Locarno Film Festival Leonardo Nigro: «Tiziana Soudani était une personne magnifique»

Teleclub / pab

14.8.2020

Locarno 2020 | Leonardo Nigro

Locarno 2020 | Leonardo Nigro

29.07.2020

Moments magiques, films émouvants et souvenirs nostalgiques de la Piazza Grande: certaines personnalités suisses parlent de leurs moments privilégiés liés au Locarno Film Festival, qui se déroule cette année du 5 au 15 août. Aujourd'hui: l'acteur Leonardo Nigro.

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Au cours de l'interview «Bluewin» a découvert quels sont les trois films que le politicien emmènerait sur l'île déserte et avec quel personnage célèbre il aimerait discuter sur la Piazza Grande.

Le premier film est comme le premier grand amour, inoubliable. M. Nigro, quel est votre premier souvenir cinématographique?

Le premier film que j'ai vu au cinéma était «Popeye» avec Robin Williams. C'était à l'Uto, un cinéma à Zurich. Même aujourd'hui, quand je passe devant, je me souviens de cette première fois et je suis heureux que ce cinéma ne soit pas encore démoli (rires).

Si vous ne pouviez apporter que trois films sur une hypothétique île déserte, quels seraient-ils?

Je pense souvent en termes de moments quand il s'agit de films. Il y a des choses, comme par exemple des séquences particulières ou certaines des réactions des acteurs, qui m'ont plus marqué que le film en lui-même, dans son ensemble. Mais si je dois vraiment choisir 3 films, je dirais: «Cinema Paradiso», de Giuseppe Tornatore. C'est une ode au cinéma. Il parle d'une histoire d'amour et ça m'a fait beaucoup pleurer. Il y a beaucoup de choses dans ce film auxquelles je me sens connecté. Par exemple, il y a le sud de l'Italie, que j'adore, et l'amour du cinéma. J'aime aussi beaucoup «Cinema Paradiso» car j'ai vécu les mêmes expériences que le jeune homme du film. À l'âge de cinq ans, j'ai commencé à faire du théâtre à l'église italienne de Zurich, où des films tels que «Les dix commandements», «Ben-Hur», «Cléopâtre» étaient projetés le dimanche après-midi. J'étais comme le gars du film à côté de Don Paolo, j'ai vu l'enroulement et le rembobinage des films et durant les pauses j'aidais à les remplacer. Le deuxième film est «Le Parrain, première partie». Je l'ai tellement aimé que je l'ai regardé beaucoup de fois. S’il y a des gens qui écoutent de la musique, tout en faisant autre chose, moi je l'ai fait avec «Le Parrain». Je l'ai regardé et écouté sans retenue. Je connais chaque réplique par cœur. Le troisième? Maintenant je triche (rires), mais en tant que troisième film ... c'est définitivement mon premier travail, qui est le film privé de la naissance de mon fils. Je suis désolé pour tous les réalisateurs, producteurs et lauréats des Oscars, mais le film avec mon fils est imbattable. Je l'emmènerais certainement sur l'île avec moi.

Quel est votre film préféré parmi ceux projetés au Festival de Locarno?

J'ai deux souvenirs. Le premier, c'est lorsqu'un film auquel j'ai également participé a été projeté sur la Piazza Grande. C'était spécial. Je ne veux pas le juger, dire que c'est meilleur ou pire que les autres films, mais c'était quelque chose d’émotionnel. Ce n'est même pas si vieux que ça, ça s'appelle «Cronofobia», de Francesco Rizzi d'Imago Film, produit par Villi Hermann. C'était le premier opéra d'Hermann à remporter le Max Ophüls Preis. «Chronophobie», je ne peux que le recommander. Si vous pensez que c'était un «petit» film et qu'il a été montré sur la Piazza Grande, eh bien oui, c'était mon «moment de gloire». L'autre expérience à Locarno, en revanche, est très différente (rires). Soleil, 33 degrés, temps parfait pour aller se baigner au lac, mais j'ai vu au programme que dans une salle on montrait «Le Parrain» dans sa version originale. Alors je me suis demandé: «Quand-est-ce que j’aurais une autre chance de le regarder sur le grand écran d'un cinéma?». J'ai laissé tout le monde aller au lac, pendant que j'allais - malgré la grande chaleur - le voir. C'était merveilleux.

