifie des affaires criminelles insolites et s’entretient avec des experts au sujet du rôle de la justice. Diplômée de l’école de police de la police cantonale de Zurich, Silvana Guanziroli officie depuis plus de 20 ans en tant que journaliste d’actualité. silvana.guanziroli@swisscom.com.
Silvana Guanziroli, rédactrice pour «Bluewin», est accréditée auprès des tribunaux zurichois en tant que correspondante judiciaire. Dans sa série «Guanziroli au tribunal», elle écrit au sujet des affaires pénales les plus passionnantes, identifie des affaires criminelles insolites et s’entretient avec des experts au sujet du rôle de la justice. Diplômée de l’école de police de la police cantonale de Zurich, Silvana Guanziroli officie depuis plus de 20 ans en tant que journaliste d’actualité. silvana.guanziroli@swisscom.com.
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