Carnet noir Une figure majeure du photojournalisme s’en est allée

ll, ats

8.8.2024 - 11:14

Grand Prix suisse en 2020, actuellement exposée à Venise, la photographe romande Monique Jacot est décédée peu avant ses 90 ans, annonce jeudi sa famille. Elle s'était fait connaître par ses reportages de terrain, avant de s'intéresser aux expérimentations visuelles.

Monique Jacot est décédée peu avant ses 90 ans.
Monique Jacot est décédée peu avant ses 90 ans.
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Keystone-SDA, ll, ats

Née à Neuchâtel en août 1934 et diplômée de l’Ecole des arts et métiers de Vevey, Monique Jacot devient entre 1950 et 1980 une figure majeure du photojournalisme, alors en plein essor. Elle travaille tant pour la presse suisse qu'étrangère (Schweizer Illustrierte, l'Illustré, Vogue, Du, Elle, Geo, Times, etc.).

Ses images humanistes révèlent son ouverture et sa sensibilité. Elle témoigne des conditions de vie des femmes, avec plusieurs séries sur les ouvrières d'usine, les femmes de la terre ou encore les manifestations féministes, dont la Grève des femmes de 1991.

Grand voyageuse, Monique Jacot raconte aussi le monde. Elle a arpenté la Californie et le Nevada dans les années 50, l'Egypte plus tard, mais aussi plusieurs pays d'Asie et d'Afrique. Le thème des paysages l'a aussi conduite sur les rives du Doubs.

Nouvelles expériences

Monique Jacot découvre la technique du Polaroid en 1970. Sa pratique de l’instantané lui apporte une plus grande liberté de création que les commandes pour la presse. Progressivement, sa photographie évolue vers un vocabulaire visuel personnel. Elle achève une formation de dessin puis côtoie le milieu de la gravure.

À la différence de ses reportages engagés, ses images poétiques, aux confins de l’abstraction, tendent vers la contemplation, l’imaginaire et le rêve. En 2020, au musée Jenisch, à Vevey, elle expose ses héliogrammes, résultat d’expérimentations à mi-chemin entre le photogramme et l’héliogravure.

Récompenses

Outre le Grand Prix suisse du design, en catégorie photographie, elle décroche plusieurs récompenses, dont le Grand Prix 2005 de la Fondation vaudoise pour la promotion et la création artistiques, doté de 100'000 francs. «Ce prix va m'aider à réaliser plein de projets», disait alors la résidente d'Epesses (VD).

En 2022, Photo Elysée, à Lausanne, lui avait consacré une exposition. Celle-ci, intitulée «Monique Jacot. La figure et ses doubles», est exposée jusqu'en septembre au Palazzetto Bru Zane à Venise.