Quel est votre «moment magique» lié au Locarno Film Festival?

C'est quelque chose de très émouvant, de beau, mais qui a aussi un arrière-goût résolument triste. J'étais à mes débuts, je n'étais pas encore un vrai acteur, j'avais terminé quelques petits travaux en Suisse alémanique, mais rien de plus. Puis j'ai rencontré Tiziana Soudani, d'Amka Films. Nous nous sommes rencontrés lors des Journées de Soleure et elle a été très gentille avec moi dès le début. Je me souviens qu'elle m'a dit: «Je t'ai vu jouer dans un film et tu es très bon, tu mérites d'être soutenu. Appelle-moi lorsque tu viendras à Locarno». L'été, je l'ai contactée et je n'étais pas sûr qu'elle me reconnaîtrait. Mais oui, et elle a reproposé de la contacter une fois arrivé à Locarno. Elle était vraiment gentille. Pendant deux jours, elle a pris soin de moi, m'a pris par la main, m'a montré chaque recoin du Festival et m'a présenté à beaucoup de monde. Oui, rétrospectivement, je peux certainement dire qu'avant chaque film et tout le reste, c'était l'expérience la plus émouvante. Je n'oublierai jamais ce que Tiziana Soudani a fait pour moi. C'était une personne magnifique, qui nous manque à tous (ndlr: la productrice tessinoise est décédée après une longue maladie en janvier 2020).

Leonadro Nigro
Teleclub

Leonardo Nigro, né en 1974 d'un couple d'immigrants italiens, a grandi à Zurich. De 1994 à 1996, il a fréquenté l'European Film Actor School. Il joue tant dans des productions pour la télé que pour le cinéma. Il fait partie du casting de «Grounding», le film sur la faillite de Swissair. Très connu en Suisse alémanique, le public italophone le connaît pour des productions tessinoises telles que «Sinestesia» d'Erik Bernasconi et «Oro verde» de Mohammed Soudani, film grâce auquel il a remporté le prix du meilleur acteur dans un second rôle aux Journées de Soleure en 2014. Il a également joué dans «I fratelli neri» de Xavier Koller.

Pourquoi avons-nous besoin du Festival du film de Locarno?

Je pense que c'est une carte de visite importante, voire plus, pour toute la Suisse et pour le monde du cinéma. Il y a peu à dire: le Locarno Film Festival fait partie intégrante de la Suisse comme le Salon de l'Automobile de Genève. Aussi, par exemple, nous sommes allés une fois au Festival du film de Montréal, et nous avons parlé avec des personnes, ils se souvenaient: «Ah oui, Locarno, nous étions là, c'est magnifique». L'importance de Locarno est reconnue et on fait partie de ce monde. Le Festival est essentiel pour montrer au monde que nous aussi, en Suisse, nous avons notre mot à dire sur la scène cinématographique.

Comment la période de la pandémie COVID-19 a-t-elle changé votre façon de regarder les films?

Quand je monte sur la balance, je me rends compte que quelque chose a changé, parce que j'ai passé beaucoup plus de temps devant la télé ou concentré sur une tablette au lieu de faire autre chose (rires). Alors oui, les kilos ont augmenté. Pour moi, c'est le principal changement depuis la crise du coronavirus. Je ne sais pas si cela a du sens et si vous comprenez la connexion. Mais je pense que oui (rires).

Si vous pouviez choisir une personne célèbre avec qui discuter sur la Piazza Grande, laquelle-serait-elle?

Beaucoup de gens disent que j'ai plusieurs similitudes avec Russel Crowe (rires), surtout avec une barbe. Dans le style de «Gladiator». Imaginez, dans sept ans, je suis sur la Piazza Grande assis à côté de Russel Crowe et le générique d'ouverture de «Gladiator 2» commence. Où, par exemple, dans le film, je joue le rôle de son fils. Ce ne serait pas mal! (rires).

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