Détresse psychologique Vulnérabilité accrue des jeunes durant la pandémie

misc, ats

23.1.2022 - 17:25

Durant la pandémie, il y a eu davantage de jeunes en situation de détresse psychologique nécessitant une aide médicale. Des chiffres du canton de Zurich et Berne montrent notamment une hausse des pensées suicidaires.

Image d'illustration 
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KEYSTONE/Christian Beutler

23.1.2022 - 17:25

Au premier semestre 2019, le centre des urgences psychiatriques pour enfants et adolescents de la clinique psychiatrique universitaire de Zurich a recensé 321 consultations d'urgence. Entre janvier et juin 2020, ce chiffre est passé à 450, a indiqué dimanche à Keystone-ATS le médecin-chef Gregor Berger.

Le responsable du service de psychiatrie et de psychothérapie pour enfants et adolescents de la clinique confirmait une information de la Sonntagszeitung. Les consultations d'urgence ont augmenté de 40%, tandis que le nombre de contacts téléphoniques d'urgence a doublé, passant de 880 à 1744, selon une étude de l'équipe du Dr Berger.

La proportion de jeunes qui disent avoir eu des pensées suicidaires a augmenté durant la période étudiée de 69 à 86%. Dans le même temps, la proportion de patients faisant état d'automutilations est passée de 31 à 48%. Les tentatives de suicide en font notamment partie.

Mineurs en psychiatrie adulte

Selon l'étude, le nombre de mineurs accueillis dans le service de psychiatrie adulte a également augmenté depuis les vacances d'été 2020 dans le canton de Zurich. Cette mesure n'est prise que lorsqu'une hospitalisation est inévitable et qu'il n'y a plus de place dans les institutions spécialisées.

Zurich n'est pas le seul canton à faire face à cette situation. La clinique universitaire de psychiatrie pour enfants et adolescents à Berne a pris en charge en 2021 plus de 50% de mineurs suicidaires de plus que l'année précédente, selon la Sonntagszeitung.

En décembre 2020, 32 personnes ont été prises en charge aux urgences, contre 55 en décembre de l'année dernière, a illustré Michael Kaess, directeur médical aux services universitaires psychiatriques de Berne en réponse aux questions de Keystone-ATS.

Durant le dernier mois de 2021, le nombre de patients se situait à 240% des capacités planifiées. Certains jeunes suicidaires ont dû être transférés dans des services non protégés. La situation était toutefois déjà tendue avant la pandémie.

Pression accentuée

Le centre des urgences psychiatriques pour enfants et adolescents de Zurich fait face à une hausse des demandes d'aide depuis dix ans déjà, précise M. Berger. La pandémie de coronavirus a accentué cette évolution.

Pour le médecin, la pression sur les jeunes s'est renforcée depuis le tournant du millénaire. Cela commence dès l'école primaire en vue de futures études. Dans le sport aussi, les enfants doivent souvent fournir des performances dès leur plus jeune âge pour pouvoir continuer.

Toujours plus sur le mobile

Le médecin-chef juge aussi problématique le temps passé sur le téléphone mobile. Selon des enquêtes de sa clinique, l'usage du portable pendant les loisirs est passé en moyenne par jour de quatre à six heures et demie lors de la première vague de Covid-19. Cette durée n'a plus diminué avec l'assouplissement des mesures.

Cela a changé les habitudes de vie des teenagers qui dorment moins, selon Gregor Berger. Les jeunes patients de la clinique passaient souvent huit heures ou plus sur leur téléphone ou leur ordinateur. Les médecins constatent un recul de l'activité sportive et une baisse des interactions avec le monde réel.

Cannabis beaucoup plus fort

M. Berger voit aussi un facteur de risque avec la consommation précoce de drogue, en particulier de cannabis. A Zurich, la teneur en THC, la substance psychoactive de l'herbe ou de haschisch confisqué, est souvent supérieure à 20%. Dans les années 1960, elle était habituellement comprise entre 3 et 5%.

Des études montrent que le taux de suicide et la proportion de personnes atteintes de maladies psychiques graves sont plus élevés chez les personnes qui ont consommé du cannabis à un jeune âge que dans la population générale.

Globalement, l'expert estime que 10 à 20% des jeunes sont particulièrement vulnérables sur le plan psychique. Chez eux, les nouvelles contraintes entraînent une augmentation des problèmes. Et les tendances suicidaires ne sont que la partie émergée de l'iceberg.

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