SuisseUne initiative demande la reconnaissance de l'Etat de Palestine
ATS
14.10.2025 - 10:30
La Suisse doit reconnaître officiellement la Palestine comme Etat. Une coalition de la société civile, d'ONG et de politiciens a lancé mardi une initiative populaire dans ce but. Elle a 18 mois pour récolter 100'000 signatures.
La Suisse doit reconnaître la Palestine comme Etat souverain, réclame une initiative populaire lancée mardi. A l'image, une manifestation en soutien à Gaza et à la Palestine en septembre à Madrid (archives).
ATS
Keystone-SDA
14.10.2025, 10:30
14.10.2025, 13:25
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Face à l'inaction du Conseil fédéral et du Parlement, le comité «Palestina Oui!» veut agir. Après des manifestations, des pétitions, une grève de la faim devant le Palais fédéral et des interventions rejetées au Parlement, l'initiative est un instrument démocratique supplémentaire pour agir, a dit le conseiller aux Etats Carlo Sommaruga, lors d'une conférence de presse à Berne.
Concrètement, le texte demande d'inscrire la reconnaissance de l'Etat de Palestine comme Etat souverain et indépendant dans la Constitution fédérale. En cas de oui du peuple, le Conseil fédéral devrait adresser au secrétaire général de l'ONU et à l'Assemblée générale des Nations Unies une déclaration en ce sens dans un délai de trois mois.
Souffrance incommensurable
Aujourd'hui, la souffrance de la population palestinienne à Gaza est incommensurable, a rappelé le chirurgien Pietro Majno-Hurst, membre de l'ONG Swiss Healthcare Workers Against Genocide, et fils de réfugié juif accueilli en Suisse en 1943.
Au cours des deux dernières années, «nous avons assisté à des crimes de guerre tels que l'utilisation de la faim, des déplacements forcés de population civile». Les infrastructures et les acteurs même du système de santé à Gaza ont été détruits. «Il n'y a quasiment plus de médecins spécialisés en vie», a -t-il témoigné.
En juillet 2024, la Cour internationale de Justice (CIJ) a émis un avis concluant que l'occupation des territoires palestiniens par Israël est illégale et doit cesser. La CIJ a également statué que les colonies israéliennes constituent une violation du droit international.
Reconnaître aujourd’hui l'Etat de Palestine est donc plus urgent que jamais, a souligné la présidente des Vert-e-s Lisa Mazzone. Cela permet de mettre en oeuvre le droit à l’autodétermination du peuple palestinien, en engageant des relations diplomatiques réciproques.
Actuellement, près de 80% des pays de l'ONU reconnaissent cet Etat. Récemment, onze Etats occidentaux, dont la France et le Royaume-Uni, ont franchi le pas. Alors que la Suisse s'engage officiellement depuis des décennies pour une solution à deux Etats, le Conseil fédéral «refuse obstinément» de reconnaître la Palestine, a regretté Lisa Mazzone.
Pas encore le moment
Le gouvernement a jusqu'ici toujours argumenté que le moment n'est pas encore venu. «Nous nous engagerons pour l'institution d’une autorité palestinienne en vue de la création d'un Etat palestinien», a encore précisé lundi soir à la radio publique tessinoise RSI le ministre des affaires étrangères Ignazio Cassis, interrogé sur les récents développements à Gaza suite au plan de paix de Donald Trump.
Israël a annoncé avoir libéré lundi 1968 prisonniers palestiniens en échange de la libération des 20 derniers otages vivants qui étaient encore retenus captifs par le Hamas dans la bande de Gaza.
Pour Carlo Sommaruga, l'inaction de la Suisse officielle dans le conflit israélo-palestinien a été «délibérément organisée par Ignazio Cassis, qui n'a eu de cesse d'aligner le gouvernement et la majorité du Parlement sur le narratif et les positions du gouvernement israélien».
Un premier pas vers un processus de paix a pourtant déjà été entamé au niveau international à New-York, avec la déclaration conjointe de la France et de l'Arabie saoudite, une «occasion en or» pour faire évoluer la position de la Suisse, que le Conseil fédéral n'a pas saisie, regrette le Genevois.
L'initiative populaire peut contribuer à changer le paradigme, selon lui. Si le comité récolte rapidement les signatures nécessaires, cela enverra un signal politique fort: la population veut agir. Il a rappelé qu'un récent sondage montre que 65% des citoyens souhaitent une reconnaissance de la Palestine par la Suisse.
Condamnation des violences
Interpellé sur les violences et les débordements survenus lors de récentes manifestations en soutien à Gaza à Genève et à Berne notamment, Carlo Sommaruga a reconnu que ces événements desservent la cause. «Nous condamnons clairement les violences et les déprédations», a ajouté Lisa Mazzone.