Vaud Les comptes 2024 ont été acceptés du bout des lèvres

ATS

24.6.2025 - 17:16

Le Grand Conseil vaudois a approuvé mardi en rechignant sur les comptes 2024 du canton, lesquels affichent un large déficit. Ce vote, purement symbolique, a abouti sur 71 acceptations, contre 19 refus et 39 abstentions.

Le Grand Conseil s'est à nouveau alarmé de la situation mardi (archives).
Le Grand Conseil s'est à nouveau alarmé de la situation mardi (archives).
sda

Keystone-SDA

Dévoilés en avril dernier, les comptes 2024 ont bouclé sur un déficit opérationnel de 369,2 millions de francs, nettement aggravé par rapport à celui de 2023 (-39 mio). Le Grand Conseil s'est à nouveau alarmé de la situation mardi. Mais si l'inquiétude est partagée, les divergences demeurent vives entre la droite et la gauche sur les causes et remèdes à adopter.

La première soutient que tout le problème vient de la hausse «non maîtrisée» des charges, tandis que la seconde stigmatise «les cadeaux fiscaux» qui ont limité les revenus.

Tandis que les revenus ont grimpé de 3,3% l'an dernier, les charges ont progressé de 6,2%: «tout est dit», a estimé le PLR Nicolas Suter, relevant que la hausse des charges se poursuivait «au-dessus de toute démographie et inflation». Selon lui, «il est temps de demander au gouvernement des économies au coeur du fonctionnement de l'Etat, pas seulement des coupes budgétaires».

Même discours au sein de l'UDC, où Cédric Weissert a critiqué «des charges devenues incontrôlables». Les «mesurettes» ne sont pas suffisantes et il faut «mettre fin à cette spirale négative», a-t-il dit. Pour le Vert'libéral Jérome De Benedictis, le prochain budget sonnera «l'heure de vérité» puisqu'il ne faudra «plus débattre de la dérive continue des dépenses, mais agir».

Point de bascule

Pour la gauche en revanche, la situation actuelle est due «à une succession de baisses fiscales», a jugé Hadrien Buclin pour le groupe Ensemble à Gauche & POP. Pour le socialiste Alexandre Demétriadès, ces allègements fiscaux ont provoqué «un déséquilibre entre les besoins de la population et les moyens de l'Etat pour y répondre». Mentionnant les «défis» à relever ces prochaines années, par exemple en matière de santé, formation ou mobilité, il a estimé que le Canton se trouvait à «un point de bascule».

Le Vert Théophile Schenker a, lui, parlé d'une politique de baisses fiscales «à contretemps» alors que les besoins de la population augmentent. Selon lui, les mesures d'assainissement de 94 millions de francs – nécessaires pour atteindre la limite du «petit équilibre» – auraient pu être évitées sans la baisse d'impôt sur le revenu de 3,5%, laquelle a provoqué en 2024 des pertes fiscales d'environ 105 millions, a-t-il estimé.

Au vote, la droite, hormis quelques UDC, a approuvé les comptes, tandis que les élus de gauche se sont majoritairement abstenus ou les ont refusés.

Mesures «opaques»

Dans la foulée, des députés de tous bords ont attaqué le rapport du Conseil d'Etat sur les mesures d'assainissement, à savoir les 94 millions nécessaires pour atteindre le «petit équilibre», dont déjà 79 millions sur les charges du budget 2025. Les députés ont notamment critiqué une documentation «incomplète» et des mesures «opaques». Ils ont aussi déploré avoir appris «par la bande» l'abandon de certaines prestations publiques.

Le conseiller d'Etat Frédéric Borloz a répondu qu'il fallait «trouver un chemin et que cela allait prendre du temps». Il a promis que «le vrai bilan serait fait à la fin de l'année. C'est à ce moment que les mesures pourront être détaillées», a-t-il dit.